Les faits de l’actualité latino-américaine du 27 janvier au 2 février 2014

26 janvier – MEXIQUE – L’un des plus grands écrivains, José Emilio Pacheco, est décédé à Mexico à 74 ans. Allergique à la louange il avait l’habitude de dire qu’il n’était pas encore le meilleur écrivain de son quartier. Juan Gelmán, qui est mort il y a dix jours, était son voisin. Lauréat en 2009 du prix Cervantes et du prix de poésie ibéro-américain de la reine Sofia, José Emilio Pacheco sera incinéré parce qu’il ne souhaitait pas passer l’éternité enfermée dans une boîte.

27 janvier – CHILI-PÉROU – La Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye a clos un litige frontalier séculaire (photo) entre le Pérou et le Chili. L’arrêt de la justice internationale a favorisé les Péruviens tout en ménageant les intérêts chiliens. Cette décision a permis à l’État péruvien d’étendre son « droit souverain sur un espace maritime de 50 000 km2, soit 70 % de l’espace total que réclamait le Pérou », a déclaré le président péruvien Ollanta Humala, qui a qualifié le moment d’« historique ». Malgré l’insatisfaction suscitée par le verdict, le Chili exprimé sa volonté de respecter la justice internationale.

28 janvier–NICARAGUA – Le Parlement nicaraguayen a adopté un amendement constitutionnel permettant au président, Daniel Ortega, d’être réélu indéfiniment. Avant cet amendement, la Constitution n’autorisait que deux mandats présidentiels. La réforme supprime également le seuil de 35 % des voix à atteindre pour être élu président et le remplace par une majorité relative, éliminant au passage le second tour de scrutin. Dirigeant du Front sandiniste de libération nationale, Daniel Ortega a été président de 1985 à 1990. Réélu fin 2006, puis en 2011, il souhaite briguer un nouveau mandat en 2016. La réforme autorise également la nomination de militaires et de policiers au gouvernement et confère le droit de légiférer par décret.

28-29 janvier – CELAC – Le régime cubain s’est offert un succès diplomatique en accueillant à La Havane le deuxième sommet de la Communauté des États latino-américains et caribéens (Celac). Presque tous les chefs d’État de la région étaient au rendez-vous, à l’exception des présidents du Salvador et du Panamá. Les 83 points de la déclaration finale, souhaitent faire de l’Amérique latine une zone de paix – les conflits régionaux se régleront désormais uniquement par un dialogue pacifique -, prônent l’engagement dans la lutte contre la pauvreté et l’analphabétisme, encouragent la sécurité alimentaire, le développement agricole. De même, ils favorisent la coopération technique et scientifique et l’intégration économique et financière des 33 pays de la région. Pour la première fois depuis l’arrivée au pouvoir de Fidel Castro, en 1959, le secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA), le socialiste chilien José Miguel Insulza, a été invité à La Havane. Outre les 33 pays membres de la Celac, l’OEA comprend aussi les États-Unis et le Canada. En marge du sommet, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a déployé un activisme inhabituel, rendant visite à Fidel Castro, à l’instar des présidents du Brésil et du Mexique. Le Costa-Rica, défenseur historique des droits de l’homme sur le continent, présidera la Celac en 2014.

29 janvier – BRÉSIL – La présidente brésilienne Dilma Rousseff a profité du sommet du Celac pour inaugurer les travaux sur le port de Mariel. Ce dernier a été construit par la compagnie brésilienne Odebrecht grâce à un investissement de 1 092 millions. « Le Brésil veut devenir le principal partenaire de Cuba« , a déclaré Dilma Rousseff lors de l’inauguration du port, aux côtés du président cubain Raúl Castro.

29 janvier–MEXIQUE – Le président mexicain Enrique Peña Nieto, est arrivé à La Havane avec un double objectif : participer au sommet du Celac et effectuer une visite officielle sur l’île afin d’achever la reconstruction d’une relation historiquement privilégiée mais détériorée au cours des trois dernières présidences. Dans un article publié dans le journal du gouvernement cubain Granma, Enrique Peña Nieto a fait allusion à la haute affinité qui lie les deux pays « comme étant la base d’une relation d’amitié constante et privilégiée ». Il a également appelé à l’intégration commerciale de l’Amérique latine en blocs régionaux afin de construire un ensemble compétitif au niveau mondial. Le principal résultat de ces réunions a été l’annulation de 70 % de la dette que Cuba avait avec le Mexique.

29 janvier – CUBA – L’Union Éuropéenne confirme l’ouverture d’un partenariat commercial avec Cuba. Cuba a remporté un nouveau succès diplomatique après que les pays de l’Union européenne (UE) ont trouvé un consensus ouvrant des négociations avec Cuba pour la construction d’un nouveau cadre de relation. Toutefois les 28 continueront à appliquer la « position commune« , soit l’instrument conçu par le gouvernement espagnol de José María Aznar qui proscrit tout dialogue si aucun progrès n’est effectué concernant les droits de l’homme à Cuba. Le chef de la diplomatie de l’UE, Catherine Ashton, et la Commission européenne ont été autorisés à ouvrir des négociations.

30 janvier–MEXIQUE Rubén Gonzalez Oseguera a été arrêté à Jalisco. Il est le fils du principal capo du cartel de Jalisco Nouvelle Génération, Nemesio Oseguera Cervantes, mieux connu sous le nom Mencho. Ce groupe criminel dispute les routes du trafic de drogue aux Templiers dans trois états à l’ouest du pays. La capture a été confirmée par Monte Alejandro Rubido, secrétaire exécutif du Système national de sécurité publique. Il a indiqué que quatre personnes ont été arrêtées suite à l’opération, qui a débuté dans un quartier résidentiel de la région métropolitaine de Guadalajara, la deuxième la plus peuplée du Mexique.

2 février – COSTA RICA – Johnny Araya, le candidat du Parti libération nationale (PLN) au pouvoir au Costa Rica a annoncé qu’il allait disputer en avril un second tour face au candidat surprise de la présidentielle, le centriste Luis Guillermo Solis. Les deux candidats étaient crédités d’environ 30 % des voix chacun selon des résultats partiels portant sur environ 73 % des bureaux de vote. D’après ces tendances publiées par le Tribunal suprême électoral (TSE), le candidat de la gauche – autre favori des sondages – José Maria Villalta n’est finalement que troisième (17,2 %). Il est largement distancé par l’homme surprise de ce scrutin, l’historien Luis Guillermo Solis (centre-gauche). Selon le TSE, ce scrutin a enregistré une abstention record supérieure à 38 %, du jamais vu depuis un demi-siècle. Les électeurs renouvelaient aussi les 57 députés de l’Assemblée législative, aujourd’hui dominée par le Parti de libération nationale (PLN, centre droit) de la présidente Laura Chinchilla.

2 février – EL SALVADOR – Le Front Farabundo Martí de libération nationale (FMLN), l’ex-guérilla de gauche convertie en parti politique, qui gouverne actuellement le Salvador, a été à un point de la victoire lors de l’élection présidentielle. Selon les informations fournies par le Tribunal suprême électoral, le candidat du FMLN, Salvador Sanchez Ceren, a obtenu le soutien de 49 % des électeurs. De fait, il ne disposait pas de la majorité suffisante. Il y aura un second tour le 9 mars avec le candidat de la droite de l’Arena, Norman Quijano, qui a obtenu 39 % des voix. Le troisième avec 11,4 % est Elias Antonio Saca, le fondateur d’un nouveau parti de centre droit. Il a été président de l’Arena entre 2004 et 2009. La participation a été d’environ 52 % de l’électorat, soit moins 8 % par rapport à la présidentielle d’il y a cinq ans.

2 février – BRÉSIL – L’un des cinéastes les plus importants du Brésil, le documentariste Eduardo Coutinho de Oliveira (80 ans) a été poignardé à mort à son domicile dans le quartier de Lagoa, à Rio de Janeiro. Selon la police, son fils Daniel, 41 ans, serait l’auteur de l’assassinat. L’épouse du réalisateur Maria das Dores de Oliveira Coutinho, est entrée à l’hôpital dans un état très grave après avoir reçu cinq coups de couteau. La police suppose que, suite au crime, Daniel aurait tenté de se suicider mais sans succès. Le fils du réalisateur est blessé à l’abdomen et est actuellement hospitalisé au même hôpital que sa mère. Selon des voisins de la famille, cités par Folha de São Paulo, Daniel souffrirait de schizophrénie.

Guy MANSUY