Plusieurs opposants au gouvernement de Daniel Ortega sont réprimés à l’approche de l’élection présidentielle

Un nouveau candidat à la présidentielle du NicaraguaMiguel Mora, a été arrêté dimanche 20 juin dans le cadre d’une enquête pour « agissements contre la souveraineté du pays ». Son arrestations’ajoute à celles de quatre autres candidats potentiels dont Cristiana Chamorro, fille de l’ancienne présidente, aux élections de novembre 2021. 

Photo : Cristiana Chamorro d’après la BBC

Miguel Mora, qui est également journaliste, a été arrêté chez lui, dimanche soir, pour « incitation à l’ingérence étrangère dans les affaires intérieures et appel à des interventions militaires », sur la base d’une loi que le gouvernement de Daniel Ortega applique aux opposants, a indiqué la police. M. Mora était candidat à la présidence pour le Parti du Renouveau Démocratique (PRD, parti évangélique), dont le statut légal avait auparavant été révoqué par le tribunal électoral, en mai 2021, l’empêchant de participer aux élections prévues le 7 novembre 2021 pour élire le président de la République ainsi que les membres de l’Assemblée nationale et les députés nicaraguayens du Parlement centraméricain. 

Les arrestations d’opposants et de candidats à la présidentielle se multiplient au Nicaragua, en dépit des dénonciations internationales. Le président Daniel Ortega n’en a cure : il veut avoir le champ libre pour un quatrième mandat en novembre. Outre M. Mora, qui avait rendu publique son intention de se présenter à la présidentielle, deux autres interpellations d’opposants ont eu lieu dès le lendemain. Ils sont désormais 19 dirigeants politiques, ex-guérilleros dissidents, journalistes ou hommes d’affaires à avoir été placés en détention ou en résidence surveillée, dont celle qui est considérée comme sa plus sérieuse adversaire, la journaliste Cristiana Chamorro. À cinq mois de l’échéance électorale, M. Ortega, 75 ans, au pouvoir depuis 14 ans, pourrait briguer un quatrième mandat successif et, en vue de cette échéance, se débarrasser de cinq candidats déclarés à la présidentielle. 

La journaliste Cristiana Chamorro, fille de l’ex-présidente Violeta Chamorro (1990-1996), a été la première opposante arrêtée le 2 juin et placée depuis en résidence surveillée. Cristiana Chamorro, 67 ans, était, selon les sondages, la candidate la plus populaire à l’élection présidentielle et la plus sérieuse rivale de Daniel Ortega. Elle est accusée de blanchiment d’argent via la Fondation de défense de la liberté de la presse qui porte le nom de sa mère. L’ancien diplomate Arturo Cruz, le politologue Félix Maradiaga et l’économiste Juan Sebastián Chamorro, cousin de Cristiana, ont également été interpellés. Miguel Mora était directeur de la chaîne 100 % Noticiasfermée et désormais diffusée en format numérique. C’est la seconde fois qu’il est emprisonné, après une première arrestation le 21 décembre 2018, pour « incitation à la haine en vue de promouvoir des actes terroristes lors de manifestations anti-gouvernementales ». Il a été libéré six mois plus tard en vertu d’une loi d’amnistie. Selon les ONG de défense des droits de l’Homme, le gouvernement considère les manifestations de 2018, qui ont fait 328 morts et provoqué l’exil de milliers de Nicaraguayens, comme « une tentative de coup d’État » visant à écarter M. Ortega du pouvoir. 

Daniel Ortega, un ancien guérillero, Président de la Junte de gouvernement de reconstruction nationale durant la première période de la révolution sandiniste, de 1979 à 1985, a gouverné sans discontinuer de 1979 à 1990, dont cinq ans comme président élu, de 1985 à 1990. Battu dans les urnes par Violeta Chamorro, il est revenu au pouvoir en 2007 avec le Front sandiniste de libération nationale (FSLN).  En 2014, il fait procéder à une révision de la constitution qui met fin au scrutin à deux tours ainsi qu’à la limitation à deux mandats présidentiels de cinq ans. Réélu à deux reprises, en 2011 et 2016, et en s’appuyant sur cette réforme constitutionnelle et d’autres dispositifs répressifs, il briguera un nouveau mandat en 2021. Les entreprises de démolition des dictateurs de la région et d’ailleurs ne connaissent pas la crise.

D’après Agences