Sortie du film “El Clan” et présentation du film mexicain “Soy Nero” à la Berlinale.

Ce mercredi, découvrez sur vos écrans El Clan le nouveau film du réalisateur argentin Pablo Trapero.

Le film s’inspire d’une histoire vraie, celle de la famille Puccio, et se déroule à cheval sur les dernières années de la dictature militaire et l’avènement de la démocratie. Dans l’Argentine des années 80, un clan machiavélique auteur de kidnappings et de meurtres vit sous l’apparence d’une famille ordinaire dans un quartier tranquille de Buenos Aires. Le clan est mené d’une main de fer par Arquimedes, le patriarche. Il contraint Alejandro, son fils aîné, une star du rugby évoluant dans la mythique équipe nationale, Los Pumas, ainsi protégé de tous soupçons par sa popularité, à lui fournir des candidats au kidnapping.

Le clan est présenté comme menant deux vies bien distinctes : celle de vie de famille ordinaire d’un côté, puis, à l’opposé, celle de kidnappeurs et d’assassins sans scrupule. Chez les Puccio, on dîne en feignant d’ignorer les cris d’une victime enfermée dans la cave. Cette séquence marque bien comment ces enlèvements et meurtres ne perturbent en rien la vie de cette famille sous l’autorité d’un père démoniaque, magistralement interprété par Guillermo Francella, une star comique de la télévision. Mais le contexte politique de l’époque n’explique pas tout.

“L’idée, explique le réalisateur, était de partager avec le spectateur ce qu’avait été mon trouble à mesure que je découvrais l’ampleur dramatique de la vraie histoire. Au début, face à tant d’incohérences, j’étais très désorienté. Or je me suis dit que j’aimerais que les gens dans la salle éprouvent le même trouble ; qu’ils sortent de la zone de confort qu’on recherche habituellement lorsqu’on va au cinéma et découvrent l’histoire dans le désordre angoissant dans lequel, avec mon équipe, nous l’avions découverte avant eux. En filigrane, le film peut être vu aussi comme la radiographie d’une société terriblement inhumaine et atroce. Beaucoup d’autres ‘Puccio’ sont aujourd’hui en liberté. Pour eux, la protection existe toujours… Avant de peaufiner son business macabre, Arquimedes Puccio avait sévi en toute impunité pendant plus de dix ans : au début des années soixante-dix (avant donc la dictature militaire), agissant au sein d’un groupe d’extrême droite, il avait par exemple déjà été accusé de trafic d’armes, mais était resté en liberté. Il appartenait alors au Service Diplomatique de Perón et bénéficiait clairement de protections en haut lieu. J’ai préféré centrer le film sur les quatre enlèvements les plus connus, opérés entre 1982 et 1985. Une période charnière de notre histoire récente, car à cheval entre la fin de la dictature et le début de la démocratie.”

Pablo Trapero est sans doute le meilleur réalisateur d’Argentine. Admirez la photographie et le montage. Le film ne s’est pas fait sans mal car beaucoup ne voulaient pas croire à la culpabilité des Puccio. On peut penser à Martin Scorcese, mais sans la grâce, et surtout à Pablo Larraín, le réalisateur de El club, où dans son film Tony Madero, un fan de La fièvre du samedi soir devenait, sous l’époque fasciste un tueur en série. Le film rencontre déjà un grand succès comme l’explique son réalisateur au journal Le Monde : “Un an plus tard, El Clan était devenu le plus gros succès de l’histoire du cinéma argentin, avec plus de 2,6 millions d’entrées, dans un pays qui compte 43 millions d’habitants. Ce succès a pris des proportions hors du commun. ‘La maison où étaient détenues les victimes d’enlèvement est devenue une espèce de Puccioland, où les gens prenaient des selfies’, observe Trapero”. (1)

Alain LIATARD

Découvrez la bande annonce du film

 

Le Mexique à la Berlinale 2016 (11 février- 20 février)

Avec la co-production Soy Nero, en compétition pour l’Ours d’Or et d’Argent, le Mexique est le seul pays d’Amérique latine qui participera au Festival international du cinéma de Berlin, aussi connu sous le nom de Berlinale. Le film y sera projeté en avant-première avant sa sortie mondiale quelques jours plus tard.

Soy Nero est une co-production allemande, française et mexicaine. Son réalisateur est le cinéaste anglo-iranien Rafi Pitts, déjà primé à la Berlinale. Ce film traite d’une réalité contemporaine, l’immigration des mexicains vers les États-Unis d’Amérique qui traversent la frontière nord. L’histoire est celle de jeunes garçons mexicains et américains, qui jouent au volley-ball, chacun dans leurs pays respectifs et qui utilisent comme filet le mur de métal qui sépare les États-Unis du Mexique.  Ce jeu est une métaphore du sentiment nationaliste qui peut les habiter.

 

(1). Le Monde, du 09 février 2016, par Thomas Sotinel. SITE.
(2). Amqueretaro, du 10 février 2016. SITE.