Latinos au 69e festival de Cannes… Seuls deux films chiliens dans la Quinzaine des réalisateurs

Neruda de Pablo Larraín. 1948, la guerre froide s’est propagée jusqu’au Chili. Au Congrès, le sénateur Pablo Neruda critique ouvertement le gouvernement. Le président Videla demande alors sa destitution et confie au redoutable inspecteur Óscar Peluchonneau le soin de procéder à l’arrestation du poète. Neruda et son épouse, la peintre Delia del Carril, échouent à quitter le pays et sont alors dans l’obligation de se cacher. Il joue avec l’inspecteur, laisse volontairement des indices pour rendre cette traque encore plus dangereuse et plus intime. Dans ce jeu du chat et de la souris, Neruda voit l’occasion de se réinventer et de devenir à la fois un symbole pour la liberté et une légende littéraire. Pablo Larraín est né au Chili en 1976. Il a réalisé Fuga, Tony Manero (Quinzaine des Réalisateurs), Post Mortem (Festival de Venise), No (Quinzaine des Réalisateurs, nommé à l’Oscar du Meilleur Film Étranger) et El club (Ours d’Argent / Grand Prix du Jury de la Berlinale l’an passé). Neruda est son sixième long métrage. Il ne s’agit pas d’un biopic sur la vie de Neruda mais d’une recréation par le réalisateur du personnage tel que lui le voit. Certains vont être outrés par cette représentation, mais il s’agit d’un très beau film. La fin dans la neige est remarquable. Un grand film.

Poesía sin fin d’Alejandro Jodorowski également à la quinzaine des réalisateurs. Dans l’effervescence de la capitale chilienne Santiago, pendant les années 1940 et 50, Alejandrito Jodorowski, âgé d’une vingtaine d’années, décide de devenir poète contre la volonté de sa famille. Il est introduit dans le cœur de la bohème artistique et intellectuelle de l’époque et y rencontre Enrique Lihn, Stella Diaz Varín, Nicanor Parra et tant d’autres jeunes poètes prometteurs et anonymes qui deviendront les maîtres de la littérature moderne de l’Amérique Latine. Immergé dans cet univers d’expérimentation poétique, il vit à leurs côtés comme peu avant eux avaient osé le faire : sensuellement, authentiquement, follement. A 87 ans Jodorowski revient sur sa jeunesse. C’est le second volet d’une trilogie après  La danza de la réalidad réalisé en 2013. C’est vraiment un film poétique comme l’on n’en voit jamais.  Il est fait avec une folle liberté. Ceux qui ont vu La Danza ne seront pas déroutés par toute cette poésie. Pour le réalisateur le cinéma doit être libre et poésie. Vraiment à découvrir.

Voici pour le moment. Nous nous retrouvons la semaine prochaine pour commenter le palmarès et parler d’autres films latinos.

Alain LIATARD
Depuis Cannes