Evo Morales surveille de près les prochaines élections depuis Buenos Aires…

Étant passé par le Mexique et Cuba après son départ forcé le 11 novembre dernier, Evo Morales est arrivé ce jeudi 12 décembre à Buenos Aires, où il a obtenu le statut de réfugié politique, profitant du retour de la gauche au pouvoir en Argentine. La Bolivie a actuellement à sa tête Jeanine Añez comme présidente par intérim, en attendant les prochaines élections de 2020, auxquelles Evo Morales ne participera pas.

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Après le coup d’état, le gouvernement transitoire de Jeanine Añez – deuxième vice-présidente du Sénat, qui a assume le mandat du gouvernement après la démission du vice-président Álvaro García Linera, de la présidente du Sénat, Adriana Salvatierra, et du président de la Chambre des députés, Víctor Borda – sous la loupe de l’Organisation des États Américains (OEA), organise de nouvelles élections présidentielles, lesquelles se dérouleront en 2020. Selon le ministre de la présidence, Yerko Nuñez, Jeanine Añez ne se présentera pas comme candidate pour ces élections, et son gouvernement par intérim ne soutiendra aucun candidat.

Pour le moment, on compte comme possibles candidats pour 2020 Carlos Mesa, ex-président et aussi candidat aux dernières élections du 20 octobre pour le Frente revolucionario de izquierda, et Luis Fernando Camacho, pour le Movimiento nacionalista revolucionario. Ce dernier est connu pour sa position fondamentaliste chrétienne, et pour l’image où on le voit agenouillé devant une bible sur le drapeau bolivien après le coup d’état. Par contre, le Movimiento al Socialismo (MAS), parti d’Evo Morales, n’a pas encore présenté de candidat.

Depuis son exil dans la capitale argentine, Morales essaye de reprendre l’avantage dans le panorama politique de son pays, très défavorable depuis les manifestations qui ont éclaté après sa très controversée victoire électorale, pour laquelle il a été accusé de manipulation de résultats. Evo affirme qu’il n’a aucun problème à ne pas se présenter comme candidat tant que c’est en faveur du respect du processus démocratique et de la volonté du peuple bolivien. Par contre le MAS de Morales n’a pas encore décidé qui sera leur représentant lors des prochaines élections. Parmi les possibles candidats on trouve Andrónico Rodríguez Ledezma, un jeune de trente ans, dirigeant cocalero (producteur de feuilles de coca) et politologue, ainsi qu’Adriana Salvatierra, ex-présidente du Sénat.

Néanmoins, l’activité de Morales est vivement critiquée, pas uniquement par l’opposition bolivienne, mais aussi par des personnes de son pays d’accueil. Selon le chef de cabinet du gouvernement argentin, Santiago Cafiero, on ne peut pas empêcher Morales de dire quoi que ce soit, vu qu’il a les mêmes droits que n’importe quel autre citoyen. C’est en contradiction avec les déclarations du chancelier argentin qui, lors de l’arrivée de l’ex-président, avait affirmé son engagement pour qu’il s’abstienne de faire des déclarations politiques. Le sénateur bolivien du Movimiento Demócrata Social (parti de centre-droite), Óscar Ortiz, affirme que Morales essaye de manipuler les listes de candidats pour obtenir un support inconditionnel, au lieu de respecter la démocratie, et « qu’il ne respecte pas les règles de l’asile politique, lesquelles l’empêchent d’avoir une activité politique depuis un autre pays ». Cependant, Evo Morales ne perd pas espoir et assure rester fort, ayant vaincu les forces putschistes, pour que son idéal de La Patria Grande subsiste.

Nicolás BONILLA CLAVIJO