Genève propose du 6 au 15 mars le 18e Festival du film et un forum international sur les droits de l’Homme

Nous entrons dans une décennie symbolique pour le 21e siècle : un jour, on dira que nous avons vécu les années vingt. Une époque dont il faut dessiner à la fois les contours et le destin. 

Photo : FIDH

À la chute du Rideau de Fer, Francis Fukuyama prédisait la fin de l’Histoire, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il avait tort : en 2020, l’Histoire est plus en forme que jamais. Ces derniers mois, des millions de personnes à travers la planète sont descendues dans la rue. Ce qui rassemble les contestations semble être un mélange d’incertitudes économiques, de manque de représentativité politique, de corruption systématique et d’impunité, mais aussi la rupture d’un lien : celui de l’humain avec la planète, renversée par une crise climatique sans précédent, avec un impact irréversible. 

Aujourd’hui, agir a des conséquences. Ne pas agir aussi. Il y a urgence, partout. Tout se déroule à une incroyable vitesse. On assiste à une liquéfaction du temps : le temps de la réflexion, le temps du débat, le temps de l’action se superposent. En parallèle, la vérité est devenue un objet malléable. Qu’est-ce qui est ma vérité, où est la vôtre ? Quels sont nos repères communs ? 

Sachant qu’il ne sera jamais possible de nous mettre toutes et tous en route – d’un seul homme, comme on disait autrefois – vers un idéal commun, il faudra inlassablement continuer à convaincre le plus grand nombre que le seul chemin tenable est celui de la justice sociale et climatique. 

Dans ce monde bousculé, on manque cruellement de refuges, de lieux où l’on pourrait s’arrêter et respirer. Alors, nous avons rêvé. Nous avons rêvé un espace sans frontière, sans hiérarchie et sans domination, qui respecte la complexité du monde. 

Ce que le Festival propose, ce ne sont pas des doctrines, ni des réponses toutes faites, mais des récits, des témoignages et des idées qui nourrissent vos imaginaires pour devenir vôtres. Face aux fractures, nous avons eu envie d’aller à rebours et d’évoquer ce qui bouillonne et ce qui unit, de retenir les projets, mais aussi l’euphorie, le courage, la fièvre, les luttes et les victoires. 

Nous avons rêvé un lieu d’expérimentation qui pourrait essaimer partout, librement. Un lieu qui éclaire sans aveugler, et met à l’honneur cette myriade d’étincelles qui s’allument partout pour proposer un monde plus juste. À vous le flambeau. Nous vous souhaitons dix jours inoubliables.

Isabelle GATTIKER
Directrice générale

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