Pour ses 40 ans, le Festival des 3 Continents propose un paysage du cinéma latino-américain 

Rendez-vous emblématique des cinéphiles, le Festival des 3 Continents de Nantes a commencé cette semaine et se déroulera jusqu’au mardi 27 novembre. Pour cette nouvelle saison, le Festival a décidé de célébrer quarante années de programmation ambitieuse de films souvent inédits en France. Cette année encore, le cinéma latino-américain est bien représenté. 

Photo : Festival 3 Continents

Faire connaître les continents invisibles à l’écran  

Au-delà d’une longévité remarquable dans un pays où le nombre de festivals tend à se réduire d’années en années, ce qui marque la spécificité des 3 Continents, c’est avant toute chose son rôle pionnier de défricheur. Dans un entretien récemment accordé à Télérama1, l’actuel délégué artistique et programmateur du Festival Jérôme Baron, rappelle que « jusquaux années 1980, lhistoire du cinéma nexiste pas beaucoup en dehors des patrimoines européens et nord-américains ». Bien des cinémas nationaux sont méconnus du Vieux Continent, exception faite pour une poignée d’érudits. Les grands rendez-vous internationaux comme le Festival de Cannes ne suffisent pas et c’est réellement à Nantes que se dévoile la création contemporaine de dizaines de pays. Ainsi, rapidement, le festival Les 3 Continents apporte de la mer des films inédits en France et des noms d’auteurs jusque-là inconnus. 

Il en va de même pour le continent Latino-Américain qui peut compter dès le début des années 1980 sur les Panoramas, temps forts consacrés à des cinémas nationaux, pour faire connaitre ses talents : Panorama du cinéma brésilien en 1982, Panorama du cinéma mexicain en 1984, Panorama du cinéma argentin l’année suivante… L’Argentine étant de nouveau mise au-devant de la scène en 2017 à travers une rétrospective historique. Ce n’est que dix ans plus tard que, à la faveur de nouvelles initiatives, l’Amérique Latine devient l’enjeu partagé de plusieurs rendez-vous (le Festival de Biarritz Amérique Latine est créé en 1992, Documental en 2004). Aujourd’hui, la multiplication des festivals a profondément changé notre rapport de spectateur au cinéma du monde et « les premières mondiales ne constituent plus un enjeu » pour les 3 Continents, tant les films circulent en nombre, d’un pays à l’autre. Il n’en reste pas moins que c’est souvent l’unique fenêtre de diffusion proposée à une œuvre en France. Toujours lucide sur ce rôle à jouer, la programmation nantaise valorise encore aujourd’hui la découverte de la jeune création, à renforts d’inédits qui résonnent avec l’actualité.  

Paysage du cinéma latino-américain 

La nouvelle édition des 3 Continents met en lumière une histoire du cinéma taïwanais, mais l’Amérique Latine n’est pas en reste. Cette année, trois films latinos concourent à la Montgolfière d’or, grand prix de la Compétition Internationale : Faust de la mexicaine Andrea Bussmann (prix spécial du Jury 2018 à Locarno), José, film guatémaltèque du réalisateur Cheng Li (Queer Lion au Venice Film Festival 2018) et le film Temporada du brésilien André Novais Oliveira qui sera présent pour accompagner son film. 

Avec six œuvres projetées pendant l’édition, le Brésil est avec la Chine le pays qui compte le plus de films représentés. 

Sorti en 2017Arabia de Joào Dumans et Affonso Ûchoa est un drame qui suit la découverte par André, jeune homme habitant Ouro Preto, du carnet d’un ouvrier dans l’ancienne usine d’aluminium près de chez lui. Le film s’inscrit dans la programmation des 40 ans du Festival qui propose « un état des lieux du cinéma contemporain, avec un programme de 40 films balisant le paysage cinématographique des 3 continents depuis le tournant des années 2000 ».

Toujours dans cette programmation et derrière le titre Occuper, résister, construire, on retrouve des courts-métrages documentaires brésiliens inédits en France voire à l’international: Its never nightime in the map de Ernesto De CarvalhoTell this to those who say weve been defeated et Ava Yvy Vera – The land of the Lightnings people. Un triptyque résolument contemporain au service d’un discours universel sur la question de l’utilisation de nos données personnelles, ou d’actions politiques d’occupation d’espaces dans un pays où des milliers d’habitants rencontrent un véritable problème de logement, et où les populations indigènes sont victimes de spoliation. 

Au total, ce sont six pays d’Amérique Latine qui sont représentés cette année avec une vingtaine de films. Notons la présence du réalisateur chilien Francisco Rodríguez Teare qui accompagne son court-métrage Una Luna de hierro projeté pour la première fois en France ainsi que la projection en avant-première et en plusieurs parties du film à épisodes La Flor de l’argentin Mariano Llinás, d’une durée totale de 14h.  

 Kevin SAINT-JEAN

Pour retrouver la programmation complète du Festival des 3 Continents en cliquant ici.