Le riche brésilien Eike Batista et la panique à bord pour les politiciens brésiliens

La mort du juge suprême Teori Zavascki dans un accident d’avion avait fortement soulagé la classe politique brésilienne : rapporteur en charge du dossier « Lava Jato », sa mort devait retarder les révélations sur la corruption des politiciens. Mais la présidente de la Cour suprême, Carmen Lucia Rocha, déclare qu’elle continue la procédure lancée par Zavascki et recevra, sous la modalité de la « délation récompensée », la déposition de Eike Batista, un riche homme d’affaires déchu. Et il a du monde à dénoncer, dans tous les partis…

Photo : EPA

Une fortune colossale. Eike Batista est l’un de ces hommes d’affaires « éclairs » : en quelques années, il s’était construit un petit empire millionnaire basée sur le pétrole, les mines d’or et les prix élevés de l’exportation des matières premières. Mais lorsque ces prix ont chuté, son empire s’est effondré. Requis par la justice dans le cadre de la procédure Lava Jato (Lavage express) suite au scandale Petrobras, il vient d’arriver à Rio « pour laver son nom ». Attendu par  la police, il a été arrêté, accusé de corruption de fonctionnaires. Batista acceptera certainement la procédure de la délation récompensée : un accusé dit tout ce qu’il sait sur les faits reprochés en échange d’une forte réduction de sa peine.

Un homme d’affaires « généreux ». Son immense fortune – on lui attribue plus de 30 milliards de dollars – lui permettait d’acheter des hommes politiques en échange de contrats juteux. Pas sectaire, il finançait les campagnes  de parlementaires d’un peu tous les partis politiques, sans distinction idéologique. Il avait même donné 7 millions de dollars au gouvernement de Lula da Silva pour l’aider à poser la candidature du Brésil pour les JO de 2016. Mais ceux qui tremblent le plus pour leur avenir sont le président de fait Michel Temer et nombre de ses partisans, ministres ou parlementaires qui auraient bénéficié des largesses du magnat déchu. On sait déjà que Batista a donné plus de 17 millions de dollars à Sergio Cabral, ancien gouverneur de Rio, également en prison depuis novembre dernier pour corruption dans le scandale Petrobras.

Vers une hécatombe de parlementaires ? Deux proches de Michel Temer doivent être sur des charbons ardents et s’attendent à être dénoncés : le sénateur Aécio Neves et l’ancien président Henrique Cardoso. D’autres qui ne doivent pas dormir sur leurs deux  oreilles sont Eliseu Padilha, chef de son cabinet, Wellington Moreira, responsable du programme de privatisation du gouvernement, le président actuel du Sénat, Renán Calheiros et son probable successeur Eunicio de Oliveira, ainsi que le président de la chambre des députés, Rodrigo Maia. À croire qu’il n’y a que des parlementaires corrompus au Brésil…

Jac FORTON