« Algunas Bestias » du réalisateur chilien Jorge Riquelme Serrano

Une famille débarque avec enthousiasme sur une île déserte de la côte sud du Chili avec le rêve de construire un hôtel de tourisme. Lorsque l’homme qui les a fait traverser le continent disparaît, la famille est piégée sur l’île. Souffrant du froid, sans eau ni assurance, l’esprit et les bonnes manières commencent à s’estomper pour révéler les bêtes cachées au sein de la famille.

Photo : Allociné

 » Algunas Bestias est un miroir, un portrait de la société chilienne, dit le réalisateur. C’est un film douloureux, naturaliste et urgent, qui s’attache à faire réfléchir le public, d’une manière franche et douloureuse. La société chilienne est représenté à travers le microcosme de cette famille  J’ai utilisé le mot « abus » comme structure cinématographique : je voulais que l’abus marque transversalement toute l’histoire, comme une espèce de symptôme social dont souffre la société chilienne. On le voit actuellement, il y a un réveil social après des années d’abus. C’est ce sentiment de vivre dans d’un pays très injuste, abusif sur tous les plans, très inégal, qui, avec une rage accumulée a éclaté en octobre 2019. Il me semblait urgent d’en parler parce que lorsque je regardais les nouvelles, je discutais avec les gens, j’avais la sensation que dans ce pays prospère, avec une précarité interne, une poubelle était cachée sous un tapis très lourd. « 

Le cinéaste se rappelait du film L’Ange Exterminateur de Luis Buñuel où des bourgeois se retrouvaient enfermés dans une maison, mais ici cette famille est isolée sur une ile en pleine nature. La violence va éclater. Cette famille ne s’aime pas que ce soit les grands parents, les parents qui voudrait obtenir de l’argent ou les enfants sans idées qui s’ennuient.

 « Cela a été un honneur pour moi de travailler avec Alfredo Castro et Paulina Garcia. J’ai écrit le film en pensant à eux. J’ai une admiration profonde pour Alfredo, c’est un maître au théâtre, il a marqué tout ce qu’il a fait au cinéma et au théâtre au Chili – Paulina aussi, c’est une grande référence. Le grand défi pour travailler avec ces deux grands acteurs était d’arriver à les convaincre d’accepter ce saut dans le vide auquel je les invitais parce que j’ai tourné ce film en 10 jours. Ce n’est pas un tournage conventionnel – ce n’est pas 5 semaines de tournages, un scénario structuré. Mais ce qui pouvait être une faiblesse est devenu un défi d’acteur, ils se sont impliqués encore plus que dans un autre projet. Ils étaient les acteurs nécessaires pour représenter cette famille. »

Algunas Bestias, ce second film de Jorge Riquelme Serrano, a participé à de nombreux festivals. Il obtint le Prix New Director à San Sebastián, les prix du Jury et du Meilleur Réalisateur à La Havane. Il fut  aussi récompensé au Cinélatino de Toulouse.

Alain LIATARD

En salle le 20 avril. 1 h 35 – Thriller de Jorge Riquelme Serrano et Nicolás Diodovich. Avec Paulina García, Alfredo Castro et Andrew Bargsted.Dé

« Mamá Mamá Mamá » film argentin de Sol Berruezo Pichon-Rivière

La maison est remplie de cousines, mais Cléo âgée seulement de 12 ans est seule face à la perte de sa petite sœur Erín. Elle vit dans un monde sans adulte, accompagnée de ses trois cousines qui l’accompagnent dans sa puberté en ébullition.

«  Mon nom est Sol Berruezo Pichon-Rivière. J’ai 26 ans. Je vis en Argentine, je suis née à Buenos Aires. Avant de savoir que j’aimais le cinéma, j’adorais écrire, j’ai toujours aimé ça. J’envisageais la carrière littéraire comme quelque chose de très solitaire. Mais la pression de cette solitude me pesait trop. Quand j’avais 17 ans, je suis allée sur un plateau de tournage d’une série, j’ai alors plus ou moins vu ce qu’était le cinéma. J’ai beaucoup aimé l’idée que des gens travaillent pour la même idée, je trouvais ça joli. Ensuite, j’ai entrepris des études de réalisation cinématographique à l’Université. Premiers films Ma première idée de scénario, qui a été celui de Mamá Mamá Mamá, mon premier film, est reliée à mon enfance. Il y avait, plus que des souvenirs de faits, des souvenirs de sensations de ma propre enfance, avec mes trois sœurs, que je voulais reproduire. Il y avait quelque chose de très joli à en faire le portrait. » (Propos recueillis par Nicolas Favelier pour le Festival Reflets de Villeurbanne). 

La réalisatrice a sans doute beaucoup pensé au film de Sofia Coppola,Virgin Suicides. Du coté Argentin on pense aussi à Lucretia Martel pour son premier film La Ciénaga. Dans ce film très court (65 minutes), où les hommes sont absents, règne, malgré un sujet difficile, une légèreté, pleine de tendresse.

Alain LIATARD

En salle le 13 avril. 1 h 05 – Drame de Sol Barruezo Pichon-Rivière avec Agustina Milstein, Chloé Cherchyk et Camila Zolezzi.