Les dialogues de paix avec l’Armée de libération nationale (ELN) en suspens suite aux attentats survenus à Barranquilla

Le weekend du 27 et 28 janvier, trois attentats ont eu lieu dans la ville de Barranquilla en Colombie, en moins de 24 heures. Le président colombien Juan Manuel Santos a annoncé la suspension des pourparlers de paix avec la guérilla de l’ELN (Armée de Libération Nationale) qui ont lieu à Quito depuis un an, après avoir confirmé que ses membres étaient les responsables du premier attentat contre les forces de police.

Photo: UDGTV

Trois attentats on eu lieu dans la ville de Barranquilla en Colombie, en moins de 24 heures. Ces attaques à explosif ont frappé des commissariats de police, laissant un bilan de sept morts et d’une quarantaine de blessés. Quelques heures après, un autre commissariat de police, localisé à la frontière de l’Équateur avec la Colombie, a été détruit avec une voiture explosive, provoquant des blessures à 28 personnes, une quarantaine d’habitats endommagés et 95 % du commissariat de police détruit.

La première attaque en Colombie a été revendiquée par le groupe « Front de la Guerre Urbaine » qui fait partie de la guérilla ELN, la seule guérilla active suite aux Accords de Paix avec les FARCS signés fin 2016. Selon la déclaration du ELN partagée sur un site internet, la guérilla affirme que cette attaque contre les forces policières a été réalisée en tant qu’action militaire, en exerçant leur droit légitime à la rébellion. Ces attaques se sont déroulées ensuite le 9 janvier dernier lors d’un cessez-le-feu entre l’État et l’ELN mis en place en octobre 2017 pour une durée de 101 jours.

Le président colombien, Juan Manuel Santos, a suspendu le cinquième cycle des négociations avec l’ELN qui allait avoir lieu à Quito dans les prochains jours, « étant donné qu'[il] ne voi[t] pas de cohérence de la part de l’ELN entre ses paroles et ses actes », déclare-t-il. D’autre part, il a ordonné de renforcer la sécurité publique avec 1500 policiers supplémentaires à Barranquilla, ville qui accueillera bientôt un carnaval.

Le président colombien qui quittera le pouvoir en août après deux mandats de quatre ans, se trouve aujourd’hui dans un climat très négatif pour continuer les négociations. Ces dernières ont suscité des doutes au sein de la population civile et de la classe politique relatifs à l’efficacité de ces accords de paix avec l’ELN. Ils semblent plus difficiles à mettre en place que ceux avec les FARCS, du fait que ses 1800 combattants s’organisent sous la forme d’une structure fédérative qui donne une autonomie militaire à ses différents fronts. Néanmoins, le gouvernement de Santos a tout intérêt à reprendre ces dialogues de paix pour aboutir à un accord similaire à celui avec les FARCS.

Le chef du groupe de négociations de l’ELN, Pablo Beltrán, a demandé au président de poursuivre ces négociations avant la fin de son mandat, pour que celles-ci ne soient pas interrompues de manière drastique et puissent avoir une continuité au cours du prochain mandat présidentiel.

Karla RODRÍGUEZ