Les bonnes actions des “gens de bien”

Franco Lolli est né en 1983 à Bogotá, Colombie. Il a fait des études de cinéma dans le département réalisation de La Fémis à Paris. Son film de fin d’études, Como todo el mundo, a été sélectionné dans plus de cinquante festivals internationaux. Le film a remporté en tout vingt-six prix, dont le Grand Prix du Jury au festival de Clermont-Ferrand. Son second court-métrage, Rodri a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs en 2012. Gente de bien, dont le scénario a été écrit pendant sa résidence à la Cinéfondation du Festival de Cannes est son premier long-métrage.

Franco Lolli fait partie des six réalisateurs lauréats en 2012 de la Fondation Groupama Gan pour le cinéma, qui aide à financer les premiers longs-métrages. Gente de bien a également bénéficié d’un soutien à l’écriture de Ciclic-Région Centre. Il a été présenté à La Semaine de la Critique à Cannes en 2014.

“J’ai fait mes études de cinéaste en France, me suis construit ici. À partir de là, il était comme normal que mon film soit coproduit par mon pays d’origine et celui d’adoption. Et si la France participe au cinéma d’auteur latino, j’ai le sentiment que le colombien connaît de lui-même un nouveau souffle via une nouvelle vague de cinéastes.”

“En français comme en colombien, l’expression Gente de bien a deux significations différentes : les personnes qui font le bien et ceux de bonne famille, qui possèdent des biens matériels. Mon film joue sur cette confusion. D’un côté cette femme qui pense faire une bonne action en enlevant un fils à son père, de l’autre cet enfant qui intègre le temps d’un été une classe sociale supérieure à la sienne. Ce dernier point est à la base de Gente de bien, mais je voulais montrer la lutte des classes sous l’angle de l’intime. À mes yeux, c’est avant tout un film sur la famille. Même si je me suis rendu compte en l’écrivant que je faisais une connexion étrange, inconsciente, entre les rapports de famille et ceux d’argent : la question de l’abandon est pour moi liée à celle de basculer d’une classe à une autre.”

“Un cinéaste fait toujours le même film, ajoute-t-il, même s’il s’y prend de manières différentes. Dans mon cas, il n’y a finalement que peu de choses qui me travaillent, intimement, profondément. À savoir : la question de la famille et de la filiation, les rapports de classe et le rapport à l’argent. Curieusement tous ces sujets sont, à mes yeux, imbriqués. Ça doit venir de ma propre expérience : j’ai grandi seul avec ma mère, et connu des périodes très dures financièrement tout en appartenant à un milieu colombien riche. Tout ça s’est mélangé pour aboutir aux thèmes récurrents de mes courts-métrages, puis de Gente de bien.”

Le film est très émouvant et décrit très bien les intentions du cinéaste. Un gamin ballotté entre sa mère, son père et des bourgeois soi-disant bien intentionnés. Le plus dur pour nous spectateurs c’est de remarquer que la cruauté, la lutte des classes commence dès l’enfance.

Alain LIATARD

Les citations sont extraites du dossier de presse et du catalogue de la Semaine de la Critique, Cannes 2014