Le réalisateur mexicain Alfonso Cuarón conquiert le monde et reçoit un Lion d’or à Venise

Le réalisateur mexicain est au centre de l’actualité cinématographique grâce à son nouveau long-métrage Roma, qui a remporté le Lion d’or à Venise. Cette récompense a suscité le débat dans le monde du cinéma car c’est la première fois qu’un film Netflix gagne un prix à l’un des principaux festivals européens. Mais qui est Alfonso Cuarón ? Voici son portrait et l’histoire de son parcours entre deux pays, le Mexique et les États-Unis.

Photo : France Soir

Depuis que son film Roma, produit par Netflix, a reçu un Lion d’or à Venise, le nom d’Alfonso Cuarón Orozco est sur toutes les lèvres. Le réalisateur mexicain de 56 ans a à son actif de nombreux succès cinématographiques et télévisuels et possède déjà plusieurs cordes à son arc, puisqu’il est également producteur et scénariste. Parmi ses films les plus connus, on retiendra La Petite princesse (1995), Y tu mamá también (2001), Harry Potter et le Prisonnier d‘Azkaban (2004), Les Fils de l’homme (2006) et Gravity (2013).

Sa passion pour le cinéma naît alors qu’il est encore enfant, à l’âge de 10 ans, grâce à sa mère qui le pousse à découvrir différents genres cinématographiques et à s’intéresser au monde de la culture. Dès lors, il s’exerce, à l’aide d’une caméra Super 8, et commence à filmer frénétiquement.

Son œuvre, à l’image de sa vie, vacille entre son Mexique natal et les États-Unis où il part travailler en 1991 pour réaliser des épisodes de la série Fallen Angels. C’est avec émotion qu’il parle de son dernier film, à composante autobiographique. Ce qu’il offre avec Roma, c’est une expérience cinématographique totale, pas une simple histoire racontée.

Roma est un film dramatique en noir et blanc qui retrace la vie d’une famille mexicaine de la classe moyenne dans les années 1970. Le réalisateur s’est accroché à ce long-métrage comme à un «gilet de sauvetage»[1] au milieu d’un «océan déchaîné». Il qualifie lui-même son travail de sociologique, car ce que l’on nous raconte dans ce film, au-delà d’un drame familial, c’est le Mexique d’il y a cinquante ans, avec tous ses problèmes, qui sont malheureusement encore d’actualité.

Alfonso Cuarón a grandi rue Tepeji, dans la colonia Roma, un quartier de Mexico. Lorsqu’il déambule dans la capitale, c’est la ville de son enfance qu’il voit : chaque recoin est associé à un passé lointain, chaque lieu fait l’objet de comparaisons. Il critique également les abus de la vie politique dont il a été témoin petit, et se réjouit que Mexico soit désormais une «référence culturelle dans le monde», une ville dans laquelle évoluent des «générations vibrantes, explosives». C’est cette capitale-là qui lui donne envie de se battre et d’apporter sa pierre à l’édifice. Alfonso Cuarón Orozco œuvre en effet pour une reconstruction complète de la ville à la suite de tremblements de terre. Il ne s’agit pas simplement d’un projet urbanistique et architectural mais plutôt d’un projet social. Ce qu’il veut, c’est un «mouvement civil» pour la capitale, il attend de la société civile qu’elle s’élève pour construire le Mexique du XXIe siècle.

Nina MORELLI

[1] Toutes les citations, traduites par l’auteure, sont extraites d’un entretien avec Alfonso Cuarón accordé à El País.