La Bolivie entre dans une nouvelle décennie avec une incertitude politique encore présente

Comme dans plusieurs pays voisins, la Bolivie a vécu un chamboulement politique à la fin de l’année 2019. Pour le moment, la présidente par intérim, Jeanine Añez, continue à la tête du pays et mène une campagne contre les anciens membres du cabinet d’Evo Morales. Réfugiés dans des ambassades ou même capturés pour des cas de corruption, les proches de l’ex-président et son parti, Movimiento al socialismo, restent favoris pour les prochaines élections, dans un pays avec une vaste majorité indigène.

Photo : Telesur

Ce dimanche 12 janvier 2020 marque le premier mois d’exil de l’ex-mandataire bolivien Evo Morales en Argentine. Quoique interdit de se présenter lui-même aux prochaines élections générales qui auront lieu le dimanche 3 mai 2020, Morales vise à ce que son parti, le Movimiento al socialismo (MAS), soit victorieux. Selon un tweet de Morales publié à la fin décembre, ce dernier se réunissait avec des dirigeants nationaux, départementaux et régionaux de son parti avec le but de définir un candidat ; les pré-candidats du MAS sont l’ancien ministre de l’économie, Luis Arce, l’ex-chancelier, David Choquehuanca, le dernier chancelier, Diego Pary, et le jeune politologue et dirigeant cocaleroAndrónico Rodríguez Ledezma. Dans un dialogue avec le journaliste de CNN, Marcelo Longobardi, Evo Morales affirme que même « sans candidat, nous restons premiers dans les sondages ».

Cependant, pour les anciens fonctionnaires et membres du dernier gouvernement, leur avenir est compromis par le gouvernement de Jeanine Añez. Plusieurs d’entre eux ont fait l’objet d’un examen scrupuleux concernant des cas de corruption. Lorsqu’a éclaté le coup d’état en novembre, le président mexicain, Andrés Manuel López Obrador, a offert l’asile à Morales dans son pays, et aussi à d’autres membres du MAS dans l’ambassade mexicaine de La Paz. Autour du siège diplomatique tournent encore des patrouilles civiles de quartier, les mêmes qui ont participé au coup d’état. 

Avec le régime d’Añez, presque tout le gouvernement de Morales est visé. Arturo Murillo, ministre du gouvernement, affirme « nous avons 600 personnes enquêtées, et c’est peu ». Ainsi, on souhaite trouver des comptes en banque ou des propriétés qui pourraient mener à des nouveaux procès pour les masistes[1]. Un des ministres de Morales, Carlos Romero, a été arrêté. De plus, le procureur bolivien a émis un ordre d’arrestation pour Morales, et le ministre Murillo a annoncé la mise en place d’un ordre de capture internationale pour l’ex-président.

Le 15 janvier, le Tribunal Constitutionnel a étendu la durée du mandat par intérim du gouvernement d’Añez pour qu’il reste en place jusqu’à l’arrivée du nouveau gouvernement qui sera désigné lors des prochaines élections du 3 mai. Mais pour le moment, la présidence de facto du pays andin reste de plus en plus enracinée, et la persécution des anciens membres du régime de gauche s’accentue. Néanmoins, il faudra attendre les élections pour déterminer clairement le futur de la Bolivie.

Nicolás BONILLA CLAVIJO


[1] Appartenant au parti de Morales, MAS