Hommage à Philippe Marchand, ancien ministre de François Mitterrand, décédé le 10 janvier dernier

Philippe Marchand, ancien ministre de François Mitterrand, est décédé le 10 janvier dernier. Nous connaissions Philippe Marchand depuis plus de trente ans car son épouse Odile a été une militante des causes humanitaires, et tout particulièrement chiliennes et latino-américaines. Elle a été une des premières à soutenir, depuis sa création en 1984, le travail d’information de Nouveaux Espaces Latinos .

Photo : Philippe Marchand/Séverine Joubert

Plus d’une fois nous avons croisé Philippe Marchand et nous connaissions son engagement politique et sa sensibilité pour la justice et la liberté, en France et dans le monde. Nous tenons donc ici à souligner sa trajectoire et nous exprimons à Odile toute notre affection et amitié, ainsi que notre reconnaissance pour sa longue fidélité au Chili et à l’Amérique latine. Nous avions appris par la presse sa maladie. « J’ai un cancer, mais à part ça tout va bien. » Philippe Marchand conservait son sens de l’humour et de la dérision ces derniers mois, alors qu’il se savait très gravement malade. Il a perdu son combat contre la maladie en fin de matinée à l’hôpital de Saintes en Charente-Maritime, un département et une ville auxquels il était très attaché même s’il n’était pas Charentais d’origine.

Il est né à Angoulême le 1er septembre 1939 et est devenu avocat avant d’embrasser la carrière politique au sein du Parti socialiste. C’est sous cette étiquette qu’il se fait élire conseiller général du canton de Saintes de 1976 à 2001, puis président du conseil général de Charente-Maritime ; un poste qu’il a occupé de 1978 à 1991. Il avait également été élu député de la quatrième circonscription de Charente-Maritime de 1978 à 1991. Proche de François Mitterrand, il remplace Pierre Joxe au ministère de l’Intérieur le 29 janvier 1991. Un an plus tard, quand il quitte la Place Beauvau, François Mitterrand le nomme conseiller d’État.

En 2006, il s’était mis en retraite de la vie politique après les propos de Georges Frèche sur les Harkis. L’ancien président de la région Languedoc-Roussillon avait traité les Harkis de « sous-hommes ». Philippe Marchand avait alors déploré l’indulgence du Parti socialiste à son égard. Depuis quelques années, il s’était retiré à Angoulins. « Philippe, tu aurais voulu enregistrer tes dernières paroles pour dire adieu aux Saintais, hélas la force t’a manqué. Tu nous as laissé, en cadeau de départ, un sourire triste mais pas amer. » Odile Marchand a ainsi transmis le message souhaité par son mari, ancien ministre de l’Intérieur, député saintongeais.

Trente-six années à la tête d’une association. Peu de bénévoles peuvent se prévaloir d’un bail aussi long. Odile Marchand appartient à ce petit cercle, elle qui vient de passer le relais de la présidence des Amitiés franco-chiliennes qu’elle assumait depuis 1977. L’association fut créée cette année-là, en réaction au coup d’État du général Augusto Pinochet en 1973 au Chili. Durant toutes ces années, Odile Marchand et les Amitiés franco-chiliennes n’auront de cesse de venir en aide aux victimes de la dictature militaire, en particulier aux familles des disparus.

L’association a accueilli et accompagné des exilés politiques en France. Elle a aussi multiplié les manifestations, autant pour que la situation au Chili ne tombe pas dans l’oubli que pour recueillir des fonds. De prestigieux invités, tels Guy Bedos, la chanteuse Catherine Ribeiro ou le dessinateur Georges Wolinski, lui ont apporté leur précieux concours. « Nous avons agi à notre petite mesure pour apporter notre aide dans la résistance du peuple chilien : campagne pour les disparus et les emprisonnés, soutien aux cantines populaires ou à des projets culturels, la formation scolaire, etc. », résumait Odile Marchand en 2007 lors des vingt ans d’engagement des Amitiés franco-chiliennes.

Januario ESPINOSA