Le corps dans le río Chubut est-il celui de Santiago Maldonado ?

Ce mardi 17 octobre, la police a trouvé un corps flottant dans le río Chubut à peu de distance de l’endroit où des témoins affirment avoir vu les gendarmes tabasser et emmener Santiago Maldonado. Est-ce lui ? Plusieurs questions se posent. 

Photo : The Bubble.com

Lorsque la gendarmerie entre en force sur la propriété de la communauté mapuche Pu Lof Cushamen, les huit manifestants qui bloquaient la Nationale 40 s’enfuient de tous les côtés. Des témoins affirment avoir vu trois gendarmes attraper l’un des manifestants, Santiago Maldonado, un jeune argentin solidaire des Mapuches, le tabasser et l’emmener dans un véhicule. Depuis, le jeune homme a disparu…

Les fouilles n’ont d’abord rien donné

La police et les gendarmes ont fouillé toute la région à plusieurs reprises sans trouver d’autres trace du jeune homme que son bonnet près du río Chubut grâce à des chiens de recherche. Une hypothèse avancée par le ministère de la Sécurité était qu’il s’était enfui vers la rivière pour chercher refuge de l’autre côté, mais, ne pouvant nager et craignant l’eau, il se serait noyé. Les recherches menées par les plongeurs n’avaient rien donné. Pourtant, le río est bas et il n’y a pas beaucoup d’eau ; bien que le courant soit assez fort, les branches d’arbres baignant dans l’eau empêcheraient tout corps d’être emporté bien loin.

Un corps dans la rivière

L’association de défense des droits humains CELS a alors demandé à l’EAAF, l’Équipe argentine d’anthropologie légiste, de s’intéresser à la disparition de Santiago Maldonado. L’EAAF est mondialement connue pour son excellent travail de recherche et d’identification des restes de disparus en Argentine et dans le monde. Ils recommandent à la juge en charge de l’instruction, Silvina Ávila, de demander les services d’une équipe de pompiers possédant des chiens spécialisés dans la recherche de personnes noyées, lors d’inondations par exemple. Et les chiens marquent un endroit dans la rivière. Mardi 20 octobre, 79 jours après la disparition de Santiago, les chiens des pompiers volontaires et les plongeurs de la Préfecture navale découvrent un corps dans le río Chubut.

Des questions inquiétantes

À l’heure de publier cet article, personne n’a encore osé affirmer définitivement qu’il s’agit de Santiago bien que les vêtements du noyé correspondent à ceux décrits par les témoins de la fuite du jeune homme ; il faudra attendre les preuves ADN. Et pour savoir de quoi est morte cette personne, il faudra attendre une autopsie. Mais déjà, des questions exigent réponse : si c’est lui, pourquoi le corps a-t-il été trouvé 300 m en amont de l’endroit où se serait passée l’attaque des gendarmes ? Un corps n’est pas supposé dériver à contre-courant. Pourquoi les trois ratissages précédents n’ont-ils pas découvert le corps ? Pourquoi avoir attendu plusieurs jours pour opérer un premier ratissage ? Pour des proches des Mapuches, « le corps a été planté là et maintenant ils vont accuser les Mapuches de l’y avoir mis ».

Jac FORTON