Les faits de l’actualité du 8 au 12 avril 2014

8 avril – PÉROU – L’assassinat d’Ezéchiel Nolasco, adversaire du président régional d’Ancash, César Álvarez, ajoute une nouvelle victime d’homicides, aux journalistes et aux responsables politiques qui ont dénoncé la corruption dans la gestion de César Álvarez. C’est la huitième victime de ce type qui a déclenché la réaction du Procureur du Congrès et du Contrôleur pour finalement enquêter sur ce qui se passe. Dans sa chronique bimensuelle, le politologue américain Steven Levitsky décrit la gestion de César Álvarez comme “l’autoritarisme infranational”, et a précisé que ce genre de leader “ne peut pas survivre sans la complicité du gouvernement national : il a toujours des alliés dans le pouvoir judiciaire, au Congrès et au pouvoir exécutif.”

8 avril – COLOMBIE – Le fleuve Bogotá, l’un des fleuves les plus pollués au monde où sont déversés les déchets de 8 millions d’habitants, est soumis à une titanesque tâche de décontamination. Le dragage de cette voie navigable de 380 km de long sera bénéfique pour l’environnement, pour ceux qui vivent sur ses rives et qui sont exposés à des problèmes de santé graves. La rivière Bogotá n’est pas un cas isolé en Amérique latine : on estime que 100 millions de personnes vivent dans les zones urbaines qui ne répondent pas aux exigences minimales de qualité de l’environnement, en particulier près des rivières où s’immobilisent 70% des eaux usées.

8 avril – MEXIQUE – Deux nouvelles accusations de torture dans les États de Michoacan et de Guerrero, au sud du Mexique, montrent que, selon les rapports des organisations internationales, les abus de la police sont fréquents chez les agents mexicains. Les plaintes ont triplé au cours des sept dernières années. Seulement entre janvier et septembre 2013, 860 plaintes ont été enregistrées. Le dernier rapport d’Amnesty International recommande que les autorités mexicaines doivent prendre “des mesures efficaces” pour ne pas violer leurs promesses “devant la communauté internationale” en termes de respect des droits humains.

8 avril – BOLIVIE – Une nouvelle loi vise à attirer l’investissement étranger en Bolivie.  La réforme renforce le rôle principal de l’État bolivien de prendre en charge le contrôle des secteurs stratégiques de développement économique : la production de gaz et de pétrole et  l’extraction de matières premières minérales. Le président de la Confédération des employeurs privés, Daniel Sanchez, estime que la nouvelle loi est très positive, mais admet qu’elle n’a pas établi précisément des incitations à l’investissement. “Il n’y a pas de stimulants fiscaux et il faut travailler le projet de loi pour régler les différends et établir les arbitrages”, a-t-il déclaré publiquement.

8 avril – COSTA RICA – Le plus grand producteur mondial de microprocesseurs, la multinationale Intel, a annoncé la fermeture de son unique usine de production en Amérique centrale et le licenciement progressif de 1 500 travailleurs, 17 années après son installation dans le pays. Intel est devenu un étendard de modernisation de l’économie nationale, avec 20,7 % du total des exportations du Costa Rica. L’annonce a été faite deux jours seulement après la victoire du parti de l’opposition au Costa Rica, avec Luis Guillermo Solis en tant que président.

8 avril – ARGENTINE – Susana Trimarco, “mère courage”argentine, l’héroïne qui est parvenue à se déguiser  en prostituée pour rechercher sa fille dans les bordels les plus obscurs du  pays, le symbole de la lutte contre la traite des Blanches, la mère de Marita Verón – vue pour la dernière fois il y a 12 ans dans la province argentine de Tucumán – peut aujourd’hui respirer plus paisiblement. Sa fille est toujours disparue mais un tribunal de Tucumán composé de trois juges s’est prononcé pour des peines allant de 10 et 22 ans pour les 10 accusés de l’enlèvement et de la prostitution de Marita Verón. La “Mère Courage” de l’Argentine obtient une victoire judiciaire.

9 avril – VENEZUELA Entre espoir et scepticisme, le Venezuela se préparait  pour assister à un processus sans précédent de dialogue entre le gouvernement de Nicolas Maduro et l’opposition, toujours représentée par l’alliance de la Mesa de la Unidad Democrática (MUD). Le Vice-président Jorge Arreaza, pour le gouvernement, et le chef de MUD, Henrique Capriles, pour l’opposition, ont annoncé qu’ils se préparaient à entamer des pourparlers “en vertu de la Constitution” pour réduire les tensions politiques. Le gouvernement a invité le Secrétaire d’État du Vatican, Pietro Parolin, à participer au dialogue en tant que témoin de bonne foi “pour accompagner le dialogue global qui se déroule actuellement au Venezuela et a le soutien des ministres des Affaires étrangères de l’Union des nations sud-américaines (Unasur)”

9 avril – MEXIQUE – La guerre permanente entre cartels pour le contrôle de l’état de Tamaulipas à la frontière avec les Etats-Unis inquiète à nouveau après une vague de violence qui a provoqué 31 assassinats liés à la drogue. Ceci se produit quelques jours après que  la ville de Reynosa soit devenue un champ de bataille pour l’arrestation d’un chef de file du cartel du Golfe. Le maire de Tampico affirme que dans sa ville les tueries sont dues aux querelles au cartel du Golfe. Contrairement à l’état du Michoacan, le silence habituel de Tamaulipas a aussi à voir avec la faiblesse de la société civile.

9 avril – ARGENTINE – Rosario, la municipalité avec le taux d’homicides le plus élevé en Argentine, a vécu la plus grande opération contre le trafic de drogue de l’histoire du pays. Trois mille policiers appuyés par sept hélicoptères ont  mené simultanément 89 raids et arrêté 20 personnes dans cette ville d’un million d’habitants située à trois heures de route de Buenos Aires. Deux mille hommes de troupes déplacés vont rester dans la ville pendant plusieurs mois pour “pacifier le territoire”, a déclaré lors d’une conférence de presse le secrétaire à la Sécurité Sergio Berni. L’opération se produit au milieu d’une vague de lynchages par des voisins contre des malfaiteurs, symptôme de la défiance envers la police et la justice. L’insécurité est devenue la préoccupation majeure de l’Argentine et les politiciens utilisent comme arme électorale pour se projeter sur le chemin de l’élection présidentielle de 2015.

10 avril – MEXIQUE – Le président mexicain Enrique Peña Nieto a reçu François Hollande dans la capitale mexicaine pour une visite d’état dans le but de relancer les liens entre les deux pays. Parmi les thèmes abordés les présidents ont parlé des conseils que la France pourrait apporter sur la question de la gendarmerie nationale qu’Enrique Peña Nieto a annoncée au début de son gouvernement, mais qui a été retardée au mois de juillet. De plus, un autre point important est la coopération économique entre les deux pays sur le prochain lancement de la réforme de l’énergie impulsée par Peña Nieto avec l’État mexicain pour conclure des accords avec des entreprises nationales et étrangères pour l’exploitation des carburants. 42 accords ont été signés entre les deux pays.

10 avril – ARGENTINE – Trois des cinq syndicats argentins, (les trois de l’opposition, deux péronistes et un de gauche), ont paralysé le pays avec une grève générale contre le gouvernement de Cristina Fernández de Kirchner pour protester contre une inflation de 32 %, la réduction des subventions des tarifs du gaz et de l’eau et pour des augmentations de salaires. En outre, les partis de la gauche trotskiste, qui gagnent en popularité parmi les électeurs et dans les syndicats, ont montés à travers le pays  5O barrages sur les autoroutes, les routes et les rues pour empêcher la circulation des véhicules. Il s’agissait de la deuxième grève générale contre le gouvernement péroniste.

10 avril – SALVADOR – Le procureur pour la défense des droits de l’homme, David Morales, se félicite de la poursuite de la procédure pénale dirigée contre l’armée salvadorienne qui “a assassiné six jésuites et deux de leurs collaborateurs le 16 Novembre 1989” fait qui est passé à l’histoire comme un des crimes les plus marquants commis par l’armée pendant la Guerre civile (1980-1992). Cinq des prêtres tués étaient espagnols, y compris des figures importantes de la Théologie de la Libération : Ignacio Ellacuría et Ignacio Martín-Baró. David Morales, un expert en droits de l’homme, a critiqué les récentes réformes législatives en Espagne qui, à son avis, “limitent l’application du principe de justice universelle”.

11 Avril – NICARAGUA – La terre a tremblé avec une force de magnitude de 6,1 sur l’échelle de Richter. Selon les autorités de ce pays d’Amérique centrale, la secousse a fait un mort, 33 blessés et 822 maisons endommagées. Le gouvernement de Daniel Ortega a décrété une alerte rouge dans les provinces de León et de Managua, où le séisme a été ressenti le plus fortement. L’Institut nicaraguayen des études territoriales (INETER) a indiqué que, après le violent tremblement de terre, dont l’épicentre était sur les rives du lac de Managua, à une profondeur de 10 km, il y a eu plus de 350 répliques, dont six de plus de 4 sur l’échelle de Richter. Le président Daniel Ortega n’a fait face qu’après onze heures, soit six heures après le séisme.

11 avril – AMÉRIQUE LATINE – Un tiers de près d’un demi-million de personnes qui sont décédées en 2012 d’homicides vient d’Amérique : le Honduras (90,4), le Venezuela (53,7), Belize (44,7), le Salvador (41,2) et le Guatemala (33,9) sont les cinq pays ayant le plus d’homicides par 100 000 habitants, selon une étude de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) mise à jour à partir des données de 2012. L’Amérique avec plus de 157 000 meurtres est le continent en tête, devant l’Afrique (135 000), l’Asie (122 000), l’Europe (22 000) et Océanie (1100). “La principale raison pour laquelle tant de morts violentes [en Amérique] est certainement le crime organisé”, a déclaré Angela Me, chercheur de l’ONU, qui a coordonné l’étude.

12 avril – CHILI – Le gigantesque incendie qui s’est déclenché dans le port chilien de Valparaíso a fait au moins douze morts, a détruit 500 maisons et forcé l’évacuation de 10 000 personnes, selon le dernier bilan. La ville a 250 000 habitants est le siège du Parlement et de la marine chilienne. La présidente Michelle Bachelet a décrété l’état d’exception pour que les Forces Armées collaborent aux tâches d’extinction du feu. Pour sa part, Bachelet a voyagé à la première heure de dimanche à Valparaiso pour connaître de première main l’ampleur de l’incendie. Les mauvaises conditions climatiques mais surtout le vent abondant ont amené l’incendie à s’étendre vers des zones habitées de la ville.

Guy MANSUY