Les cinquante ans du tropicalisme en images au Festival du cinéma brésilien de Paris

Le 19e édition du festival propose des projections de films brésiliens, entre fictions et documentaires, du 20 au 27 juin. À honneur cette année, les cinquante ans du tropicalisme.

Le Festival du cinéma brésilien de Paris, organisé chaque année par l’association Jangada, arrive à sa 19e édition : cinquante ans de tropicalisme. Il se déroulera du 20 au 27 juin, au cinéma l’Arlequin – historique cinéma de Jacques Tati – à Paris. Dans le programme, neuf fictions et onze documentaires projetés. L’édition 2017 aura pour thème la musique brésilienne : “Célébrer en images les cinquante ans du tropicalisme”. Celui-ci a été un important mouvement artistique brésilien, d’où sont sortis de grands noms de la musique encore connus aujourd’hui, comme Caetano Veloso et Gilberto Gil, les leaders du groupe. Pour mettre à l’honneur la musique brésilienne, une sélection de documentaires musicaux et sur le mouvement tropicaliste seront projetés et débattus.

Le festival débutera avec le film Elis, sur la vie de l’interprète Elis Regina, l’une des voix les plus fortes de la musique nationale. La soirée se déroulera en présence du réalisateur Hugo Prata. La soirée de clôture présentera le film  Chico, artiste brésilien, de Miguel Faria Jr., sur la vie et le processus créatif du musicien Chico Buarque, l’une des plus grandes icônes de la musique populaire brésilienne. Gros plan sur le mouvement tropicaliste : les documentaires Rogério Duarte, le Tropikaosliste de José Walter Lima, en présence du réalisateur, et Tropicália, de Marcelo Machado, suivi d’un débat sur l’héritage du mouvement cinquante ans plus tard avec le journaliste et spécialiste de cinéma Sérgio RizzoEn complément des projections, des rencontres, débats et soirées en musique, quatre soirées musicales sont proposées avec différents styles musicaux : MPB, batucada, bal forró et roda de samba.

Le tropicalisme

Le tropicalisme est un mouvement artistique des années 1967-1968 au Brésil. En pleine dictature militaire (1964-1985), une période rigide et conservatrice, un groupe de jeunes artistes lance un mouvement d’avant-garde osé, réunissant musiciens, compositeurs, poètes. Un mouvement d’expérimentation esthétique radicale, qui s’est manifesté notamment dans la musique, influençant et étant influencé par d’autres arts (comme le Cinéma Novo, le théatre et les arts graphiques). Ce collectif tropicaliste est composé de Gal Gosta, Os Mutantes, Tom Zé, Rogério Duprat, Rogério Duarte, Torquato Neto, et conduit par Caetano Veloso et Gilberto Gil.

À contre-courant de la scène musicale du moment, qu’ils jugeaient figée, trop traditionaliste et nationaliste, les tropicalistes envisageaient de révolutionner la musique brésilienne, prônant le mélange des genres, des instruments et des rythmes. Ils étaient déterminés à absorber les différentes tendances culturelles nationales et internationales, pour en sortir une synthèse originale. Le tropicalisme mélangeait les différentes manifestations et rythmes traditionnels de la culture brésilienne avec de la musique pop et d’autres mouvements, comme le rock, le psychédélique, l’avant-garde, le pop art, la guitare électrique.

C’était la quête “d’une synthèse d’idées totalement contradictoires”, comme le définissent ses créateurs. La recherche d’une musique originale et universelle, brisant les barrières de la culture dans le pays – haute culture/culture populaire/culture de masse, tradition/avant-garde. Le mouvement s’est développé au même moment que la télévision au Brésil et a profité de cette nouvelle médiatisation, notamment de la popularité des concours de musique à la télévision et les plateaux d’émissions populaires. Son apogée est arrivée avec le disque Tropicalia ou Pannis et circenses lancé en juillet 1968, considéré comme le manifeste du tropicalisme.

En décembre 1968, la dictature se durcit. L’AI-5 (acte institutionnel numéro 5) est signé, suspendant plusieurs droits et donnant des pouvoirs extraordinaires au président. Quelques jours plus tard, Caetano Veloso et Gilberto Gil sont arrêtés, accusés d’avoir insulté l’hymne et le drapeau nationaux lors d’un concert. Quelques mois plus tard, ils sont forcés de s’exiler au Royaume-Uni. C’est la fin définitive du tropicalisme tel qu’il était, mais pas des influences et héritages qu’il a laissés.

Barbara D’OSUALDO

La programmation complète est sur le site Festival du cinéma brésilien de Paris – Préventes sur Les Écrans de Paris