Le gouvernement colombien et les FARC se sont déclarés la paix !

Après quatre ans de négociations serrées à La Havane, le gouvernement du président Juan Manuel Santos et les dirigeants des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) ont signé ce qui s’appelle officiellement « l’Accord général pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable », mettant ainsi fin à une guerre de plus de 52 ans.

Photo : Larepubliquedepyrennes.

Le texte a été signé par le général Humberto de la Calle pour le gouvernement et Luciano Marín (alias Iván Márquez) pour les FARC, en présence des ambassadeurs de Cuba et de la Norvège en tant que « pays garants » et du Chili et du Venezuela en tant que pays « accompagnateurs » des négociations. L’acte officiel public de la signature aura lieu à une date non encore définie mais proche. Cet acte officiel marquera le début de la mise en pratique des accords. Les FARC auront alors six mois pour rendre les armes et entrer en politique.

Les six points des accords et le congélateur

Les négociations concernaient six thèmes majeurs. Il était convenu que l’Accord général ne serait signé que si les six accords qui le composent étaient signés. Pour y arriver, les négociateurs ont utilisé la méthode du congélateur : tout point difficile à régler était placé temporairement au congélateur pour être repris plus tard jusqu’à l’accord final. Les six accords sont : 1) Réforme rurale intégrale ; 2) Participation politique des FARC ; 3) Solution au problème des drogues illicites ; 4) Accord sur les victimes ; 5) Fin du conflit armé ; 6) Accord sur la mise en pratique, le referendum et la vérification.

Remise des armes sous contrôle de l’ONU

Les accords prévoient 22 zones de concentration et 6 campements (et non 31 comme prévu initialement) où se rassembleront les colonnes des FARC pour rendre leurs armes. Cela se fera sous contrôle d’observateurs militaires internationaux (en civil et désarmés) en mission pour  l’ONU sous le commandement du général argentin Javier Perez Aquino. Le côté civil de l’ONU sera représenté par le Français Jean Arnault.

La guerre est finie

Le président Juan Manuel Santos a donné l’ordre de cessez-le-feu définitif contre les FARC qui avaient déjà déclaré une trêve unilatérale en 2015. « On peut maintenant proclamer la fin de la guerre et le début du combat des idées… Toute ma vie, j’ai été un implacable adversaire des FARC [il a été ministre de la Défense du président Álvaro Uribe]. Mais je défendrai avec la même détermination, leur droit à s’exprimer et à suivre leur combat politique par les voies légales ». De son côté, Rodrigo Londoño (alias Timochenko, dirigeant des FARC) tient le même discours : « L’accord final permettra aux FARC d’enfin reprendre l’exercice politique légal par la voie pacifique et démocratique ». Le parti politique que vont créer les FARC recevra d’office une représentation de 5 sièges au Parlement et au Sénat pour les deux prochaines élections de façon à lui procurer un espace d’expression.  Après, il devra s’exposer au vote du peuple.

Les fausses « infos » de l’opposition

L’ancien président Uribe est viscéralement opposé à l’Accord. Pour gagner l’appui des Colombiens, la presse qui le soutient inonde ses lecteurs de fausses informations : « Santos va remettre le pouvoir aux FARC et au Castro-Chavisme », « Il y aura impunité totale pour les crimes contre l’humanité commis par les FARC », « Les chefs guérilleros ne pourront pas être éligibles », « Les guérilleros vont recevoir plein d’argent », etc, titrent ces journaux. Tout est faux, bien sûr.

Les Colombiens vont-ils voter contre les Accords de paix avec les FARC ?

Cette désinformation systématique de certains médias semble porter ses fruits. Maintenant que les accords sont signés, ils seront soumis à un referendum populaire le 2 octobre, devant les avaliser ou les rejeter. Et ce n’est pas gagné : un sondage récent montre que 50 % des Colombiens seraient contre la signature de l’Accord, pour 39 % en faveur. La Cour Constitutionnelle indique que le referendum sera valide si 13 % de l’électorat votent ‘SI’, soit 4,5 millions de personnes.  Pour Humberto de la Calle, négociateur principal du président Santos, « un ‘NO’ ouvrirait une période d’incertitude,  serait un retour au passé et susciterait un sentiment de calamité et de pessimisme qui affecterait le développement du pays ». La question du referendum sera : « Appuyez-vous l’accord final pour la fin du conflit, SI  ou  NON ?».  La parole est au peuple le 2 octobre…

Jac FORTON