JMJ au Panama : la visite du pape marquée par les scandales sexuels et la crise vénézuélienne

Du mercredi 23 au dimanche 27 janvier, le pape François s’est rendu au Panama pour la 34e édition des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ). Sa venue a été marquée à la fois par le contexte régional de crise politique et par celui de crise au sein de l’Église catholique moderne. Il a ainsi pu aborder plusieurs thèmes clés tels que les enjeux migratoires, l’engagement de la jeunesse et son désintéressement pour l’Église catholique, une priorité de son pontificat.

Photo : RTVE

La tradition catholique est profondément ancrée en Amérique latine, résultat des colonisations précoces par les Européens. Cependant, l’Église du pape François se voit de plus en plus délaissée par les jeunes au profit de l’Église évangéliste qui progresse rapidement. Les scandales sexuels participent d’autant plus à ce désintéressement croissant qui se traduit par une baisse des ordinations et des fidèles.

Ces JMJ s’inscrivent dans le prolongement du synode d’octobre dernier consacré aux jeunes. Comment les attirer vers l’Église catholique malgré les nombreux scandales et de nouveaux modes de vie ? Le pape François reconnait que l’Église «n’a pas su écouter» ses fidèles. Pour autant, il refuse d’évoquer la fin du célibat et la prêtrise féminine. Plusieurs victimes d’abus ont demandé à s’entretenir avec le pape. Cette visite prépare également la réunion des prélats qui aura lieu en février au Vatican sur «la protection des mineurs».

Les JMJ sont également une occasion pour le souverain pontife d’affirmer sa volonté de se rapprocher des jeunes. Il a d’abord tenu à rendre visite à ceux qui sont considérés en marge de la société. Ainsi la cérémonie pénitentielle du vendredi a eu lieu dans une prison afin d’y confesser les jeunes détenus et l’Angélus de la messe de clôture s’est déroulée auprès de jeunes malades du sida.

Le pape François reflète donc l’image d’une Église ouverte qui n’oublie pas ses fidèles, même en marge. De plus, il encourage la jeunesse catholique à «réaliser le rêve que le seigneur a rêvé pour eux» dès maintenant et à s’engager, même en politique, lors de l’homélie de la messe de clôture.

LAmérique latine, un continent en crise marqué par l’émigration ?

Au-delà de l’évocation des thématiques propres à l’Église, le pape a également tenu à se positionner sur des sujets de politique internationale et a premièrement abordé la question migratoire dans l’avion en direction du Panama. Il qualifie de «folie» le projet de construction du mur à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, grande promesse de campagne de Donald Trump. Il a ensuite évoqué ces questions devant les jeunes du monde entier et plus particulièrement devant les Latino-Américains pour qui la question migratoire a une résonance tout particulière.

Le pape se veut porteur d’une Église qui ne «ne stigmatise pas» mais qui «favorise une culture qui sait accueillir, protéger, promouvoir et intégrer» face à une jeunesse poussée à l’exil. Le souverain pontife a donc évoqué les raisons de cette émigration, parmi lesquelles la violence endémique, la corruption, les activités criminelles, le féminicide et les crises politiques majeures qui secouent le continent. La crise politique sans précédent au Venezuela opposant Nicolás Maduro et Juan Guaidó, président autoproclamé, est restée vive dans les esprits lors de ces JMJ. Ainsi on a pu lire de nombreuses banderoles appelant à la prière pour le peuple vénézuélien.

Lisa GAUTHIER