Voir le film L’Oubli que nous serons de Fernando Trueba et comprendre l’actualité colombienne… En salle partout

Fernando Trueba, né à Madrid en 1955, fut d’abord critique de cinéma et scénariste. Sa carrière cinématographique débute avec Opera prima en 1980, puis Belle époque (1992), jusqu’au film d’animation Chico et Rita (2011) et La reine d’Espagne en 2016. Cette fois, il est allé tourner en Colombie, L’Oubli que nous serons, inspiré du livre d’Héctor Abad, fils du docteur Abad, assassiné à Medellín en 1987.

Photos : Allociné

Il a voulu l’adapter car « ce livre autobiographique est d’abord l’éloge, tout en délicatesse et respect, du fils à son père, médecin humaniste, militant des droits de l’Homme. C’est également la chronique d’une famille soudée autour de ce père de famille adoré de ses six enfants. Enfin, c’est une immersion dans la ville de Medellín, gangrénée par la violence des politiques et des narcotrafiquants dans les années 1970-1980… Il est indispensable, pas seulement pour les Colombiens ou les Sud-Américains, mais pour tous les habitants de cette planète malade d’inhumanité. En le transposant au cinéma, j’ai eu la possibilité d’amener ce chef d’œuvre vers un public encore plus large. Parce que c’est une formidable histoire d’amour entre un père et un fils. C’est aussi le portrait d’un homme bon, à une époque où l’engagement pouvait faire courir un risque mortel. Le docteur Abad n’a jamais renoncé à la lutte contre la misère. C’était aussi un père de famille attentionné. » Le film a obtenu le Goya espagnol du meilleur film étranger de langue espagnole.

Toute l’équipe du film est colombienne sauf le rôle titre qui est interprété par un très grand comédien espagnol, Javier Camara, qui a découvert la Colombie en jouant dans la série Narcos. Il est surtout connu pour ses rôles chez Almodóvar, en particulier celui de l’infirmier dans Parle avec elle. Trueba est un remarquable metteur en scène. Il sait admirablement diriger les enfants et communiquer la chaleur d’une famille. « Dans cette histoire, ajoute-t-il, il y a une chose qui m’obsède : le choc entre la civilisation et la barbarie. Ce moment où le savoir, la culture et la raison se heurtent à la violence et l’ignorance. C’est le cœur de l’oubli que nous serons. » Il sait aussi utiliser la musique. Grand connaisseur du jazz latino, la musique fait selon lui l’harmonie du film, avant même d’avoir été composée. Sortie prévue le 9 juin prochain.

Alain LIATARD

L’Oubli que nous serons du réalisateur espagnol Fernando Trueba avec la collaboration de David Trueba et l’écrivain Héctor Abad Faciolinde. Avec Javier Cámara, Nicolas Reyes, Juan Pablo Urrego. Titre original « El Olvido que seremos ». Durée 2 h 16 min.