Séisme en Équateur : les aides affluent du monde entier, Rafael Correa alourdit la fiscalité

Le 16 avril dernier, l’Équateur a été frappé par un grave séisme qui a dévasté une partie de la côte pacifique du pays. Le dernier bilan fait état de 655 morts et 12 494 blessés. Encore cent trente personnes sont portées disparues et environ 26 091 personnes vivent dans des abris de fortune. L’heure est aujourd’hui à la reconstruction et à la solidarité internationale.

Une semaine après le violent tremblement de terre qui a secoué l’Équateur, les autorités lancent un appel à l’aide. C’est tout le pays qu’il faut reconstruire. Plus d’un millier de secouristes équatoriens et internationaux sont actuellement sur place pour venir en aide à la population. Néanmoins, à Pedernales, la cité balnéaire la plus proche de l’épicentre, la situation est toujours chaotique. Le séisme a ravagé la ville, les hôtels ont presque été entièrement détruits et l’odeur des cadavres en putréfaction a envahi les rues. À Manta, dans la province de Manabí, la population désespère de trouver quelque chose à manger et boire est devenu un luxe.

Un soutien international affirmé

L’étendue du désastre rend la tâche compliquée pour les organisations humanitaires. Mais l’aide s’organise petit à petit. La base aérienne de Manta est devenue en quelques jours la plate-forme de l’aide humanitaire où les organismes publics viennent chercher les colis de vivres pour les distribuer à la population. L’aide vient de partout, de la plupart des pays d’Amérique latine : du Pérou, de Colombie, de Cuba, du Honduras, du Venezuela, du Mexique, de Bolivie et du Chili mais aussi de la Chine, de la Suisse, de la Russie, de l’Espagne et du Canada. Elle consiste en de l’eau potable, de la nourriture, des vêtements, des couvertures et des tentes et s’élève en tout à plusieurs millions de dollars.

Une reconstruction coûteuse

“La reconstruction sera longue, mais ensemble nous surmonterons cette tragédie” a déclaré le président équatorien Rafael Correa quelques jours après le séisme. Il a estimé à trois milliards de dollars (2,66 milliards d’euros) le coût de cette reconstruction, ce qui équivaut à 3 % du PIB du pays. Avant le drame, l’économie de l’Équateur avait déjà été nettement impactée par la baisse des cours du pétrole, ce qui a eu pour conséquence une amputation de sept milliards de dollars des dépenses et un abaissement à 0,1 % de la croissante du PIB en 2015.

Pour faire face aux coûts de cette catastrophe, le Président équatorien a annoncé de lourdes mesures fiscales. La TVA va ainsi augmenter de 12 à 14 % pendant un an. Une contribution obligatoire sur l’ensemble des salaires sera en plus demandée : un jour de salaire pour les travailleurs gagnant plus de 1 000 dollars par mois, deux jours de salaire pour ceux gagnant plus de 2 000 dollars, jusqu’à cinq jours de salaire pour ceux gagnant plus de 5 000 dollars par mois. De plus, les Équatoriens possédant un patrimoine de plus d’un million de dollars devront s’acquitter d’une somme exceptionnelle équivalant à 0,9 % de leurs biens. Et les entreprises devront verser 3 % de leurs bénéfices.

L’État envisage également vendre certains de ses actifs et solliciter une aide de 600 millions de dollars auprès de la Banque mondiale et d’autres bailleurs internationaux. Enfin, le Président a lancé l’idée de créer un “secrétariat sud-américain aux risques”, un mécanisme régional de coordination permettant de réduire les coûts des équipements pour les pays de la région et mobiliser plus rapidement des secours en cas de catastrophe naturelle. Le 23 avril dernier, le président équatorien a annoncé une période de deuil national de huit jours et a remercié tous ceux qui ont manifesté leur solidarité envers le peuple équatorien. Mais il faudra attendre de nombreuses années pour que l’Équateur efface les stigmates de ce drame.

Mara KOLB

Photo (CC) : Comunidad de Madrid