« Le médécin de famille » de l’Argentine Lucía Puenzo

Au Festival de Cannes dans la sélection officielle Un Certain Regard, le dernier film de Lucía Puenzo, Wakolda (qui est  en salle depuis le 6 novembre dernier sous le titre  Le médecin de famille) était très attendu.

En effet après XXY en 2007,  El niño pez avait déçu en 2009. Cette fois nous sommes en Patagonie en 1960. Un médecin allemand rencontre une famille argentine  qui va à Bariloche ouvrir un hôtel. Il en devient le premier client et s’intéresse particulièrement à Lilith, une fillette de 12 ans trop petite pour son âge. Sa mère est enceinte. Ces argentins  sont peu à peu séduits par le charisme de ce ‘bon docteur’, son efficacité médicale, l’élégance de ses manières jusqu’à ce qu’ils comprennent qu’ils vivent avec un criminel nazi, Josef Mengele. Dans cette région peuplée d’Allemands, que l’on appelle la Suisse patagonienne, au bord d’un lac, un petit avion amène et repart d’une villa transformée en hôpital, des dignitaires que l’on ne voit jamais. Ainsi se mêle la grande histoire avec celle de cette  famille. Les prénoms des deux héroïnes ne sont pas anodins. Lilith fait référence à la Kabbale juive où elle est la première femme à se révolter. Eva, pour sa part, renvoie à la bible où cette femme subit la loi divine. Dans le film, Eva est sous le joug des prescriptions de son médecin.

On trouve aussi la thématique des précédents films de  Lucía Puenzo  (la construction des identités sexuelles et sociales, l’éveil de la conscience politique). Les dessins d’architecte du père s’opposent aux croquis du médecin.  Le monde noir s’oppose à la beauté des paysages enneigés. Un film à ne pas manquer et qui essaie aussi d’expliquer pourquoi les anciens nazis ont facilement pu émigrer en Argentine. Le roman d’où est tiré le film est sorti  chez Stock.

 Alain LIATARD

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