La COP25 vient de s’achever à Madrid et vite il faut préparer la suivante avec l’urgence d’agir pour la planète

Deux membres de notre équipe de rédaction basés en Amérique latine avaient été accrédités pour suivre à Santiago du Chili la COP25 qui, après les manifestations sociales qui touchent le pays, aura finalement lieu à Madrid sur l’accord des Nations Unies. Deux nouveaux membres, accrédités ces derniers jours, ont pu y assister.

Photo : COP25

L’accord, présenté par la ministre chilienne de l’Environnement Carolina Schmidt, a cherché à unir ses forces et son énergie afin de « restaurer » ce que l’on ne sait pas « conserver », comme l’a très bien expliqué le ministre du Costa Rica, Carlos Manuel Rodríguez Echandi : « Pourquoi sommes-nous ici ? Je vais vous le dire en partageant une conversation que j’ai eue il y a quelques années avec mes enfants. Je leur ai demandé ce qu’ils allaient faire dans le futur et ils ont répondu “de la conservation comme toi, papa“. Je leur ai dit : non, vous n’allez pas vous consacrer à la conservation mais à la restauration, car ma génération a peu accompli et c’est la grande tâche qu’ont des générations de futurs professionnels. […] De plus, nous pouvons arrêter la déforestation tropicale demain, mais si nous ne restaurons pas les milliards d’hectares perdus, nous n’atteindrons pas l’objectif de 1,5 (mettre une note pour expliquer : de quoi s’agit-il ??). […] Lorsque nous parlons de conservation et de restauration, qui doivent être faites le plus tôt possible, nous nous demandons tous : combien cela coûte-t-il ? Combien cela va-t-il nous coûter et où est l’argent ? Mais ce n’est pas la bonne question. Pour sûr, la question est de savoir combien cela nous coûtera de ne pas nous adapter et d’être plus résilients au changement climatique. […] Prenons le cas du Costa Rica où nous avons restauré 25 % du territoire national et où nous avons établi 100 % d’énergie renouvelable. Et devinez quoi : pendant que nous menions ces deux actions, l’économie a triplé. […] Cette restauration a été faite avec nos propres ressources, puisque le Costa Rica est le premier pays du monde tropical à avoir instauré une taxe carbone dès 1997 et, depuis lors, nous avons investi environ 500 millions de dollars dans cette restauration. […] De plus, la restauration se fait avec des systèmes relativement peu coûteux, qui comprennent le fonctionnement de la nature, basés sur les meilleures connaissances scientifiques et visant à restaurer les écosystèmes dans une perspective de développement économique ».

Un temps fort de la COP a été la conférence de presse de jeunes militants du monde entier, parmi lesquels se trouvait la déjà célèbre Greta Thunberg. Avec elle, une jeune fille chilienne de 20 ans, Angela Valenzuela, militante de Fridays for future, qui a lu une déclaration passionnante débutant par ces mots : « Les caméras du monde ne regardent pas souvent vers le sud. Et dans le cas du Chili, depuis l’annulation de la COP25 à Santiago, les médias nous ont oubliés. Des millions de personnes sortent pour une vie décente. Ce ne sont pas environ 30 pesos mais 30 ans de gouvernements démocratiques qui n’ont pas réussi à nous protéger et à répondre à nos demandes. » Puis elle a appelé à la protection des droits de l’Homme pour gérer la crise climatique et, en nous montrant l’intérieur de sa main où était peint un œil, elle nous a dit : « le Chili s’est réveillé et le monde se réveille aussi. » Elle a terminé son discours en disant que nos vies ne sont pas négociables et que notre planète n’est pas à vendre.

Ces derniers jours, nous avons assisté à de nombreux événements qui ont lieu parallèlement aux réunions de politiciens et d’autres hauts fonctionnaires. Ils présentent des projets venant de partout dans le monde, de grandes idées qui se proposent de résoudre d’énormes dilemmes, beaucoup d’études, beaucoup de travail, de grandes attentes, bref, tout ce qui nous permet de garder l’espoir que cela est encore possible.

Ensuite, dans les couloirs, les militants nous rappellent que ceux qui ont le pouvoir d’agir restent bloqués. Le marché du carbone demeure un gros obstacle… et les droits de l’Homme, même si cela semble incroyable, en est un autre.

Margarita SAWA