Plaidoyer pour les chiens, bâtards, fils de chiennes  de l’historien Philippe Videlier

Lors des premières années de notre publication nous avons compté avec les conseils de l’historien Philippe Videlier, que nous avons connu à notre arrivée en France à la fin des années soixante-dix. Il vient de publier dans la collection Tract, aux édition Gallimard, une réflexion : « Quelles que soient les circonvolutions et les digressions, demeure cependant une lancinante question : d’où vient et jusqu’où peut aller cette aversion pour les chiens ? 

Photo : Ed. Gallimard – Tract.

Fini de rire en Turquie. Le Président n’aime ni l’humour ni les opposants. Ses ministres dévoués traitent de fils de chiennes et de bâtards ceux qui se risquent à le railler. Pour un dessin,  Charlie Hebdo  s’est attiré les foudres d’Ankara. La caricature n’est pourtant pas étrangère à la culture ottomane et a eu son heure de gloire au temps des sultans. Un temps que le président ne cesse de vanter. Or, un jour dans le passé, il était venu à l’idée des Jeunes Turcs d’exterminer les chiens. Et ce n’était qu’un début : des animaux aux hommes il n’y eut qu’un pas à franchir. En ces temps d’exacerbation des nationalismes et de violences primitives, ce plaidoyer tire la sonnette d’alarme. 

 Le tract de Philippe Videlier est un régal d’archives et de recherches instruites, mais surtout à la chaude lumière de Montesquieu qu’il cite (Les Lettres persanes), un bonheur de conte philosophique doublé d’un joyeux labyrinthe de digressions souvent hilarantes (de Dario Moreno à Charlton Heston) qui ne distraient pas du propos (la dictature et ses grotesques) mais l’augmentent. » (Gérard Lefort,  Les Inrockuptibles, 6 mai 2021.) 

La collection Tracts 

À l’heure du soupçon, il y a deux attitudes possibles. Celle de la désillusion et du renoncement, d’une part, nourrie par le constat que le temps de la réflexion et celui de la décision n’ont plus rien en commun ; celle d’un regain d’attention, d’autre part, dont témoignent le retour des cahiers de doléances et la réactivation d’un débat d’ampleur nationale. Notre liberté de penser, comme au vrai toutes nos libertés, ne peut s’exercer en dehors de notre volonté de comprendre. 
 Voilà pourquoi la collection « Tracts » fera entrer les femmes et les hommes de lettres dans le débat, en accueillant des essais en prise avec leur temps mais riches de la distance propre à leur singularité. Ces voix doivent se faire entendre en tous lieux, comme ce fut le cas des grands « tracts de la NRF » qui parurent dans les années 1930, signés par André GideJules Romains, Thomas Mann ou Jean Giono. Philippe Videlier, qui depuis plus de vingt ans poursuit un parcours romanesque original où la grande histoire tient lieu de décor, se fait ici l’avocat avec sa plume acerbe, lui qui depuis Nuit Turque, nous a montré la portée politique du sarcasme et de la dérision. 

Petit biographie et bibliographie 

Philippe Videlier, historien au CNRS a été responsable de l’unité de recherche « Sociétés en mouvement et représentation », membre de la mission de préfiguration du Centre de la Mémoire de Villeurbanne et écrivain, ses derniers livres publiés sont Le Jardin de Bakounine et autres nouvelles de l’Histoire (2001) et Nuit turque (2005) et Dîner de gala (2012), Quatre saisons à l’Hôtel de l’Univers, Paris, Dernières nouvelles des Bolcheviks, tous ses livres ont été publiés aux Éditions Gallimard.  Ses ouvrages sont traduits dans différents pays : Italie, Arménie, Grèce, Turquie, Liban, Croatie.  Chargé par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) d’un rapport sur l’image de la santé dans la bande dessinée, il publie (en collaboration avec Pierine Piras) un livre aux éditions du CNRS – Frison Roche :  La Santé dans les bandes dessinées. Une partie des droits d’auteurs iront au Téléthon en 1992 

Il a préfiguré l’élaboration du Centre de la Mémoire à Villeurbanne, ville ouvrière de la banlieue lyonnaise (dans le Rhône, en France) et a publié trois ouvrages sur l’histoire de cette ville :  Cinepolis  (2003),  Gratte-Ciel  (2004),  Usines  (2007). L’ouvrage  Usines  a obtenu en 2008 le prix « La ville à lire » décerné par France culture et la revue  Urbanisme. Il a publié une dizaine d’essais et publié des dizaines d’articles.   Il a été particulièrement actif dans le mouvement pour la reconnaissance du génocide des Arméniens par la France.

Presse Gallimard

Collection Tract