« Moi, Tina Modotti, heureuse parce que libre » : le parcours d’une artiste engagée par Gérard de Cortanze

Toujours inspiré par des femmes exceptionnelles au destin hors du commun, l’écrivain français Gérard de Cortanze s’est penché sur la vie d’une vedette du cinéma muet devenue photographe et militante politique sur la scène internationale dans son nouveau roman Moi, Tina Modotti, heureuse parce que libre. Une vie intense, une vie d’errance aux côtés d’artistes et d’intellectuels.

Photo : Canada

Née dans le nord de l’Italie en 1896, Tina Modotti a émigré seule à San Francisco à l’âge de 17 ans. Beauté légendaire, elle est devenue une vedette du cinéma muet, puis photographe et amante du photographe Edward Weston. Voyageant au Mexique, elle côtoie des intellectuels et des artistes, dont Diego Rivera et Frieda Kahlo, qui deviendra son amie intime. Le destin lui réservait une coche mal taillée : l’assassinat de son amant, le Cubain révolutionnaire Antonio Mella, devant ses yeux. Sa vie a basculé d’un coup, faisant d’elle une militante engagée du parti communiste.

Gérard de Cortanze, auteur de 90 livres, a été complètement fasciné par le destin tragique de cette femme d’exception. Il a fait une immersion dans son univers, allant jusqu’à voyager en Italie, en Espagne, en Russie et au Mexique pour mieux la comprendre. « J’aime beaucoup voyager en parallèle avec ce que j’écris, commente-t-il. J’ai remis mes pas dans certains territoires du Mexique. Je me suis baladé dans Mexico, là où s’est promenée Tina Modotti. À Moscou, c’est pareil. Tout ça fait partie du roman. » Il voulait raconter comment Tina Modotti, une jeune actrice dans les théâtres italiens de San Francisco, a tout à coup été happée par le cinéma muet. « C’est une période très intéressante. Le cinéma est en train de naître aux États-Unis. Il n’y a pas vraiment de metteur en scène connu – ce sont des techniciens qui font des films. Ils vont chercher leurs acteurs dans les troupes de théâtre de Little Italy. »

Engagement politique

Tina Modotti, très intéressée par la politique, a eu une tout autre destinée. «Elle, qui aurait pu devenir une star de cinéma vivant dans les milieux frivoles, sent bien que sa destinée est ailleurs, dans la création artistique et dans la photo, et puis dans l’engagement politique. C’est ce qui fait qu’elle se sépare de l’immense photographe Edward Weston». « Très vite, elle s’aperçoit qu’il lui manque quelque chose – et c’est vraiment le thème du livre –, c’est de lier la politique et la photographie. Son art photographique, c’est de ne jamais dissocier l’esthétisme et la politique. Elle arrive à réunir les deux, mais elle a refusé de faire de la photo de propagande. »

Gérard de Cortanze a découvert Tina Modotti en travaillant sur Frieda Kahlo, sujet d’un roman précédent, Les amants de Coyoacán. « C’est Tina Modotti qui va initier Frieda Kahlo à la politique. Et ce qui m’intéresse dans ce sujet, c’est que ça réunit mes deux matières principales, l’Italie, parce que je suis fils d’immigrés italiens, et le Mexique, parce que très tôt, j’ai eu comme amis les poètes Carlos Fuentes, Julio Cortázar. Ils m’ont initié à l’art hispanique et au monde culturel latino-américain. » 

D’après Le Journal de Québec
Marie France BOMAIS

Moi, Tina Modotti, heureuse parce que libre de Gérard de Cortanze, éd. Albin Michel, 384 p., 21,90 € (papier), 14,99 € (numérique). Gérard de Cortanze a reçu le prix Historia 2019 du roman historique pour Femme qui court (éd. Albin Michel), racontant la vie de Violette Morris. Une minisérie télévisée de six épisodes sur la vie de Tina Modotti est en développement, avec Monica Bellucci dans le rôle principal.  Il y a quatre pièces de théâtre en préparation.