Clôture de la campagne présidentielle et mise en place des stratégies après les élections

Quelques semaines après des élections, un nouveau suffrage se tiendra en Amérique du Sud. Cette fois-ci, ce sont les électeurs chiliens qui seront appelés aux urnes ce dimanche 19 novembre pour le premier tour des élections présidentielles. Reste à savoir si la droite l’emportera, comme dans le pays voisin.

Photo : 24horas.com

Outre l’élection du président, sera également en jeu le renouvellement des sièges de la chambre des députés et de la moitié du Sénat. D’autre part, aura lieu la mise en place d’un nouveau système électoral à la proportionnelle. Ce système vise à renforcer le Congrès, comme nous l’avons expliqué dans notre newsletter du 10 novembre dernier, tout en augmentant le nombre de parlementaires, la participation féminine, et en réduisant les obstacles pour les candidats indépendants comme pour la création des partis politiques.

À quelques heures de la clôture de la campagne électorale, les différents candidats préparaient leurs dernières apparitions publiques et leurs derniers actes de campagne. C’était le cas de l’ex-président Sebastián Piñera, candidat de Chile Vamos, qui a fait sa dernière apparition publique ce jeudi 16 novembre dans le parc Renato Poblete. Toujours à Santiago, Alejandro Guillier, de la coalition La Fuerza de la Mayoría, a rencontré ses sympathisants dans le parc Almagro, tandis que José Antonio Kast, du parti Independiente a choisi San Bernardo pour clôturer sa campagne.

Le vent souffle en faveur de la droite sur le Chili. Sebastián Piñera reste toujours en tête, comme nous l’avions déjà signalé la semaine dernière. Selon les derniers sondages de CADEM, CEP et ADIMARK, publiés par El Mercurio, il remporterait les élections avec des résultats qui pourraient pratiquement atteindre 44 % des voix selon le CEP. Avec la moitié des suffrages, voire jusqu’à 20 % selon le CEP, se place Alejandro Guillier, sénateur d’Antofagasta, représentant de la coalition La Fuerza de la Mayoría ; des estimations qui traduisent la division de la gauche. Celui-ci est suivi, en troisième position, par la candidate de Frente Amplio, la journaliste Beatriz Sánchez, qui obtiendrait jusqu’à 15 % des suffrages selon ADIMARK.

Au-delà de la fiabilité des sondages, il faut tenir compte de la tendance abstentionniste au Chili. Contrairement à ce qui se passe en Argentine, le vote n’y est pas obligatoire. Selon de nombreux analystes, cela pourrait être l’une des causes du taux d’abstention historiquement bas au Chili ; un taux atteignant les 65 % lors des dernières élections municipales. La fiabilité des sondages pourrait être mise à mal si cette tendance se poursuivait ce dimanche.

Le temps court vite dans l’actualité politique du Chili. Aujourd’hui, la une des journaux laisse place aux différentes stratégies que les partis voudraient mettre en place au lendemain des élections. Du côté de la droite, il semble évident que le candidat Piñero obtiendrait le soutien des groupes les plus proches de lui idéologiquement. Moins évidente semble être la stratégie à suivre par les groupes de gauche et centre gauche. À quelques heures des élections, il semble évident que les candidats appellent uniquement à voter en leur faveur. Néanmoins, selon El Mercurio, celui qui atteindra la deuxième position — réservée à Alejandro Guiller selon l’ensemble des sondages — doit se dépêcher afin de rassembler les soutiens des uns et des autres. Une situation qui semble, selon El Mercurio, loin d’être facile à résoudre à cause du spectre complexe des sensibilités qui s’opposent au candidat Piñero.

El Mercurio rappelle la situation lors des dernières élections présidentielles : d’un côté, le candidat Piñero ; de l’autre, le candidat de gauche Frei. À cette occasion, le candidat le plus proche de Frei idéologiquement, Marco Enríquez-Ominami, aujourd’hui en faveur du Parti progressiste, et qui avait remporté 20 % des voix, n’avait demandé le vote pour Frei que quatre jours avant le second tour. Trop tard, selon de nombreux analystes, puisque c’est Piñero qui aura éventuellement remporté la victoire. C’est pour cela que le candidat Ominami a déjà déclaré être prêt à apporter son soutien à Guillier dès le lendemain des élections.

Cependant, la gauche est très divisée par rapport à cette décision, voire à l’intérieur de chacun de ses partis, comme l’illustrent les déclarations des membres du Parti démocratique. Certains sont en faveur d’un soutien à Alejandro Guillier, tel Aldo Cornejo ou Mario Benegas, tandis que pour la candidate du parti, Carolina Goic, cela n’est pas si clair. Le même phénomène se produit au sein de Frente Amplio : certains de ses membres se méfient des négociations pour la création d’un gouvernement progressiste et préfèrent plutôt continuer à s’organiser tout en s’opposant à un gouvernement de droite. Selon El Mercurio, il faudra donc attendre dimanche pour connaître les intentions des uns et des autres partisans de la gauche.

Mario PÉREZ MORALES