« Journal du confinement » par la Madrilène Irene Alvarez, fondatrice de Lata de sal, spécialisée dans la littérature jeunesse

Livres Hebdo, pendant cette période de confinement a lancé une série de portraits  sous le titre « Journal de confinement ». Voici celui de la Madrilène Irene Alvarez, fondatrice de Lata de sal, maison d’édition espagnole spécialisée dans la jeunesse.

Photo : Pagina 12

J’habite à Madrid, principal foyer du Covid-19 en Espagne. Cela fait onze jours que je suis confinée dans mon appartement. En tant qu’éditrice, je suis découragée car cette crise est tombée à une bien mauvaise période. En Espagne, les ventes de livres s’accélèrent avec l’arrivée des beaux jours. De nombreux événements culturels, comme la Sant Jordi à Barcelone ou la Foire du livre de Madrid, animent nos week-ends et ceux de nos auteurs. Nous avons d’emblée annulé nos déplacements, nos campagnes de promotion… Nous avons aussi reporté les quatre nouveautés qui étaient au programme d’avril. Avec mes deux associés, nous ignorons quand nous pourrons les publier. Juste après la crise ? Plutôt à l’automne ? Surtout, à quoi ressemblera notre société après ce confinement ? Les gens auront-ils envie d’acheter des livres ? Auront-ils les moyens ? En attendant l’issue de cette crise, j’ai renforcé notre présence sur les réseaux sociaux. Sur ma chaîne Youtube, je lis des contes plusieurs fois par semaine, à 18h. C’est ma sœur qui m’a conseillée de choisir ce créneau, après les devoirs de l’école. Et je continue de faire vivre notre compte Instagram en faisant des directs, c’est nouveau pour moi mais je m’en sors !

« Je n’ai plus le nez dans le guidon »

Ce confinement me permet de me poser enfin les bonnes questions car je n’ai plus le nez dans le guidon. J’analyse les erreurs du passé et je réfléchis à la stratégie à adopter dans le futur. Je discute aussi avec mes confrères éditeurs sur WhatsApp. Nous avons un groupe qui réunit 24 éditeurs jeunesse de maisons d’édition indépendantes. Cela parle beaucoup… Je n’arrive pas à suivre le fil de la discussion mais ça me donne le sourire à chaque fois que je découvre une blague, une idée, une nouvelle initiative. On se serre les coudes ensemble. Les libraires se montrent solidaires aussi. Nous avons encore la possibilité d’expédier des commandes online malgré la fermeture des commerces. Les libraires indépendants ont décidé récemment de réduire leur flux pour protéger les transporteurs du virus. Cette période est très dure, nous ne savons pas encore comment allons-nous nous en sortir. Mais d’une certaine manière, je crois qu’elle va nous renforcer.

D’après Livres Hebdo