En raison de la fermeture des cinémas et des lieux d’accueil des festivals, la 22e édition du festival annuel de film latino-américain « Filmar » de Genève a été repensée et non annulée, ce qui permet une minimisation de la déception que vivent ses adeptes.
Photo : Filmar, Giancarlo Fortunato
Même si la sélection de films prévue au départ sera réduite, cela permettra de continuer à soutenir le cinéma latino-américain indépendant. Néanmoins, les discussions prévues autour des œuvres avec les cinéastes et invité(e)s ne pourront pas avoir lieu, faute de ressources humaines et techniques, mises à part deux tables rondes qui se dérouleront en Facebook live. Cette 22ème édition repensée de « Filmar » proposera toujours des films récents, documentaires, fictions et courts-métrages d’animation, choisis dans les cinématographies de quatorze pays latino-américains. Vingt-quatre longs métrages et quatre séries de courts métrages seront présentées, venant des pays suivants : Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, Cuba, El Salvador, Équateur, Guatemala, Mexique, Uruguay et Venezuela.
Le film d’ouverture La odisea de los giles de Sebastián Borensztein (Argentine, 2019) sera visible en ligne ainsi que le film de clôture El robo del siglo de Ariel Winograd (Argentine, 2020). Filmar rendra hommage à l’écrivain chilien Luis Sepúlveda (décédé en avril dernier du coronavirus), avec la projection en ligne du documentaire de Sylvie Deleule, Luis Sepúlveda, l’écrivain du bout du monde. De plus, plusieurs œuvres cinématographiques engagées seront présentées, comme à l’accoutumée : l’émouvant Nuestras madres de César Díaz ainsi que le documentaire Amazonian Cosmos du réalisateur suisse Daniel Schweizer, rappellent le devoir de mémoire et le respect des peuples autochtones. Deux sections compétitives seront tout de même tenues malgré la version en ligne du festival. La sélection de films sera visible en ligne sur Filmingo, une plateforme gérée par la fondation suisse trigon-film. Au festival Filmar, cette année encore, vous aurez donc la chance de voir des « films que vous ne verrez nulle part ailleurs » selon les mots de la directrice du festival Vania Aillon.
« Filmar en América Latina » est ainsi le plus important festival consacré au cinéma et aux cultures latino-américaines en Suisse. Depuis 1999 Filmar accompagne un véritable boom cinématographique tout en maintenant ses engagements : soutenir le cinéma indépendant et les cinéastes latino-américains. Dans le contexte actuel, il fait d’autant plus sens en promouvant un cinéma social qui a fait un travail profond de mémoire historique sur les périodes sombres de dictatures et les conflits internes de nombreux pays. Filmar a également été le témoin du renouveau extraordinaire des langages cinématographiques. D’une part, les approches narratives, avec un cinéma tantôt réaliste et d’observation, tantôt minimaliste, sans trop donner la priorité au suspense et au rebondissement, ou encore au récit. D’autre part, les transformations technologiques : révolutionnaire passage au numérique. L’émergence des coproductions entre l’Amérique latine et des pays d’Europe avait donné lieu à une première table ronde en 2018 où professionnel.le.s des cinémas latino-américains et suisses ont échangé et partagé leurs expériences avec le public. De quoi enrichir ce festival déjà multiforme.
Filmar porte en outre un intérêt particulier aux jeunes et aux familles. Une programmation ciblée est proposée aux jeunes spectateurs et spectatrices afin qu’ils et elles découvrent le cinéma en famille avec Filmarcito, ou lors des sorties scolaires avec Filmar École. En l’occurrence cette année, certaines projections seront proposées aux enfants des centres d’hébergement collectif (CHC) du canton de Genève. Des tables rondes ouvertes aux classes auront lieu. En bref, une occasion rêvée d’améliorer l’accès à la culture latino-américaine en ligne.
Julie DUCOS