Après un an de dictature au Nicaragua, une résistance opprimée mais vaillante

Voilà un an déjà que le Nicaragua est plongé dans l’obscurité. Le 18 avril 2018, le pays est entré dans une crise politique et sociale sans précédent dans son histoire récente. Lors de contestations contre une réforme de la Sécurité sociale, le gouvernement de Daniel Ortega, au pouvoir depuis 2006, réprima par le sang et la violence les manifestants. Le pays le plus pauvre de l’Amérique latine est depuis anéanti.

Photo : Freddy Rios

Durant cette période, les violences politiques ont fait plus de 325 morts. Le gouvernement autoritaire ne s’est pas pour autant arrêté là puisqu’il a emprisonné plus de 600 adversaires opposés. Depuis un an, plus de 60 000 Nicaraguayens ont émigré. La répression intense, l’économie paralysée et la peur diffuse participèrent à faire sombrer le pays dans cette crise. Pour «commémorer» cette année «d’insurrection civique et pacifique», l’opposition avait lancé un appel à manifester. Or les demandes d’autorisation de manifestation ont toutes été rejetées par les autorités.

Dans les années 1980, la révolution guévariste du Nicaragua avait été une réussite. À ce moment-là, le Nicaragua des Sandinistes proposait un projet politique fondé sur plus de justice sociale. Les plus pauvres, dont ceux du monde ouvrier, étaient alors davantage écoutés. L’éducation et la santé se développaient pour être accessibles au plus grand nombre. Durant cette période, Ortega était l’un des commandants de cette révolution. Or aujourd’hui, son gouvernement sandiniste est à l’opposé de cette ancienne dynamique de développement.

Avant la crise de 2018, le pays avait une croissance annuelle du PIB de 4 à 5%. La Banque mondiale avait annoncé que la pauvreté avait reculé d’environ 25% en 2016. Mais avec la récession des populations, le PIB a chuté de 3,8% en 2018, 294 000 emplois ont alors été détruits. L’économie du pays n’a pas l’air de s’améliorer cette année, puisque le Fonds monétaire international prédit une nouvelle chute de 5% du PIB. Malgré cette crise économique, les sanctions internationales et une opposition qui ne désarme pas, Daniel Ortega s’accroche encore au pouvoir.

Cependant, ces derniers jours, le gouvernement répressif du Nicaragua est revenu sur ses emprisonnements excessifs. Mardi 16 avril, l’État a annoncé la libération conditionnelle de 636 prisonniers à l’occasion de la Semaine sainte. Parmi eux, 13 opposants avaient été emprisonnés pour avoir pris part à des manifestations antigouvernementales. Le ministère de l’Intérieur a annoncé que tous les prisonniers libérés «vont bénéficier d’un régime d’assignation à résidence». En décembre et en février, le gouvernement avait déjà procédé à ce type de remises en liberté pour 2908 personnes.   

Eulalie PERNELET

Soirée de sensibilisation le vendredi 26 avril à Lyon

Vendredi 26 avril, un groupe de Nicaraguayens à Lyon vous propose une soirée culturelle. Elle débutera avec le vernissage de l’exposition Regards de résistance sur la résistance citoyenne pacifique actuelle. Cette exposition multidisciplinaire d’art contestataire aura lieu à 19h. À 20h30, la soirée se poursuivra avec la projection du documentaire Nicaragua, une révolution confisquée, un documentaire d’analyse de Gilles Bataillon et Clara Ott qui porte sur la révolution sandiniste.

En 1979, au Nicaragua, à cause de cette révolution, la famille Somoza doit quitter le pays. Cet exil suscita un grand espoir dans le peuple nicaraguayen opprimé par 50 ans de dictature. Neuf mois plus tard, la vague révolutionnaire déboucha sur une guerre civile mettant les Sandinistes au pouvoir. Le documentaire apporte des thématiques politiques et sociales sur les idéaux revendiqués par Daniel Ortega, mais aussi par ses opposants.

L’exposition Regards de résistance met en lumière les nouvelles formes de participation citoyenne de la société nicaraguayenne. En réponse à cette crise sociopolitique, cette société remet en question, par de nouveaux moyens, les mécanismes de pouvoir traditionnels. Un nouveau regard artistique émerge alors. Plein de contradictions, il prend pour la première fois les sujets féministes au sérieux. Les œuvres présentées sont celles de plus de 100 artistes qui expriment leur souffrance pour les morts et les disparus de la répression. L’exposition suggère un avenir pour le Nicaragua de demain.

Pour participer à cette soirée, organisée par le collectif de solidarité avec le peuple du Nicaragua, rendez-vous à Espaces Latinos, 4 rue Diderot à Lyon. Pour réserver un nacatamal à 8 euros (plat traditionnel nicaraguayen), veuillez remplir ce formulaire.