« Los Lobos », film mexicain de Samuel Kishi Leopo en salle cette semaine…

Deux gamins laissés seuls dans une pièce à la propreté douteuse, alors que leur mère part travailler chaque matin à Albuquerque. En suivant leur mère depuis le Mexique, Max, huit ans et Leo cinq ans, rêvaient de Disneyland.  Inspiré de l’enfance de son réalisateur, Los Lobos, est une belle histoire, où se mélange l’imaginaire fantastique des deux garçons et une réalité sordide qui n’est pas édulcorée.

Photo : AlloCiné

Lorsqu’il était enfant, Samuel Kishi Leopo, le réalisateur était parti en Californie avec sa mère et son frère : « Nous sommes partis avec très peu de choses dont un magnétophone portable. Tous les matins, ma mère nous laissait seuls avec pour seule distraction ce petit appareil où elle avait enregistré pour nous des histoires, des leçons d’anglais ou encore des règles domestiques. J’entends encore sa voix lorsqu’en partant pour le travail, elle nous disait que si elle nous manquait, il nous suffisait d’enfoncer la touche play pour entendre sa voix. C’est ainsi que nous avons grandi, d’une certaine manière, avec deux versions de ma mère. D’une part la vraie et d’autre part, sa seule voix. »

Pour des raisons de budget, le film n’a pas été tourné en Californie mais au Nouveau Mexique, à Albuquerque.  « Une ville où se retrouvent pas mal d’immigration, de déclassement social et des problèmes de trafics de drogue. Une ville multiculturelle avec des Mexicains, des asiatiques, des Afghans mais également des natifs américains et des afro-américains. Une ville comme blessée, avec des cicatrices apparentes et j’aimais cette idée d’un décor qui soit une projection de leur douleur. » Le tournage s’est révélé difficile car filmer avec des enfants signifie que vous ne pouvez pas tourner plus de six heures par jour. Imaginez un peu l’adrénaline.

Octavio Arauz, le directeur de la photo a donc passé des journées entières dans l’appartement, arrivant très tôt le matin et partant très tard, afin de repérer les meilleurs moments pour éclairer et filmer. « Il me donnait un cahier des charges extrêmement précis et drastique du genre : Là tu peux tourner cette scène mais en trois quarts d’heure maximum. Pas une minute de plus. Il fallait donc que toute l’équipe s’adapte. »

L’interprétation des enfants est remarquable. Ils sont dirigés tout en finesse, aidés aussi parMartha Reyes Arias Arias  qui interprète le rôle de la mère : « Martha m’a surtout parlé de cette solitude poignante après avoir rencontré des femmes immigrées sur leur lieu de travail sans leur révéler que c’était pour un film. Et elle avait raison. Je voulais en faire une mère courage mais j’avais minoré le fait qu’elle était seule, loin de chez elle et qu’elle manquait de temps et parfois de patience. » Un très beau film remarqué dans de nombreux festivals dont Berlin et Biarritz.

Alain LIATARD

En salle depuis le 19 janvier.