Rio à Annecy et la communauté du feu rouge

De ce lundi 10 au samedi 15 juin la ville d’Annecy organise l’incontournable festival international de film d’animation… avec des films du Brésil, Chili et Mexique et le mercredi 13 juin arrive en salle l’impressionnant film colombien la Sociedad del Semaforo – La Communauté du feu rouge...

Dès ce lundi 10 juin le festival international d’animation d’Annecy présente un nouveau visage avec l’arrivée du québécois Marcel Jean, délégué artistique du festival et le changement provisoire du lieu central du Festival, les anciens haras remplaçant le centre culturel de Bonlieu en travaux. Les orientations artistiques de celui qui est réalisateur, producteur et responsable de la Cinémathèque de Québec promettent une programmation riche et éclectique, s’ouvrant à des univers parfois méconnus.

Ainsi, l’édition 2013 du Festival visitera de nouveaux horizons : la Pologne est le pays invité, avec le cinéaste Jerzy Kucia, et une nouvelle programmation, « Animation Off-Limits », traverse les frontières du cinéma d’animation pour explorer d’autres techniques. Marcel Jean poursuit sa ligne éditoriale en proposant un programme consacré à la résistance et en offrant au public l’occasion d’élire le court métrage le plus drôle. Mais le festival c’est aussi les cinq programmes de courts métrages en compétition où l’on pourra voir Negros de Walter Hoyos (Argentine), l’histoire d’un crime étrange. En long, sera en compétition le film brésilien Uma historia de amor e furia de Luiz Bolognesi nous comptant quatre périodes de l’histoire du Brésil. Hors compétition, il y aura une histoire de zombies El Santos versus La tetona Mendoza d’Alejandro Lozano (Mexique), et Chile imaginario docu-animado, histoire imaginaire du pays par Claudio Díaz, ainsi que La Noria de Karla Castañeda (Mexique) sur la perte d’un enfant. Le Festival d’Annecy se déroule du 10 au 15 juin et comprend aussi des conférences et un marché, le MIFA où toutes les boites d’animation viennent chercher de nouveaux talents.

Les feux de signalisation comme image de Bogotá

Raúl, un paysan déplacé par la violence, vit désormais à un carrefour de Bogotá. Épris de liberté et aliéné par la drogue, il s’entête à vouloir contrôler la durée du feu rouge pour que vendeurs ambulants, acrobates ou handicapés aient le temps de mendier. Les feux de signalisation sont pour ces hommes leur vie et leur tombe. « Il y a une dizaine d’années, lorsque j’avais dix-sept ans, une idée furieuse m’obsédait chaque fois que j’allais à Bogota : j’implorais que les feux de signalisation soient tous au vert. C’était comme une sorte d’inertie chromatique. C’est vers cette époque que les feux de signalisation ont commencé à se changer en espace public, hommes, femmes et enfants de tout le pays arrivaient dans la ville pour essayer de vivre dans les recoins et leur inertie chromatique était inversement proportionnelle à la mienne : ils imploraient secrètement que le feu de signalisation reste au rouge, afin que les mendiants, éclopés, jongleurs, vendeurs de bonbons, laveurs de pare-brises, danseurs, qui débutaient dans un nouveau métier, puissent exercer leur activité pendant un maximum de temps. C’est aussi à cette époque que j’ai eu l’une des premières visions du film : un enfant pendu à un feu de signalisation, j’en garde encore aujourd’hui le dessin ».  Raconte Ruben Mendoza, réalisateur de La sociedad del semaforoLa Communauté du feu rouge. Il ajoute « Le film raconte Bogotá, vue d’en bas (et d’en bas elle parait gigantesque), comme un monstre apocalyptique qui sait mourir de rire, pendant qu’une armée de déments, des habitants de la rue et des cinéastes, lui font des chatouilles sous les pieds ». Voici un sujet original, plutôt bien filmé avec beaucoup d’humour. Ce film colombien a eu un peu de mal à trouver une diffusion rapidement. Il est à découvrir sur les écrans à partir du 12 juin.

À signaler à Paris une semaine du cinéma espagnol du 14 au 21 juin, avec Una pistola en cada mano, de Cesc Gay avec Ricardo Darín, Con la pata quebrada (Retourne à tes fourneaux), de Diego Galán  La femme telle que vue par le cinéma espagnol à travers pas moins de 180 extraits de films et Pinochet et ses trois généraux, de José María Berzosa.

Alain LIATARD

 Le Festival d’Annecy