Le 6 juillet dernier s’est ouvert le 74e Festival de Canne. Quelques films ibériques et latinos à suivre…

Le retour du Festival de Cannes était très attendu. Malgré des difficultés d’organisation imposées par le contexte sanitaire que l’on connaît, les festivaliers ont pu apprécier cette semaine la projection de films de qualité – le cinéma ibérique et latino-américain ne faisant pas exception. Retour sur Clara Sola, de la scénariste et réalisatrice costaricienne et suédoise Nathalie Álvarez Mesén et L’Employé et le patron (El Empleado y el pátron), de l’Urugayen Manuel Nieto Zas.

Photo : Festival de Cannes

C’est Annette, film de Leos Carax, qui a ouvert la rencontre. Particulièrement bien accueilli par le public, Adam Driver pourrait d’ailleurs bien obtenir le prix d’interprétation. Malgré de petits couacs informatiques dus à la nécessité de réserver les places par internet et sur deux jours d’avance seulement, tout est vite rentré dans l’ordre grâce au nombre moins important de festivaliers présents cette année et des files d’attentes réduites. De plus, un nouveau multiplex en banlieue avec trois belles salles a permis de multiplier les projections. Parmi elles, deux films latino-américains. 

Une forte dose de réalisme magique envahit l’oeuvre charnelle et organique de Nathalie Álvarez MesénClara Sola, magnifiquement interprétée par Wendy Chinchilla, danseuse professionnelle. Dans un village de montagne costaricien, nous faisons la connaissance de Clara, manifestement plus à l’aise parmi les plantes et les animaux que parmi les humains. On pense qu’elle a des pouvoirs de guérisseuse, et s’occupe des services de dévotion à la vierge, dirigés par une mère abusive et castratrice. Son seul soutien sera sa nièce Maria. Santiago, un ouvrier agricole, va faire basculer ce monde mystique dans la sensualité. 

El Empleado y el pátron, de l’Urugayen Manuel Nieto Zas, nous emmène dans un tout autre registre. L’employeur (Nahuel Perez Biscayart) s’occupe d’une ferme mais est inquiet pour la santé de son bébé. Il embauche un ouvrier (Cristian Borges) soucieux de subvenir aux besoins de sa famille et de son propre enfant. Deux incidents dramatiques vont tendre les liens entre les deux familles. L’intérêt du film repose sur l’interprétation des patrons par des acteurs professionnels argentins et des ouvriers par des non professionnels uruguayens. Pourront-ils dépasser le déterminisme et l’affrontements de classes ?

Le festival continue avec Benedetta de Paul Verhoeven – l’histoire d’une nonne saphique magnifiquement interprétée par Virginie Efira. À venir, également, le dernier film de Nanni MorettiTre Piani, dans lequel une série d’événements va transformer radicalement l’existence des habitants d’un immeuble romain. D’autres films latinos sont programmés pour cette seconde semaine du festival — nous en parlerons dans la prochaine lettre.

Alain LIATARD