Solo, un documentaire de Artemio Benki sur le pianiste argentin Martín Perino

Martín Perino est Argentin, pianiste virtuose et compositeur. À 25 ans, il est victime d’une crise de schizophrénie. Depuis quatre ans, il fait partie des patients de l’hôpital psychiatrique de Buenos Aires. Le réalisateur français Artemio Benki l’a suivi dans sa passion et ses désirs de retrouver la liberté. 

Photo : Nour Films

« Tous les premiers dimanches du mois, explique Martín, le centre culturel La Borda où j’étais interné, organisait un festival artistique avec des patients du centre et des intervenants venus de l’extérieur. Et j’ai demandé au président de ce festival s’il connaissait une danseuse de formation classique. J’avais besoin d’un interlocuteur pour m’aider à mettre de l’ordre dans mon foisonnement d’idées créatives qui m’angoissait. Et il m’a présenté Soledad Marieta avec qui je me suis tout de suite entendu. » C’est en visitant ce lieu et en voyant Martín pianoter sur une table qu’Artemio Benki a eu l’idée de l’approcher. « Tout en étant interné, continue Martín, je jouais de temps en temps dans un restaurant et, un soir, il est venu m’écouter. On a beaucoup parlé de musique, il aimait beaucoup la musique. Et c’est comme cela qu’a débuté notre amitié. Je lui ai demandé plusieurs fois, pourquoi il voulait faire un film sur moi. Et il me répondait que ce n’était pas un film sur Martín le musicien, mais sur une personne qui essayait de s’en sortir après avoir subi une crise. Et maintenant, je réalise que ce qu’il voulait montrer aussi, c’est qu’il y a toujours une possibilité de se sentir mieux, que cela dépend de soi mais aussi des gens qui vous entourent, ce n’est pas un chemin solitaire. »  Artemio Benki s’intéressa tout de suite à cette personne très attachante. 

Le tournage s’effectua sur trois ans, d’abord à l’hôpital La Borda, puis à l’extérieur et chez Martín Perino, après sa sortie. « L’hôpital a développé en moi la notion de patience. Je crois que la patience n’est pas passive, elle est active. En étant patient, on parvient à susciter chez l’autre un intérêt pour être entendu, valorisé et aimé. Et la musique a précisément cette faculté de suspendre le temps dans une journée, pour écouter ou pour jouer. Cette rencontre avec les sentiments quand elle est vécue ensemble, avec un public, c’est une chose merveilleuse ». Le réalisateur Artemio Benki s’installa à Prague en 1992. Il y réalisa de nombreux courts-métrages et fut producteur et distributeur. Le long-métrage Solo a été présenté en avant-première mondiale dans la sélection ACID du Festival de Cannes en 2019. Il a depuis été sélectionné dans de nombreux festivals internationaux. Artemio Benki est décédé en 2020. Ce film très humain sera sur les écrans le 30 juin 2021. 

Alain LIATARD 

Solo, documentaire d’Artemio Benki, 85 min., en salles le 30 juin 2021