Le film « Zahorí » de la réalisatrice argentine Marí Alessandrini en salle le 6 juillet 

Dans un décor magnifique filmé en écran large et qui rappelle un peu les grands espaces des westerns, le film se centre autour des relations entre Mora, une fillette enfermée, et l’espace de la nature représenté par le vieux mapuche.

Photo : Allociné

La steppe de Patagonie est balayée par un vent gris. Mora veut devenir « gaucho » et chevaucher les plaines qu’elle connaît si bien. Elle se rebelle contre toute forme d’autorité. L’école bien sûr, et ses parents, deux écologistes Suisses italiens qui tentent de vivre leur rêve : vivre en autonomie. Sans grand succès. Un lundi matin, alors qu’elle doit retourner à l’école avec son petit frère, Mora s’enfonce dans la steppe pour aider son seul ami, un vieux gaucho mapuche qui a perdu sa jument, Zahorí. 

« Je suis originaire de Patagonie, explique la réalisatrice. La ville où j’ai grandi s’appelle Bariloche, elle se situe à la frontière entre les montagnes et la steppe. Les montagnes et les forêts représentent le visage fertile et aisé de la Patagonie, en opposition à la steppe. Quand j’étais enfant, la steppe était très difficile d’accès, encore plus qu’aujourd’hui, même s’il n’y a toujours pas beaucoup de routes pour y accéder et que tout y est délaissé par le gouvernement. Je suis allée pour la première fois dans l’internat que l’on voit dans le film pour jouer une pièce de marionnettes, je faisais alors partie d’une troupe de théâtre itinérante. À l’époque, je faisais également un peu de photographie et j’ai fait mes premiers portraits noir et blanc en prenant en photo des enfants de cet internat. Cette école isolée au milieu du désert et ces gens qui vivaient dans une réalité parallèle pourtant située si proche de chez moi m’a vraiment impressionnée et interrogée. Depuis, j’ai continué à y aller régulièrement… »  

Dans ce décor magnifique filmé en écran large et qui rappelle un peu les grands espaces des westerns, le film se centre autour des relations entre Mora, cette fillette enfermée dans cette école et l’espace de la nature représenté par le vieux mapuche Nazareno, qui n’a plus que son cheval. Mais cet espace n’est pas vide ; il est sillonné en particulier par des évangéliques américains  qui leur présentent le paradis. 

« J’ai imaginé Zahorí, continue Marí Alessandrini, comme un western avec une approche plus féministe et anticoloniale, oui… Mora s’émancipe de l’oppression sociale et trouve sa propre voie grâce à son amitié avec Nazareno. Elle a la force, la capacité et la volonté de s’affirmer, malgré les moments difficiles à l’école et les rapports compliqués avec ses parents ». Il s’agit d’une coproduction suisse, française, argentine, chilienne visible par les enfants dès dix ans. En salle à partir du 6 juillet. 

Alain LIATARD

 Zahori de Marí Alessandrini / 1h 45 min / Drame