Ivan Duque, candidat du «Centro democrático» en tête des sondages pour les présidentielles

Le 27 mai prochain auront lieu les élections présidentielles en Colombie. Il semble que la droite ait pour l’instant un avantage assez large pour remporter ces élections. C’est ce que montre le dernier sondage publié le 3 mai dernier par la société colombienne Centro Nacional de Consultoría (CNC).

Photo : France24 TV

C’est le candidat Ivan Duque, leader du Centro Democrático, qui arrive en tête du sondage avec 38% des voix. En deuxième position, Gustavo Petro, de Colombia Humana (25%), suivi par Sergio Fajardo, de la Coalición Colombia (17%). Très loin derrière les trois premières positions arrive Germán Vargas Lleras de Mejor Vargas Llera (7%) et Humberto de la Calle, du Partido Liberal (4%).

Il faudra normalement procéder à un deuxième tour : c’est ainsi que fonctionne le système électoral colombien où il faut au moins 50% de voix pour être élu président. Certains ne sont pas contents de ces sondages ; c’est le cas du leader de gauche Gustavo Petro. Pour lui, il s’agit d’un essai de manipulation ayant pour but de favoriser celui qui arrive en tête de ce sondage. D’après El Espectador, cette affirmation serait fondée. En effet, selon ce journal, les gens qui n’ont pas encore décidé pour qui voter soutiendraient celui qui arrive en tête des sondages.

Ce sondage a recueilli par ailleurs la tendance des voix pour Viviane Morales, de Somos. Mais la veille de la publication du sondage, la candidate a renoncé à se présenter aux élections présidentielles du 27 mai. Il semblerait que Viviane Morales se soit rapprochée d’Ivan Duque pour lui proposer son soutien. Voici un exemple de l’un des enjeux les plus importants chez les candidats aux élections, étant donné qu’il n’y a que deux candidats qui peuvent passer au second tour. En toute logique, les candidats doivent donc réfléchir en terme d’accords et de soutiens politiques et ce dès le lendemain du premier tour des élections présidentielles.

Comment se passe la campagne électorale en Colombie ? Rien n’est facile en Colombie. L’ambiance est loin d’être tranquille. Même si les différents candidats s’étaient mis d’accord pour maintenir le calme, différents incidents se sont produits. Par exemple, ce qui s’est passé dans le débat prévu dans la salle de théâtre Los Fundadores à Manizales. L’acte a du être annulé pour des raisons de sécurité à cause des tumultes à l’extérieur de la salle. Humberto de la Calle a accusé Gustavo Petro de rendre l’ambiance hostile avec ses déclarations sur les candidats de droite.

Un autre enjeu assez important en Colombie, et qui joue un rôle essentiel au moment des élections, est celui de la violence. Outre les FARC, il y a toujours d’autres groupes guérilleros qui continuent à mener leurs opérations. De plus, il existe toujours parmi les FARC des dissidents menant des actions criminelles, comme l’a montré l’assassinat récent de journalistes à  la frontière entre l’Équateur et la Colombie (cf l’article de cette semaine à ce sujet). Les auteurs, des ex-FARC, ont agi dans un territoire où opéraient traditionnellement les FARC.

D’autre part, certaines actions menées par le gouvernement ne favorisent pas une bonne évolution du conflit. Par exemple, comme nous l’avions évoqué dans notre Newsletter du 30 mars dernier, avec l’incarcération d’un des négociateurs des FARC, Jesús Santrech, qui serait compromis dans le trafic de stupéfiants. L’un des enjeux de ces élections sera donc, pour le futur président, de définir une position claire en ce qui concerne les termes du processus de paix avec les FARC.

Nombre de sujets controversés sont placés au coeur du débat entre les candidats à la présidence colombienne. Par exemple, la corruption politique et les politiques d’agriculture. Ces deux sujets semblent très liés au trafic de drogue, dans un pays avec des niveaux élevés de production de cocaïne. Il semble que les paysans ne disposent pas de beaucoup d’alternatives à la culture de cette drogue. Dans El Espectador, Petro déclare son intention de mener à bien une réforme de l’agriculture qui consisterait en l’achat de terrains aux propriétaires et leur distribution aux paysans. Ainsi, l’on pourrait lutter contre le modèle économique lié à la culture de la drogue. Pourtant, nombreux sont ceux qui se méfient de Petro, souvent considéré comme un populiste et dangereux pour le pays.

Mario PÉREZ MORALES