L’Argentin Oscar Gianfredo, mosaïque artistique et photographies, expose au siège de Nouveaux Latinos à Lyon

L’Argentin Oscar Gianfredo présente au siège de notre publication à Lyon, une exposition de photographies de ses voyages en Amérique latine, et une série de mosaïques uniques en son genre réalisées avec de la terre cuite émaillée et des azulejos de récupération des années 60 et 70. Quatre de ces mosaïques sont tirées d’une série consacrée au thème du Vélo, faisant partie de son projet de diffusion de la mobilité non motorisée en faveur de l’écologie. A Lyon à partir de ce mercredi 18 décembre et jusqu’au fin janvier prochain.

Photo: Eduardo Ugolini

Nommé Artiste émergeant en 2016 dans la catégorie mosaïque, O. Gianfredo a été très vite remarqué par sa démarche artistique singulière, notamment au cours de sa première année de formation lors de la 1re Biennale des Arts du Feu (Mar del Plata, 2013) avec l’œuvre Atardecer («Tombée du jour») qui a été doublement primée (1er prix du jury académique, et 1er prix du public). Le mosaïste argentin, qui expose régulièrement en Argentine et en France, poursuit ses études de Technique Supérieure en Mosaïque Artistique et Technique Supérieure en Céramique à l’École de Céramique Rogelio Yrurtia « Les Arts du Feu » de la ville de Mar del Plata (province de Buenos Aires, Argentine). En 2015, il réalise la mosaïque intitulée Alejandro, inspirée d’un portrait du célèbre homme de radio et écrivain Alejandro Dolina, œuvre que ce dernier reçut en mains propres par l’artiste. Ses derniers travaux, auxquels s’ajoutent la série intitulée Le livre de papier est toujours vivant – en faveur du livre imprimé – s’orientent vers un style iconoclaste, lié à la photographie et basé sur l’absence de joint entre les fragments de céramique, comme lui-même l’explique :

« Au début de ce projet, décliner photographies en mosaïque s’est révélé très intéressant dans une optique des contrastes. De cette recherche sur les contrastes, où s’opposent et se complètent ombres et lumières, la matière et le vide, les couleurs chaudes et les couleurs froides, est née l’idée d’Absence. L’épaisseur propre de la matière, dans ce cas la céramique et les azulejos, confère à la mosaïque une profondeur qui permet de mettre en évidence l’absence.

C’est un processus qui demande beaucoup de temps, et un accord harmonieux entre réflexion et spontanéité, en commençant par le choix de l’image et la façon dont elle peut-être adaptée à la technique de la mosaïque. Justement, la spécificité de mon travail repose sur la technique dite du « Trencadis », une technique à laquelle j’ai ajouté le mot Sauvage (Trencadis Salvaje). Ce terme s’explique par l’impression de rusticité qui caractérise les fragments de céramiques cassés, sans polissage. Par rapport au matériau, j’ai utilisé des anciens azulejos de récupération (dont certains des années 60 et 70), de couleurs pastel, ainsi que des céramiques blanches à l’origine et émaillées ensuite.Ce choix a été déterminé par les différentes nuances des couleurs, mais aussi par leur luminosité: ceux qui ne s’associent pas par la couleur s’associent par la luminosité. À cette technique s’ajoute un élément qui dépasse les codes de la mosaïque classique, mais qui joue un rôle déterminant pour être cohérent avec l’idée de représenter l’absence : c’est l’absence de matière (ou joint) entre les fragments de céramique.

De cette façon, la mosaïque sans joint évoque l’idée paradoxale de l’absence pour celui ou celle qui la ressent avec tout son poids : c’est la présence des choses et des personnes absentes. Ainsi, la sensation que l’absence provoque quand elle se perpétue et s’étend, conquiert des nouveaux espaces en s’insérant entre les plis de la réalité immédiate, se ramifie à partir de figures absentes entre les veines de la matière en créant une trame qui, dans ce cas, est représentée par les espaces vides entre les fragments de céramiques qui composent les mosaïques exposées ici. »

Parmi ses objectif immédiats, Oscar Gianfredo a le projet d’enrichir sa technique en suivant une formation au Musée Gallo-Romain de Vienne (France), au cœur même de la mosaïque ancienne. Un autre projet s’inscrit dans le cadre de ce qu’on appelle street art : proposer à la ville de Lyon l’installation permanente sur la façade d’un immeuble d’une mosaïque grand format, sur le thème du vélo, en faveur de la mobilité non polluante.

Eduardo UGOLINI