La semaine du 22 au 28 juillet

22 – BRÉSIL – FRANÇOIS, DILMA ET LA JEUNESSE

Pour ses premiers pas en Amérique du Sud depuis son élection, le pape François n’a pas résisté au plaisir d’un bain de foule, avant de se rendre, avec une heure de retard sur le programme prévu, à la résidence de la présidente brésilienne, Dilma Rousseff. Dans une papamobile ouverte, il a arpenté, sourire aux lèvres, et sous la pression d’une foule particulièrement enthousiaste, quelques kilomètres de la ville de Rio, où il vient assister aux Journées mondiales de la jeunesse. La présidente brésilienne a profité de cette audience pour s’adresser au peuple brésilien, secoué ces dernières semaines par des manifestations dénonçant la corruption et la situation économique et sociale du pays. Elle a longuement évoqué les aspirations de la jeunesse, en quête de « changements et de droits sociaux, de droits à l’éducation, à la santé, à la mobilité ». Le pape s’est, de son côté, attaché à défendre une jeunesse qui permet au monde d’ » avancer « .  » Notre génération se révélera à la hauteur quand elle saura offrir à chaque jeune un espace et lui assurer les conditions matérielles et spirituelles nécessaires à son épanouissement, des fondements solides, la sécurité et l’éducation, un horizon transcendant, et lui confier en héritage un monde qui corresponde à la mesure de la vie humaine « , a-t-il défendu.

23 – BRÉSIL – LA FOLHA ET ISTOÉ BALANCENT

Une affaire de corruption menace de frapper le principal parti d’opposition, le Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB), juste au moment où il pourrait capitaliser sur le mécontentement populaire contre le PT de la présidente Dilma Rousseff et ses alliés pour gagner du terrain dans les sondages. La Folha de São Paulo a signalé l’existence d’un cartel formé par plusieurs sociétés – y compris l’espagnole CAF – pour se répartir les enchères de vente, transformation et maintenance des chemins de fer dans l’État de São Paulo, le plus peuplé du pays et gouverné depuis 1995 par le PSDB et ses alliés. Cinq jours plus tard, le magazine Istoé, l’un des plus lus dans le pays, a accusé le gouvernement de l’ancien candidat à la présidentielle Geraldo Alckmin de tolérer l’existence de l’entente en échange d’un flux de pots de vin totalisant au moins 50 millions de dollars (38 millions €) qui échouaient dans les coffres du parti. La dénonciation du cartel est venue de l’une des sociétés qui le forme, l’allemand Siemens, qui a fourni de la documentation aux autorités de la concurrence en échange d’un traitement plus clément à l’heure des sanctions. Selon Istoé, l’affaire  porte sur plusieurs projets, le Métro de São Paulo et la Companhia Paulista de Trens Metropolitanos (CPTM).

23 – MEXIQUE-ÉTATS-UNIS – COOPÉRATION TRANSFRONTALIÈRE

À Matamoros – dans l’Etat de Tamaulipas, l’un des plus durement touchés par la violence du crime organisé -, la secrétaire à la Sécurité intérieure des Etats-Unis, Janet Napolitano et son collègue du gouvernement du Mexique, Miguel Angel Osorio Chong, ont signé un accord pour partager les informations et améliorer la sécurité des deux côtés de la frontière. Lors d’une conférence de presse conjointe, Miguel Angel Osorio Chong a qualifié l’accord d ‘ »historique » et dit que l’accord prévoit la création d’un réseau de communication transfrontalière. La frontière entre le Mexique et les États-Unis, environ 3200 km, est la frontière avec le plus de passage légal et illégal du monde. Elle est également un point de transit du trafic de drogues vers les États-Unis et d’armes illégales provenant du nord pour alimenter les cartels de la drogue au Mexique. « Notre frontière est traversée par plus d’un million de personnes et 350.000 véhicules chaque jour, grâce à ses 56 portes d’entrée et de sortie, ce qui en fait la plus  fréquentée au monde », a déclaré Miguel Angel Osorio dans un discours à des journalistes.

24 – BOLIVIE – EXCUSES ACCEPTÉES

La Bolivie a publiquement accepté les excuses présentées par quatre pays européens à fin de poursuivre leurs relations, comme annoncé par le président Evo Morales, après l’incident diplomatique dont il a été la victime 2 juillet alors qu’il survolait l’Europe. « Nous acceptons les excuses des quatre pays [Portugal, France, Espagne et Italie] comme une première étape, car nous voulons continuer avec la relation de respect entre nos pays, relations de complémentarité et de solidarité», a déclaré Evo Morales, afin de clarifier plus tard que « l’État Plurinational se réserve le droit de poursuivre les actions devant les organisations et les instances internationales et de recourir aux instances qu’il est nécessaires de créer pour assurer une pleine réparation face à cette attaque, de sorte que ces événements ne se produisent plus.  » Evo Morales a indiqué qu’il avait ordonné que les ambassadeurs boliviens rappelés en guise de protestation après l’incident diplomatique dans le ciel européen retournent vers leurs destinations respectives. Avec eux, reviennent les ambassadeurs de l’Equateur, qui ont également été appelés en consultation par le ministère des Affaires étrangères en signe de solidarité avec la Bolivie.

24 – PÉROU NON À LA REPARTIJA

En moins d’une semaine, deux manifestations de masse dans le centre de Lima et les réseaux sociaux ont lancé un message anti-corruption au Congrès et au parti au pouvoir, pour rejeter le pacte politique de quatre partis – accord baptisé avec un nom sonore :  » la repartija  » –  qui se sont mis d’accord pour nommer 10 postes clefs : le Médiateur, six nouveaux juges du Tribunal Constitutionnel et trois directeurs de la Banque Centrale. Des personnes que les contestataires jugent soient non qualifiées pour la charge, mais nommées en raison de leur affiliation partisane, soit sujettes à des conflits d’intérêts. Environ trois mille jeunes gens, pour la plupart universitaires, ont manifesté pacifiquement pendant plus de deux heures jusqu’au Congrès, d’où la police les a violemment dispersés à coups de gaz lacrymogène et de bâtons. À la fin, les législateurs ont suspendu leurs vacances et les nominations. Ce n’est pas la première fois. Déjà en janvier, les protestations ont obligé les honorables parlementaires à annuler une substantielle augmentation de salaires qui avait été accordée sous forme d’indemnités. Dans les démocraties puissantes du continent, comme le Pérou, le Brésil, le Chili ou la Colombie, les politiciens se trouvent en prise à une citoyenneté toujours plus active et intolérante avec les abus.

26 – CUBA –  RÉUNION DE L’ALBA

Les présidents de l’Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA) se sont réunis à Santiago de Cuba pour rendre hommage à la révolution cubaine: l’uruguayen José Mujica, le vénézuélien Nicolas Maduro, le nicaraguayen Daniel Ortega et le bolivien Evo Morales; mais aussi les premiers ministres Kenny Anthony de Sainte-Lucie; Roosevelt Skerrit de la Dominique, et Winston Baldwin Spencer d’Antigua-et-Barbuda. Tous ont participé à la commémoration du soixantième anniversaire de l’assaut de la caserne Moncada, la première tentative faite par Fidel Castro et ses troupes pour s’emparer du pouvoir. La caserne Moncada était le deuxième fort le plus important de l’île lorsque, le 26 Juillet 1953, plus d’une centaine de guérilleros dirigés par Fidel Castro ont tenté de la prendre d’assaut pour faire tomber le régime de Fulgencio Batista. L’opération a été un échec militaire, qui s’est terminée par l’arrestation et la mort des rebelles, mais Fidel Castro a réussi à le transformer en un succès politique. Tous ces épisodes ont été rappelés par le président Raul Castro lors de son discours de commémoration de l’agression. “Nous voulions aussi prendre le ciel d’assaut, nous avons essayé, mais nous n’avons pas pu (…) Mais le premier janvier 1959, nous sommes entrés par l’entrée principale (à Santiago de Cuba) pour exiger au nom de Fidel la soumission inconditionnelle de la  Garde nationale « , a-t-il dit de l’ancien champ de tir de la caserne, transformée au cours des années 1960 en École 26 de Julio. Suite à l’intervention de Raul, chacun des présidents de l’ALBA a pris la parole pour prononcer un discours; chacun saluant la fermeté avec laquelle les frères Castro sont restés pendant 54 ans, sans interruption, et l’aide que Cuba a fourni depuis lors aux pays d’Amérique latine et des Caraïbes, sous la forme d’assistance médicale et éducative.

26-28 – BRÉSIL – CITATIONS PAPALES

A Rio de Janeiro, pour les Journées mondiales de la jeunesse, le pape François [photo de la une] a suscité la ferveur des fidèles lors de sa première rencontre avec la jeunesse catholique, réunie sur la plage de Copacabana. La tonalité spirituelle de la soirée ne s’est pas démentie, le pape a demandé aux jeunes de  » mettre la foi «  dans leur vie, comme on  » met du sel dans un bon plat pour lui donner une nouvelle saveur «  et insisté sur  » la miséricorde «  de Dieu. Mais le pape en a surtout profité pour creuser l’aspect social comme il s’efforce de le faire depuis son élection; en prônant une  » culture de la solidarité «  contre  » une culture de l’égoïsme «  et en fustigeant  » les injustices sociales, la corruption et ceux qui cherchent leur propre intérêt « . Dans son propos le plus direct aux responsables politiques depuis son arrivée à Rio, le pape en a appelé « à celui qui possède plus de ressources, aux autorités publiques et à tous les hommes de bonne volonté engagés pour la justice sociale ». « Aucun effort de « pacification » ne sera durable, il n’y aura ni harmonie ni bonheur pour une société qui abandonne dans la périphérie une partie d’elle-même « , a-t-il dit. Mais c’est en improvisant, en espagnol, devant des milliers de pèlerins argentins que le pape François a retrouvé les accents du début de son pontificat :  » L’Eglise doit sortir dans la rue, faites du bruit, dérangez, ne diluez pas la foi, sinon l’Eglise devient une ONG. »

28 – MEXIQUE – DOUBLE ASSASSINAT

L’état du Michoacán (ouest de Mexico) vient de passer l’une de ses plus sombres semaines de ces derniers temps avec deux autres décès, le vice-amiral Carlos Miguel Salazar et son garde du corps, Fernando Ricardo Hernandez. Les premières investigations indiquent que l’officier de la marine roulait dans une camionnette officielle avec sa femme, un chauffeur et garde du corps sur l’autoroute Mexico-Guadalajara quand ils ont été pris en embuscade. L’épouse du vice-amiral et le chauffeur ont été blessés. Avec cet assaut, ce sont vingt affrontements entre bandes armées et force de l’ordre qui ont été enregistrés dans cette région du sud-ouest, l’une des plus violentes du Mexique, depuis la mi-juillet, totalisant 28 morts et 17 blessés.