«El rectángulo en la mano» de Sergio Larraín vient de paraître aux éditions Xavier Barral

Sergio Larraín (1931-2012) est une figure emblématique de la photographie. À partir des années soixante, il parcourt le monde pour l’agence Magnum, puis s’éloigne de l’agitation pour vivre isolé dans la campagne chilienne où il dessine, écrit et médite. El rectángulo en la mano, son tout premier livre, est aujourd’hui réédité en fac-similé sous la forme d’un objet singulier.

Photo : Sergio Larrain – éd. Xavier Barrel

Paru en 1963, El rectángulo en la mano est la toute première publication de Sergio Larraín, et deviendra rapidement l’ouvrage de référence de la photographie chilienne et sud-américaine. Publié dans la collection Cadernos Brasileiros, grâce au poète et attaché culturel brésilien Thiago de Mello, le photographe expose avec subtilité, en 44 pages, sa vision de la photographie. Pour la première fois, Sergio Larraín réfléchit à son travail d’un point de vue théorique.

«C’est en moi-même que je cherche les photographies quand, l’appareil à la main, je jette un œil au dehors. Je peux matérialiser ce monde de fantômes lorsque je rencontre quelque chose qui résonne en moi. La réalité visible est le fondement du processus photographique, et le jeu consistant à organiser un rectangle : la géométrie. Le rectangle dans la main – l’appareil photo –, c’est ce que je cherche. La photographie : ce qui est donné par la géométrie, le sujet.» Cette définition, conçue comme un syllogisme et à laquelle se mêle un avant-goût de haïku, traduit l’esprit qui l’animait alors, et qu’il reprendra plus tard dans ses livres de réflexion philosophique. Rééditée en un fac-similé fidèle à l’édition originale, cette version d’El rectángulo en la mano, proposée sous coffret accompagné d’un texte critique d’Agnès Sire, est un hommage à l’ouvrage emblématique du photographe chilien.

En savoir plus sur Sergio Larraín

Né en 1931, le jeune Sergio Larraín grandit au Chili dans une famille de notables éclairés. Très vite, il cherche à s’éloigner de son milieu familial et part étudier à Berkeley, aux États-Unis. D’abord intéressé par les questions écologiques, il va très vite s’orienter vers la photographie. Dès ses débuts, il photographie librement dans les rues avec son Leica qu’il n’hésite pas à poser au sol, offrant des points de vue inédits et des compositions audacieuses. Très impressionné par Henri Cartier-Bresson, son œuvre et sa liberté, il lui présente son travail sur «los abandonados» (les enfants abandonnés des rues de Santiago) lors d’un voyage en Europe. C’est ainsi qu’il se voit proposer de rejoindre l’agence Magnum en 1960. Sergio Larraín commence alors une carrière de photographe international, réalisant des reportages pour de nombreux journaux, et connaît un succès foudroyant. Son travail rentre également dans les collections du MoMA à New York. Méfiant à l’égard du monde de la presse, il cesse peu à peu de collaborer avec elle pour s’intéresser davantage aux pratiques de la méditation tout en restant actif au Chili. Dans les années quatre-vingt, il décide finalement de vivre retiré à la campagne pour pratiquer yoga, méditation et dessin jusqu’à la fin de ses jours, sa pratique photographique se limitant à quelques poèmes en image appelés satoris. El rectángulo en la mano est le troisième livre de Sergio Larrain publié par les Éditions Xavier Barral, après Sergio Larrain (2013) et Valparaiso (2016). Ses archives sont représentées par Magnum Photos.

D’après les Éditions Xavier Barral