Cinéphiles en Rhône-Alpes

Comme aucun film latino n’est annoncé  sur les écrans cette semaine, je me permets de vous retransmettre trois news qui peuvent vous intéresser nos lecteurs cinéphiles, les préparatifs du prochain festival Lumière avec Martin Scorsese, la création de CinéFabrique et les documetaires  à Lussas.

Le prix Lumière 2015

En octobre le prix Lumière sera attribué au cinéaste américain Martin Scorsese. Il lui sera remis lors du festival Lumière qui se tiendra à Lyon et dans le Grand Lyon (désormais Métropole de Lyon) du lundi 12 au dimanche 18 octobre 2015. Décerné par l’Institut Lumière, le prix Lumière est attribué à Martin Scorsese pour l’ensemble de son œuvre, pour sa cinéphilie généreuse, pour son inlassable combat en faveur de la sauvegarde du cinéma du passé, pour ses fictions, pour ses documentaires, pour son amour de la musique, pour sa bienveillance à l’égard des jeunes cinéastes du monde entier, et aussi pour son rire tonitruant. En prolongement naturel de son amour pour les films, il a créé la World Cinema Foundation destinée à aider les pays en voie de développement à préserver leurs trésors cinématographiques. C’est ainsi qu’a été restauré “Les révoltés d’Alvarado” réalisé au Mexique en 1936 par le jeune Fred Zinneman (l’auteur du “Train sifflera trois fois”) et du Mexicain Emilio Gómez Muriel, photographié par Paul Strand, sur les pêcheurs d’Alvarado – le film est disponible en DVD dans le vol.1 de la Word Cinema Foundation chez Carlotta. Par ailleurs la Cinémathèque française présentera à Paris à partir d’octobre 2015 une grande exposition qui lui sera consacrée. Martin Scorsese a réalisé 23 longs métrages. Il est également le réalisateur de nombreux documentaires, dont la plupart sur des figures importantes de la musique (George Harrison, les Rolling Stones, Bob Dylan) ou du cinéma (ses différents “voyages” dans le cinéma américain ou le cinéma italien, et Elia Kazan). Le festival invitera également, entre autres, Nicolas Winding Refn et Sophia Loren, présentera les films d’animation de Pixar, organisera des rétrospectives Kurosawa et Julien Duvivier. La société Gaumont fêtera ses 120 ans. Une nuit fera peur. De nombreuses séances auront lieu dans les différentes salles de la Métropole. À noter que la soirée d’ouverture est déjà complète. Voir le site.

Création de la CinéFabrique à Lyon

Première école nationale publique de cinéma à Lyon. La CinéFabrique, sous la direction de Claude Mourieras, cinéaste d’origine lyonnaise, ouvrira ses portes en septembre 2015. Elle proposera un cursus sur trois ans, avec la possibilité de faire la troisième année en alternance, grande nouveauté pour une école de cinéma. Elle est ouverte aux jeunes de 18 à 25 ans.

La diversité au cœur du projet. Cette école post-bac, à laquelle on pourra accéder sans être bachelier ou diplômé, met l’accent sur la diversité sociale et culturelle. Une école “ouverte à tous”, dont les critères d’entrée seront innovants. En plus de l’examen d’entrée, les critères de sélection mettront en avant l’expérience et les capacités des futurs élèves : réalisation de portfolio, de courts-métrages, des autoportraits.

Tarif universitaire pour les étudiants. Le financement de la CinéFabrique, divisé entre le CNC (Centre National du Cinéma), les collectivités et la taxe apprentissage, s’élève à 2 millions d’euros pour un accueil d’environ 110 étudiants, soit 30 par promos. Le tarif annuel de l’école sera similaire à celui d’une année universitaire, l’objectif de Claude Mourieras n’étant pas d’en faire une école élitiste. Soutenu par Jean-François Carenco, ancien préfet de région, et Abderrahmane Sissako, réalisateur du très beau film “Timbuktu”, le projet ne dispose pour l’instant que d’un pied-à-terre temporaire à la SEPR (Société d’Enseignement Professionnel du Rhône). Voir le site.

États généraux du documentaire de Lussas

Comme chaque année les fans du documentaire se réuniront du dimanche 16 au samedi 22 août dans le petit village de Lussas en Ardèche pour aborder les différentes facettes du documentaire. Le thème cette année est : préserver le temps et l’espace du regard. Pour les organisateurs, Pascale Paulat et Christophe Posticc’est penser le temps et l’espace de la représentation, là où s’inventent des formes et des récits, dans un environnement où la vitesse transforme les pratiques et le regard sur les images. Dans les ateliers de cette édition, nous prendrons le temps de penser les mutations techniques et esthétiques, d’interroger la rencontre entre scène thérapeutique et cinématographique, et de nous plonger dans la création de la fable documentaire. La parole des réalisateurs sera au cœur d’une expérience partagée avec le public. Les écarts nous les travaillerons également de l’œuvre de Marc Karlin à celle de Michael Snow, de l’imposant Homeland (Irak année zéro) qui nous plonge aux côtés de son réalisateur, Abbas Fahdel, dans le Bagdad d’avant et d’après la guerre en Irak, jusqu’au magnifique Les Mille et Une Nuits de Miguel Gomes. Ces films qui s’inventent seront aussi à l’honneur dans “Expériences du regard” et “Tënk!”. Ils n’existeraient pas sans l’obstination et la conviction de ceux qui les fabriquent dans des conditions de précarité qui n’ont cessé de s’accentuer. Des films dont l’existence fragilisée depuis de nombreuses années déjà est aujourd’hui violemment menacée par des perspectives de financements réduites à peau de chagrin. C’est le devenir de la création audiovisuelle documentaire qui est en jeu et pour lequel nous nous mobiliserons avec le collectif  “Nous sommes le documentaire”. Signalons aussi un focus sur le documentaire espagnol, de la dictature à aujourd’hui.  N‘hésitez pas à passer par Lussas. C’est très sympa.

 Alain LIATARD