Agenda electoral latino-américaine en 2017 : vers la droite ou la gauche ?

Quelles élections nous attendent en 2017 en Amérique latine ? L’agenda électoral sera suivi de près cette année, pour suivre le ralentissement ou la confirmation de la « droitisation » des gouvernements latino-américains. Voici un aperçu des évènements les plus importants.

Photo : Contrainjerencia (Équateur)

Haïti.   Bien que le Conseil électoral provisoire  (CEP) ait désigné comme vainqueur des élections présidentielles du 20 novembre 2016  Jovenel Moïse  du PHTK (Parti haïtien Tèt Kale, le parti au pouvoir de l’ancien président Martelly),  les trois autres principaux candidats, Jude Célestin (LAPEH, Ligue alternative pour le progrès et l’émancipation haïtienne), Jean-Charles Moïse (Pitit Dessalines), et Maryse Narcisse (Lavalas) ont dénoncé des irrégularités massives et des fraudes lors du premier tour. Le CEP a donc annoncé qu’il publierait les résultats définitifs le 3 janvier, et ceux-ci confirment la victoire de Jovenel Moïse.

Équateur.   L’élection présidentielle aura lieu le 19 février, après deux mandats consécutifs de Rafael Correa. Seront également renouvelés 137 membres de l’Assemblée, soit la moitié du pouvoir législatif.  Le candidat de Frente Unido (composé d’une quinzaine de partis politiques, dont Alianza País, le Parti socialiste et le Parti communiste), Lenín Moreno, sera confronté à Guillermo Lasso, de Alianza por el Cambio, qui était déjà candidat en 2013, à la candidate sociale-chrétienne Cynthia Viteri et au candidat de gauche Paco Moncayo.

Honduras.   Les élections présidentielles sont prévues le 26 novembre, et les élections primaires auront lieu le 12 mars. Juan Manuel Hernández, l’actuel président, du Partido Nacional, cherchera à se faire réélire. Il sera opposé à Manuel Zelaya, du Parti Libertad y Refundación  (Liberté et Refondation, LIBRE), ex-président déchu par le coup d’État de 2009. Il s’agit d’une élection cruciale qui risque de secouer le pays, siège d’une des plus grandes violences politiques du continent. En outre, 128 députés, 20 députés au Parlement d’Amérique centrale, des maires, des maires adjoints et des conseillers municipaux seront renouvelés, ce qui signifie l’élection de 2990 postes dans tout le pays.

Mexique.   Le 4 juin prochain se dérouleront les élections provinciales, l’occasion de renouveler les autorités des États du Veracruz, Mexico, Nayarit et Coahuila. Bien qu’il ne s’agisse pas d’élections majeures, le poids politique et économique de ces États donnera des indications importantes pour l’élection présidentielle de 2018.

Argentine.   Bien qu’aucune date ne soit confirmée, les élections législatives qui renouvellent la moitié de la Chambre des députés et un tiers du Sénat se dérouleront en 2017. Ces élections ont généralement lieu en octobre, et les primaires en août, après désignation des candidats. Ces élections sont importantes, tant pour le pays que pour le continent, puisqu’elles vont renseigner sur le degré de soutien à Mauricio Macri, qui a pris ses fonctions en décembre 2015 et dont le gouvernement est marqué par un net virage conservateur. Elles vont permettre d’apprécier l’évolution à venir dans les deux prochaines années, jusqu’aux présidentielles de 2019, c’est-à-dire la possibilité de gouvernance. Le parti de Macri, Cambiemos (Changeons) va chercher à obtenir la majorité parlementaire.

Chili.   Pour le pays andin, l’année 2017 est une grande année électorale, avec des primaires (pour les partis qui souhaiteront y participer) le 2 juillet, et des élections présidentielles, parlementaires (députés et sénateurs), ainsi que les élections des conseils régionaux, le 19 novembre. Bien qu’on ne connaisse pas encore les candidats confirmés, on peut noter que plusieurs membres des différentes coalitions ont exprimé leur volonté de participer aux élections en 2017. Pour l’alliance Chili Vamos, l’ancien président Sebastián Piñera s’est autoproclamé postulant, mais il devra négocier avec au moins onze autres candidats. Pour la formation Nueva Mayoría (Nouvelle Majorité), les candidats pressentis sont Ximena Rincón, actuelle ministre du Travail, du Parti démocrate-chrétien,  et l’ancien président Ricardo Lagos Escobar, du Parti pour la démocratie. La coalition politique chilienne de gauche, Frente Ámplio, n’a pas encore annoncé de candidat. Mais, en étant unifiée, la gauche pourrait avoir une occasion unique, en raison de l’usure et de l’échec de Nueva Mayoría et de Chile Vamos. Le triomphe de Jorge Sharp à Valparaíso pour le Movimiento Autonomista  (Mouvement autonomiste) en est un exemple.

Bolivie.   Le 26 novembre auront lieu les élections judiciaires, qui désigneront les nouveaux membres du Tribunal constitutionnel plurinational, du Tribunal suprême de justice, du Tribunal Agro-environnemental, et du Conseil de la magistrature.

Toutes ces élections seront un prélude à 2018, année cruciale pendant laquelle seront désignés les prochains gouvernements du Costa Rica, du Paraguay, de la Colombie, du Mexique, du Brésil et du Venezuela. Ainsi, 2017 sera comme un premier tour avant 2018, qui donnera le ton pour les prochaines années. Le virage conservateur a commencé en 2015 et sera peut-être ratifié dans les deux prochaines années. Mais on peut aussi voir des changements dans les formations politiques, avec de nouveaux membres, plus jeunes, qui voudraient renforcer la démocratie et désarmer le système économique qui rend le continent le plus inégalitaire du monde.

Micaela RYAN
pour Notas
Traduit par Catherine Traullé