À Lyon, la “Cantate du Cinquième soleil” en hommage à Bartolomé de las Casas…

Figure de la communauté chrétienne de Lyon, le père dominicain François Biot est aussi l’un des instigateurs d’échanges entre Europe et Amérique latine, qui va permettre de faciliter les contacts entre les deux cultures, notamment grâce à la Cantate du Cinquième soleil. Le concert du dimanche 24 janvier à l’Eglise du Saint Nom de Jésus à Lyon à 18 heures, sera donc une nouvelle opportunité d’entendre cette œuvre unique. Elle sera exécutée une nouvelle fois par le groupe chilien Pirca et la Chorale populaire de Lyon dans le but de financer l’enregistrement de cette cantate au printemps 2016.

Dans les années quatre-vingt, le père François Biot était le prieur Biot du couvent dominicain Sainte Marie de la Tourette, construit par Le Corbusier à Eveux, à quelques kilomètres de Lyon. Il y avait fondé un centre d’échanges entre l’Europe et l’Amérique-Latine, appelé Espace Bartolomé de La Casas. Cet espace a fonctionné pendant plus de 12 ans. Le Père François Biot était alors comme un ambassadeur de la théologie de la libération en France. Il était aussi engagé pour la Paix : pendant cinq ans, il a été le secrétaire du Mouvement de la Paix, une ONG créée en 1948, et intègre l’Association nationale de jeunesse et d’éducation populaire en France.

Dans le Centre “Bartolomé de las Casas”, beaucoup de rencontres étaient organisées. Il était doté d’une revue Échanges. Le père Biot aimait aussi à l’art et la musique, et une grande fête latino-américaine était organisée une fois par un. C’est à l’occasion d’une de ces grandes fêtes organisée par l’Espace Bartolomé de Las Casas, au mois de juin, que le père François Biot contacte Stephen Honeyman, du Groupe Pirca pour lui proposer de recréer la Cantate Caïn et Abel, dite des Droits de l’Homme.

Cette œuvre écrite par le prêtre et poète chilien Esteban Gumucio et mise en musique par Alejandro Guarello, avait été enregistrée, dans la plus grande clandestinité au Chili en 1979. Le pouvoir en place ne réussit pas à l’interdire, toutefois, il peut en interdire sa diffusion à la radio. Le disque circule quand même, sous le manteau, et traverse les frontières. Il se vend largement en Europe, permettant ainsi de récolter des fonds pour le Vicariat à la Solidarité du diocèse de Santiago du Chili.

Est-ce par le biais du disque de la cantate qui circule en Europe ou par un tout autre moyen que le Père François Biot la découvre ? Toujours est-il que c’est par ce prêtre dominicain que la cantate sera donnée pour la première fois en France et ce sera le compositeur lui-même, Alejandro Guarello, qui viendra du Chili pour diriger son œuvre en mai 1983 au couvent de La Tourette, interprétée par le groupe Pirca, la Chorale Populaire de Lyon et l’orchestre Telemann de Saint Étienne. Un enregistrement sera même réalisé par l’Espace Bartolomé de las Casas, en 1984.

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La Cantate du cinquième soleil, hommage à Bartolomé de las Casas

Après le succès de la Cantate des Droits de l’Homme, le père Biot a proposé à Alejandro Guarello de composer une nouvelle cantate, la Cantate du Cinquième Soleil, en hommage à Bartolomé de las Casas, sur un texte du poète chilien Stephen Honeyman. L’écriture s’inspire des poèmes aztèques (comme Fleurs et chants) et du style occidental des paraboles en lien avec les actions de Bartolomé de Las Casas. La Cantate du Cinquième Soleil est construite sur des thèmes empruntés au plus profond passé culturel des indiens d’Amérique latine, bien avant la conquête.

Les indiens se représentaient alors l’évolution du monde comme une succession de périodes cycliques ou ‘soleils’ : au cours des siècles, naît vit et meurt chaque soleil. Le poète considère que le 5e soleil a commencé au moment de l’invasion et de la conquête espagnoles, puis de la colonisation et du génocide des indiens. C’est une période d’esclavage, de massacres, de dictatures et d’interventions étrangères qui se prolonge jusqu’à aujourd’hui. Les solistes et le chœur évoquent ce drame, le silence et l’absence des divinités protectrices. Et la cantate se conclut par un chant d’espoir dans la naissance, que tous espèrent proche, d’un monde sans prisonniers : l’ère nouvelle du 6e soleil.

La première de la Cantate du Cinquième Soleil eut lieu, de nouveau à Eveux en juin 1986, sous la direction de René Giovagnoli.Une dernière représentation aura lieu en avril 1989 à Brignais. Toujours sous le direction de René Giovagnoli , cet événement a ressemblé près de 100 choristes et musiciens, avec la Chorale Populaire de Lyon, l’ensemble vocal Le Tourdion et l’ensemble Orchestral de Lyon Région.

La reprise de la cantate du cinquième soleil

En février 2015, la cantate est à nouveau présentée à Eveux, presque trente ans après sa création en hommage à celui qui en fût le commanditaire, François Biot. Elle est dirigée par Martine Lecointre et exécutée par l’ensemble Winwenad, les anciens membres du groupe Pirca, le guitariste chilien Ivan Latapiat, l’orchestre Jeu de Cordes de Givors et la Chorale Populaire de Lyon. La salle est comble et l’hommage émouvant, malgré des conditions techniques très difficiles. Le concert du dimanche 24 janvier à l’Eglise du Saint Nom de Jésus à Lyon, sera donc une nouvelle opportunité d’entendre cette œuvre unique. Elle sera exécutée une nouvelle fois par ceux le groupe chilien Pirca et la Chorale populaire de Lyon dans le but de financer l’enregistrement de la Cantate au printemps 2016.

Edicto GARAY

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