« Vivir y otras ficciones », un film catalan de Jo Sol sur la sexualité des handicapés

Il n’est pas dans mes habitudes de chroniquer les films espagnols. Mais celui-ci, présenté dans de nombreux festivals est un film indépendant catalan de Jo Sol. Il a été fait surtout par souscription. Le réalisateur voulait faire un film sur la sexualité des handicapés. Il rencontre Antonio, un écrivain tétraplégique qui se bat pour le droit des personnes handicapées à avoir une vie sexuelle.

Photo : Vivir y otras ficciones

« Pour lui, jouir d’une sexualité épanouie est un choix vital, voire politique. Tout le monde devrait y avoir accès mais personne ne veut s’en mêler. Alors le film devient une fiction. Entre l’hostilité de son aide soignante, l’enthousiasme d’une prostituée militante et la perplexité de son assistant de vie, Antonio met en place un lieu d’assistance sexuelle chez lui. » Antonio, qui est un écrivain tétraplégique, joue son propre rôle. Pour son assistant de vie, il demande à Pepe – qu’il avait déjà filmé – et qui est un ancien patient d’une clinique psychiatrique dans laquelle il avait été envoyé après avoir volé des taxis la nuit pour travailler. Ces deux personnes discutent ensemble et amènent à réfléchir sur la frontière entre vivre et survivre. « Pour moi, déclare le réalisateur, il est difficile d’établir s’il s’agira d’un documentaire ou d’un film de fiction lorsque je suis à la recherche de la vérité. Mon objectif est de bousculer la réalité, de l’attaquer, mais je ne sais pas comment m’y prendre a priori. J’ai une histoire à raconter et cette histoire a quelque chose de réel, les faits se sont réellement produits dans la vie de ces personnes. »

Les deux personnages féminins sont des actrices car le réalisateur voulait montrer combien l’auxiliaire de vie, qui a un rôle difficile et ingrat, est peu récompensée de son attention pour Antonio. « Il était important de différencier l’assistante personnelle de l’assistante sexuelle qui, dans le film, sont interprétées par deux bonnes actrices Arántzazu Ruiz et Ann Perelló. Et il est vrai que l’assistante personnelle ressent de la jalousie : elle prend soin de lui tous les jours, elle éprouve une sorte d’amour romantique et elle souffre lorsqu’elle découvre qu’Antonio est une personne complète, même dans son désir… »

« Nous avons reçu le prix des jeunes à Abycine, et j’en suis très fier, car cela signifie que les jeunes croient encore que le cinéma appartient à la sphère de l’esprit, qu’il n’est pas qu’un divertissement. Il est important de continuer à créer des œuvres qui les stimulent. Nous avons également reçu le prix du Meilleur film au Cinemed de Montpellier, un festival très audacieux dans ses sélections. Et pourtant, nous faisons de gros efforts pour faire comprendre aux distributeurs que notre film n’est ni étrange ni difficile à comprendre, nous sommes partisans d’un cinéma simple qui porte un regard intelligent, car je pense que le public est intelligent. », a expliqué le réalisateur, extrait du site Cineuropa. Guidé par la voix bouleversante et les chansons flamencos de Niño de Elche, le film nous rappelle notre propre fragilité, banalise le regard et nous encourage à vivre une existence harmonieuse et sincère. À découvrir à partir du 7 février.

Alain LIATARD

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