Un Sommet pour resserrer les liens entre l’Union européenne et la Communauté des États latino-américains

Alors que la civilisation est confrontée à sa pire catastrophe humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale, ce Sommet apparaît crucial à de nombreux titres. La présidente de l’Union européenne, le président du Conseil européen et les dirigeants sud-américains se sont engagés dans un plan commun de sortie de cette crise, sanitaire et socio-économique, indissociablement liée à la lutte contre les inégalités.

Photo : CELAC

Le 2 décembre dernier s’est déroulé par vidéoconférence le Sommet intitulé « Union des forces pour un redressement soutenable post-Covid-19 ». La rencontre entre les dirigeants d’Amérique latine, les Caraïbes et l’Union européenne (ALC-UE) a été inaugurée par le président mexicain Andrés Manuel López Obrador en tant que président pro tempore de la Communauté des États latino-américains et Caraïbes (Celac1), et les responsables européens, Ursula von der Leyen et Charles Michel. Le Sommet a rassemblé notamment les chefs d’État sud-américains qui exercent actuellement la présidence des différents organismes commerciaux de la région : le président du Brésil, Jail Bolsonaro, de la Colombie, Iván Duque, du Costa Rica, Carlos Quesada, de l’Équateur, Guillermo Lasso, du Guatemala, Alejandro Giammattei, et du Surinam, Chandrikapersad Santhoqui.

Après une pause de sept ans, cette rencontre ALC-UE ne peut pas être considérée comme un Sommet historique. Mais elle a certainement le mérite d’aider à mieux préparer les négociations à venir, ainsi que de réaffirmer les engagements antérieurs, pris au cours de rencontres informelles et de contacts réguliers entre le Parlement européen et les parlementaires d’Amérique latine. C’est le cas depuis 1974 et dans plusieurs domaines : la sécurité des citoyens, l’enseignement supérieur, l’égalité homme-femme, les sciences, la recherche, le problème du narcotrafic, les migrations… 

Cependant, dans le contexte actuel, cette réunion était « impérative, selon Carmen Toscano, car la coopération internationale doit retrouver sa place prioritaire dans ce contexte difficile pour l’humanité. » Tout en reconnaissant qu’il reste encore beaucoup à faire, l’expérimentée sous-secrétaire mexicaine des Relations extérieures (83 ans) a souligné l’envoi de 130 millions de vaccins, de la part de l’Union européenne, à 28 pays sud-américains. De son côté, Andrés Manuel López Obrador (AMLO) a évoqué le Plan mondial de bien-être et de fraternité pour éradiquer la pauvreté. Il s’agit d’un ambitieux projet – voire trop ambitieux et même illusoire – qu’il a présenté en novembre au Conseil de sécurité des Nations Unies. Son but, en attendant l’adhésion des pays américains et européens participants à ce Sommet virtuel, c’est d’établir un fonds de contributions volontaires afin d’aider à sortir de la pauvreté 750 millions de personnes partout dans le monde… Par ailleurs, AMLO, qui a inauguré sa présidence pro tempore de la Celac dans des relations diplomatiques exécrables avec l’Espagne 2, a lancé un appel urgent aux donations de vaccins de la part des pays producteurs, ainsi qu’à la distribution gratuite de ceux qui ont reçu l’autorisation de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) 

Bien que centré sur le traumatisme sanitaire et la crise économique causés par la pandémie de Covid-19, l’agenda de ce Sommet s’est également focalisé sur d’autres sujets non moins prioritaires. Voici d’autres questions débattues : les investissements en infrastructures, le renforcement de systèmes économiques durables, l’accès à la technologie digitale pour les habitants des régions les plus reculées, sans oublier d’aborder l’épineuse question de la cohésion sociale et la lutte contre les inégalités.

Ce sont des vœux pieux, certes, mais ce Sommet aidera-t-il l’Amérique latine à sortir de la crise rapidement ? Selon les prévisions, la pandémie va générer 30 millions de nouveaux pauvres dans la région. Or, il va falloir suivre de près les événements pour trouver une réponse à cette question qui risque, hélas, de rester toujours la même : « On ne peut pas attendre de solution miracle », avait dit l’ex-président de l’Union européenne, José Manuel Barroso, après le Sommet du G203, à Londres, en 2009. « On ne peut pas tout changer d’un coup » avait dit Nicolas Sarkozy à la même occasion.

Eduardo UGOLINI

1. Celac : depuis son entrée en vigueur le 23 février 2010, la Communauté d’États latino-américains et Caraïbes réunit 33 pays américains à l’exception des États-Unis et le Canada. Elle remplace le Groupe de Rio créée en 1986 afin d’améliorer l’intégration et le développement des pays.