Hollande-Castro : un couple gagnant ?

Lors de son voyage dans les Caraïbes, François Hollande, s’est rendu à Cuba le lundi 11 mai 2015 pour la première fois. Participant ainsi au ballet diplomatique que vit l’île depuis peu, le président français veut s’assurer des bonnes relations économiques entre les deux pays avant la possible levée de l’embargo.

Lundi 11 mai 2015 est une journée historique pour les relations diplomatiques franco-cubaines : le président français François Hollande a officiellement rencontré Raúl Castro, opérant ainsi à un rapprochement entre les deux pays. Le chef d’État socialiste se veut pionnier dans le retour de Cuba sur la scène internationale, en étant le premier président membre de l’Union européenne à se rendre sur l’île depuis l’embargo. Il est aussi le premier président français qui visite Cuba depuis son indépendance en 1898.

9e partenaire commercial de l’île, après le Canada, la Chine, la Russie, le Brésil et d’autres pays de la Caraïbe, la France a toujours soutenu Cuba auprès de ses partenaires européens et auprès de la communauté internationale : depuis 1991, la France vote systématiquement pour la levée de l’embargo aux Nations Unies. Dès les signes d’ouverture du régime castriste, elle encourageait l’assouplissement des restrictions commerciales. On comprend dès lors le but de la visite éclair du président socialiste à Cuba : renforcer le bon établissement des entreprises françaises déjà implantées à Cuba, à l’image de Havana Club, producteur de rhum et, par ce biais, nouer des relations plus fortes avec l’Amérique du Sud pour développer l’accès aux marchés latino-américains. La rencontre franco-cubaine s’annonce donc sous le signe de la diplomatie économique.

Cette démarche, on l’espère, est aussi l’occasion d’aborder les questions environnementales, avant la nouvelle séance de négociations internationales sur le changement climatique qui se déroulera à Paris du 4 au 15 juin prochain. En revanche, les valeurs occidentales démocratiques comme la liberté d’expression n’ont pas fait partie des thématiques abordées par le président de la France. Le même François Hollande qui, en 2003, publiait une tribune sur les droits de l’homme, alors que 75 dissidents étaient arrêtés et condamnés par le régime dictatorial cubain, ne s’est pas prononcé sur les questions démocratiques au moins en public. Le printemps noir, mis en sourdine 12 ans plus tard, ne semble pas constituer un frein à l’intégration internationale d’une Cuba plus libérale.

Elisa JUSZCZAK