Libération de Teodora Vásquez après avoir accouché d’un enfant mort-né

Après 10 ans de prison pour un avortement, Teodora Vásquez est finalement en liberté et est devenue un symbole et un exemple pour sa poursuite dans la lutte pour les droits de la femme : « Les femmes au Salvador sont condamnées sans preuve ».

Photo : Abortion Rights

C’était la deuxième grossesse de Teodora Vásquez quand elle a commencé à ressentir des douleurs aiguës. Dès qu’elle a appelé les urgences, elle s’est évanouie à l’école où elle travaillait, ayant déjà 9 mois de grossesse. Quand elle en a pris conscience, elle se trouvait entourée par la police. « Pourquoi l’as-tu fait ? » lui a demandé un policier. Elle a été ensuite emmenée dans une chambre sale et obscure du poste de police, où son calvaire allait durer pendant 10 ans.

La Cour suprême du Salvador a pris la décision de commuer la peine de Teodora qui avait été condamnée à 30 ans de prison vue les lois strictes contre l’avortement dans ce pays. Elle a été accusée d’homicide avec circonstances aggravantes, alors qu’elle affirmait toujours avoir accouché d’un bébé mort-né en raison de complications de santé. Les témoignages des deux médecins ont fait que la Cour a conclu qu’il n’y avait pas d’irrégularités dans les preuves médico-légales pour lesquelles elle a été emprisonnée en 2008. D’ailleurs, Amnesty International, l’organisation de défense des droits de l’homme, avait qualifié cette condamnation de « tragédie profonde ». En 2016, l’organisation avait présenté au gouvernement 250 000 signatures pour exiger la libération de Vásquez.

De plus, les Nations unies (l’ONU) avait aussi demandé en novembre dernier de vérifier les cas de femmes qui purgent de longues peines pour avoir provoqué un avortement. On estime à 27 le nombre de femmes actuellement incarcérées de six à trente-cinq ans pour l’interdiction totale de l’avortement.

C’est grâce à sa lutte et son auto-proclamation comme activiste féministe que beaucoup de femmes la soutiennent.« Ce qui m’est arrivée avec mon bébé était imprévu. Malheureusement, c’est la situation que vivent les femmes au Salvador […] la justice s’est emparée de moi, elle ne m’a pas donnée la valeur de la crédibilité, elle m’a imposée une condamnation et c’est ce que l’État fait avec les femmes, en particulier les femmes rurales et des milieux défavorisés »s’exclame-t-elle.

Ayant proposé une réforme pendant le mandat du président du Salvador Sánchez Cerén en 2016, l’interruption de grossesse serait permise dans les cas où la vie de la mère serait en danger ou le résultat d’un viol. Cependant, le projet semble n’avoir pas beaucoup avancé au Congrès. Ainsi, le Salvador reste, avec le Nicaragua, le Honduras, Haïti, le Surinam, Andorre et Malte l’un des rares pays à interdire en toutes circonstances l’avortement.

Andrea RICO