Lecture et bicyclette : les voies royales de la santé intégrale, une exposition à Lyon à ne pas manquer

Célébrer les bienfaits que procurent la lecture et la pratique de la Petite reine est le sujet de cette exposition de photographies et de mosaïques, du 7 avril au 21 mai 2022, à la bibliothèque La Condition des soies dans le premier arrondissement de Lyon.

Photo : Gomba Ugolini

Cette exposition des impressions du quotidien témoigne également de la présence du livre de papier à l’ère du numérique et de l’émergence des deux roues en tant que moyen de transport autonome et respectueux de l’environnement. Mais ces images révèlent surtout le besoin de se détendre dans la nature urbaine dès que la grisaille hivernale laisse sa place aux premiers rayons printaniers. Car l’exercice de la lecture en milieu naturel, doublé de la pratique du vélo, entraîne une dynamique qui éperonne l’essentiel de l’être humain en agissant sur l’ensemble des vecteurs de la santé où germe le bonheur d’être soi : les neurotransmetteurs et les hormones qui règlent, parmi d’autres, l’humeur, le sommeil et même la libido. Ces substances prédisposent le corps et l’esprit à affronter d’une manière favorable les défis quotidiens liés en grande partie à ce qu’on appelle la « tyrannie du numérique ».  

Calme, silence, un livre et la beauté de l’environnement. Une séance de lecture dans les nombreux coins-nature que propose la ville aide, en effet, à recaler l’horloge circadienne. Cela à l’instar du shinrin yoku ou « bains de forêt » reconnu au Japon comme une pratique de santé préventive par le ministère de la Santé depuis 1982 ! Dans la même démarche sanitaire, le « sport sur ordonnance » a été mis en place dans plusieurs villes françaises depuis 2014, dont Strasbourg, pionnière fin 2012 de ce dispositif bien connu en Nouvelle-Zélande, Suède et l’Angleterre. Ce qui permet de faire le rapprochement avec cette phrase de l’écrivain Joseph Addison (1672-1719) « Le lecture est à l’esprit ce que l’exercice est au corps. » 

Tout ce bénéfice gratuit résulte du fait de savoir faire une pause, une pause de qualité, une pause-lecture pour se nourrir autrement. Comme l’a dit Bescherelle : « La lecture, cette source continuelle d’instruction et d’amusement, devient souvent une passion qui finit par nous détourner des choses frivoles. » Ce sentiment Montesquieu l’exprime ainsi : « L’étude a été pour moi le souverain remède contre les dégoûts de la vie, n’ayant jamais eu de chagrin qu’une heure de lecture n’ait dissipé. »

La pratique de la lecture peut en conséquence être considérée, comme jadis, un moyen privilégié d’atteindre un plan supérieur de l’existence. Dans cette perspective ontologique, une demi-heure de lecture par jour devrait faire partie de l’hygiène de vie prônée par le ministère de la Santé publique, et avec le même effet que d’autres activités salutaires comme marcher, faire du vélo, ou consommer cinq fruits et légumes par jour !    

Par conséquent, insister sur les bénéfices de la pratique de la lecture peut s’avérer un facteur sanitaire fondamental pour le maintien du bien-être individuel et, incidemment, de l’équilibre de la société toute entière. C’est dans ce sens qu’il faut pointer cet exercice intellectuel et sensitif, en tant que pratique de la voie intérieure. André Agassi, le truculent tennisman connu pour ces écarts de jeunesse, ne dit pas le contraire dans la conclusion de son livre autobiographique : « Je n’ai découvert la magie des livres que sur le tard. De toutes les erreurs que j’ai commises et que je voudrais éviter à mes enfants, celle-là figurerait en haut de la liste. »

Célébrer les bienfaits que procure la lecture d’un livre, voilà l’objectif de cette exposition. Mais pas uniquement. Ces clichés, pris au hasard des déambulations en ville (1), et que l’art mussif de Oscar Gianfredo(2) a réussi à sublimer, ont l’intention de mettre en lumière ce complément idéal de la « pause-lecture » qu’est la bicyclette. Car la présence de la Petite Reine dans les métropoles est apaisante et nous rassure. Comme les arbres et les oiseaux, elle dégage une sensation de bien-être, une dynamique positive qui inspire un sentiment d’harmonie, d’indépendance et de conscience écologique. 

Pour cette raison, ce qui est en train de devenir « le culte de la bicyclette » rassemble une collectivité de plus en plus nombreuse. De ce fait, cet oiseau d’ailes circulaires occupe une place de choix dans le maintien de l’ordre du monde : la voiture dégrade la santé de l’homme en le condamnant à la passivité, au contraire de la bicyclette qui apporte au cycliste une énergie qui se renouvelle en permanence. Il suffit, pour celle ou celui qui se lance dans l’aventure, de prêter attention à ces fonctions et à sa propre physiologie pour s’apercevoir du changement. En effet, la pratique du vélo concerne tous les aspects de l’individu, il s’agit d’une activité complète, absolument globale. Car elle fait intervenir le corps dans son intégralité, mais aussi et surtout, une part mentale, sensorielle et affective insoupçonnée par beaucoup qui relie l’exercice physique à une symbolique du développement de l’être. C’est une philosophie de vie – applicable également à la lecture – « où l’effort personnel détermine le mouvement en avant, où l’équilibre n’est assuré que par le mouvement en avant ». 

Gomba UGOLINI

Bibliothèque municipale – La condition de soie, 7 rue Saint-Polycarpe, 69001 Lyon. Tél. 04 78 27 45 55 – bib1@bm-lyon.fr

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(1) Photographe argentin installé à Lyon depuis 2002, Gomba Ugolini est membre de la Fédération Photographique de France (F.P.F). Il a été sélectionné et primé en différents concours ; son objectif est focalisé essentiellement sur trois sujets : la photographie de rue, la pérennité du livre de papier et la mobilité écologique. 

(2) Mosaïste argentin résidant à Mar del Plata (Argentine), Oscar Gianfedo, expose régulièrement en Argentine et en France. Il est spécialisé dans la technique du Trencadis, à partir de azulejos de récupération et de céramiques blanches à l’origine et émaillées ensuite.

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