Crimes parfaits, de Ricardo Strafacce

On n’a pas très souvent l’occasion de rire en lisant les auteurs latino-américains. L’Argentin Ricardo Strafacce, dont on connaît un premier roman traduit en français, La Bolivienne aux éditions Zinnia, nous offre avec ce Crimes parfaits, une bonne occasion d’entrer dans le monde du football, ses arrangements avec la morale et ses « héros » tout en gardant le sourire.

 On a deux jumelles interchangeables, orphelines et légèrement nymphomanes, un footballeur débutant qui ne brille guère par son talent et un autoproclamé homme d’affaires, débutant lui aussi mais débordant de bonne volonté, c’est à dire de la volonté de gagner une fortune rapide sur le dos du sportif qui a l’air si doué (si on ne connaît rien au foot). Joli quatuor, que quelques malentendus pas vraiment dus au hasard jettent dans des aventures dignes des Pieds nickelés. Il faut ajouter que leur QI moyen avoisine celui d’une pintade.

Pour tout amateur, le souvenir de Maradona semble ne jamais devoir s’estomper, que ce soit en Argentine et dans le sud de l’Italie. Une branche mineure de la Camora  s’intéresse à notre modeste joueur pour blanchir discrètement de l’argent encombrant. Tout cadre parfaitement. L’action se déplace alors dans le sud italien et les tactiques footbalistiques prennent le dessus. Tactiques évidemment foireuses encouragées (créées) par un obscur journaliste local. Ce qu’il parvient à créer, en fait, c’est la Vérité, avec un grand V, celle, indiscutable, que publie son journal et qui s’impose faute de vérification.

Ricardo Strafacce fait avancer son histoire rocambolesque sans se départir d’un ton burlesque, parfois parodique, parfois clownesque, mais derrière la farce il n’oublie pas de semer ici ou là des notions qui permettent aussi de prendre un peu de recul. Voilà de quoi passer un bon moment !

Christian ROINAT
Crimes parfaits, de Ricardo Strafacce, traduit de l’espagnol (Argentine) par Jean-Baptiste Labrune, Zinnia Éditions, 165 p., 11 €.