« Je m’appelle Bagdad », film brésilien de Caru Alves de Souza. Que vous aimiez faire du skate ou pas

Bagdad est une skateuse de 17 ans qui vit à Freguesia do Ó, un quartier populaire de la ville de São Paulo, au Brésil. Bagdad skate avec un groupe d’amis masculins et passe beaucoup de temps avec sa famille et avec les amis de sa mère. Le film est très fantaisiste, entrecoupé de scènes dansées qui permettent d’égailler la réalité. 

Photo : Allociné

Bagdad est une jeune skateuse de 17 ans, vrai garçon manqué, qui vit à Freguesia do Ó, un quartier populaire de la ville de São Paulo, au Brésil. Bagdad skate avec un groupe de garçons du quartier et passe beaucoup de temps avec sa famille : ses trois sœurs (dont Mia, 10 ans, qui veut aller sur Mars) et sa mère qui travaille dans un salon de coiffure. Pas un salon pour bourgeoise, mais tenu par une transsexuelle, accompagné par un homo en chimio ! Tout ce petit monde se retrouve dans un bar où la maitresse des lieux fait la loi. Ainsi, les femmes qui entourent Bagdad forment un réseau de personnes qui sortent de l’ordinaire. Un jour elle rencontre un groupe de skateuses féminines et sa vie change soudainement car la jeune fille dénote dans ce monde viril, qui vit selon le machisme

Le casting du film a été construit autour de skateurs qui n’avaient jamais joué devant une caméra, notamment le personnage principal Bagdad, incarné par Grace Orsato, une skateuse créatrice de vêtements recyclables et plasticienne. Il a fallu beaucoup de temps à la réalisatrice pour trouver les acteurs amateurs et créer des liens entre eux afin de rendre leurs relations réalistes et naturelles. Elle n’a pas envoyé le scénario complet aux acteurs, amateurs ou professionnels. Elle a opté pour des répétitions, afin de créer en direct la dynamique des scènes et les répliques des personnages.Le rôle de la mère est tenu par la chanteuse, compositrice, percussionniste, artiste et actrice Karina Buhr, née à Bahia en 1974 et qui a fait ses débuts dans la musique à Pernambuco en 1994. 

Caru Alves de Souza est réalisatrice, scénariste et productrice. Son premier long métrage, Underage, a été présenté en 2013 au 61ème Festival du film de San Sebastián. Dans Je m’appelle Bagdad, les points de vue et les objets du regard se confondent et se multiplient à travers les images filmées par la réalisatrice et celles issues de la petite caméra que Bagdad a toujours avec elle (qui appartient par ailleurs à l’actrice qui joue le rôle). 

Primé par un jury d’étudiant.e.s qui a été séduit par  « ce reflet de notre génération, résolument féministe, ce film nous a étonnées et séduites tant par son fond que par sa forme : au cours des déambulations en skate-board de Bagdad, c’est le portrait d’un pays, de ses habitants, de sa politique qui est dressé, et des enjeux universels de sororité et de solidarité qui sont affirmés. Par son dynamisme fou, sa musique entraînante, ses prises de risques dans son expression visuelle, Je m’appelle Bagdad nous a paru incarner les questionnements actuels de notre génération, et transmettre un message de lutte, de puissance et d’espoir. C’est un film cathartique à travers lequel nous nous sommes reconnues, qui a su dire à haute voix ce que parfois, nous n’avons pas le courage   

Alain LIATARD 

Je m’appelle Bagdad, drame de Caru Alves de Souza (Brésil), 1h36min. Sortie en France le 22 septembre.