La Semaine internationale du Cinéma de Valladolid en Espagne

Nous avons été à la Semaine Internationale du Cinéma de Valladolid en Castille qui fêtait sa 61e édition du 22 au 29 octobre dernier. Ce festival un de plus ancien d’Espagne est important puisqu’il touche en huit jours environ 90 000 spectateurs dont 16 000 scolaires.

L’Espagne connait de nombreux festivals de cinéma. Le plus connu est celui de San Sebastián qui se déroule chaque année fin septembre. Il y a celui de Malaga, de Séville consacré au cinéma européen, de Huelva consacré au cinéma latino, de Gijón, du cinéma fantastique à Stiges, du cinéma Jove à Valence etc. Il se trouve que nous avons eu l’occasion d’aller à la Seminci, (Semaine Internationale de Ciné) de Valladolid en Castille qui fêtait sa 61e édition. Ce festival très ancien, puisque né en 1956, est important car il touche en huit jours environ 90 000 spectateurs dont 16 000 scolaires. Particularité :  les plus grandes salles sont dans deux beaux théâtres à l’italienne de plus de 600 places, Calderón et Carrión. Il y a aussi cinq salles pour le festival dans le multiplexe Broadway, en tout une dizaine de lieux.

Les sections sont nombreuses. La compétition officielle internationale attribua  le grand prix et le prix du public au beau film italien de Paolo Virzi, La pazza guioia (Folles de joie, sorti en France après sa présentation cannoise). Daniel Bothelho  est récompensé pour son rôle de jeune adolescent dans le film brésilien Mãe só há uma (D’une famille à l’autre, sorti en juillet) d’Anna Muylaert. El ciudadano ilustre des argentins Gastón Duprat et Mariano Cohn  reçut le prix Miguel Delibes du meilleur scénario et l’espiga de plata. Il sortira en France en février sous le titre Citoyen d’honneur). On connait ces deux cinéastes pour leurs films L’artiste et L’homme d’à côté réalisés en 2009. Un prix Nobel de littérature, plutôt désagréable, accepte d’aller dans son village natal afin d’y devenir citoyen d’honneur. Bien entendu tout ne se passera pas comme il le pensait. Les réalisateurs ont fait d’Oscar Martinez un drôle de macho argentin. Un troisième film latino était en compétition, La ciénaga-entre el mar y el tierra. Il est réalisé par l’acteur colombien Manolo Cruz qui tient également le rôle d’un hémiplégique qui vit sur une maison lacustre à quelques mètres de la mer qu’il ne peut approcher car il est connecté à un respirateur artificiel. Ce sujet difficile est interprété de façon très sensible. Des courts-métrages étaient présentés avant chaque film de la compétition officielle. La section punto de encuentro était consacrée aux premiers et seconds films. Dans cette section La última tarde de Joel Calero (Pérou/Colombie) raconte les retrouvailles de deux ex-guérilleros, décidés à divorcer, dix neuf ans après leur séparation. Il a été très apprécié.

La section documentaire  proposait vingt-trois films. On a pu y voir le Voyage à travers le cinéma français de Bertrand Tavernier, ou les entretiens avec Juan Perón qu’effectua Fernando ‘Pino’ Solanas, l’auteur de L’heure des brasiers, dans les années 70 sous le titre El legado estratégico de Juan Perón, son dernier documentaire. Un document étonnant proposé par le chilien Miguel Angel Vidaurre, Gringo rojo, nous raconte la vie de l’américain Dean Reed, qui fut un chanteur pop dans les années 60, un activiste politique au Chili dans les années 70 et qui se réfugia en URSS et en RDA dans les années 80.  Enfin un volet espagnol proposait entre autres un portrait du cinéaste Miguel Picazo, et aussi un point de vue sur une génération de cinéastes indépendants andalous.

La section Une année de cinéma espagnol permit de constater combien les problèmes économiques de l’Espagne était au cœur des préoccupations des cinéastes. Techo y comida de Juan Miguel del Castillo fait le portrait d’une mère célibataire sans travail. Natalia de Molina a obtenu le Goya de la meilleure actrice pour ce rôle. En chansons, Eduard Cortés dans Cerca de tu casa  nous présente Sonía qui doit abandonner sa maison car elle ne peut plus payer ses emprunts. Il y avait aussi Imanol Uribe qui revient sur les séquelles du terrorisme basque, dans Lejos del mar, et Antonio Chavarrías, dans El elegido suit Ramón Mercader qui va assassiner Trotski .Le Chili était le pays invité cette année et proposait une vaste rétrospective de son cinéma de ces 15 dernières années de Muchacha à Matar a un hombre.

Des hommages étaient rendus au cinéaste iranien Abbas Kiarostami, au cinéaste étatsunien indépendant Richard Linklater. Des Prix d’honneur récompensaient Géraldine Chaplin et José María Prado, ancien directeur de la Filmoteca Española. Un duel cinématographique Cervantes + Shakespeare marquait le quatrième centenaire de leur mort. Enfin Valladolid étant  au cœur des régions viticoles, Ribera de Duero, Cigales et Rueda, trois jours furent consacrés à Cine y vino. Un très agréable festival emmené par une équipe sympathique dans une cité magnifique.

Alain LIATARD

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