Occuper et résister. Le singulier festival « Le Brésil en Mouvements » à Paris

Occuper et résister. Telle est la teneur donnée au festival Brésil en Mouvements à l’heure où l’Amazonie brûle et les droits des peuples brésiliens reculent. Du 25 au 29 septembre 2019, cinq jours de films documentaires, débats et rencontres, pendant lesquels le festival entend bien porter la voix de la résistance brésilienne face à l’ethnocide et écocide légiféré par le gouvernement de Jair Bolsonaro.

Photo : Brésil en mouvements

En ouverture mercredi 25, le film Chāo de Camila Freitas. Un hymne à l’occupation et la résistance orchestré par des familles d’agriculteurs et des paysans brésiliens, regroupés au sein du Mouvement des Sans Terres (MST), qui bataille pour une réforme agraire et lutte pour vivre de leurs terres.

Le film Auto de Resistência de Natasha Neri et Lula Carvalho diffusé en avant-première jeudi 26, ouvre un débat pleinement d’actualité sur les violences policières opérées au Brésil, juste après la mort d’une fillette de 8 ans, tuée par balle perdue dans une favela de Rio dimanche dernier. Le film est suivi d’un débat en présence d’Assa Traoré et de Marinete da Silva, mère et avocate de Marielle Franco, assassinée en 2018 à Rio, et en l’honneur de qui la ville de Paris a inauguré samedi dernier, un parc dans le 10ème arrondissement. Un mois après le G7 à Biarritz et les feux en Amazonie, perpétués par une déforestation au service de l’agrobusiness international, Marinete da Silva nous rappelle aussi « qu’on ne peut pas continuer de fermer les yeux sur les crimes commis en Amazonie, car nous sommes tous impliqués. ».

Vendredi 27 septembre, les femmes autochtones en lutte sont sous les projecteurs. En partenariat avec Amnesty International, plusieurs courts métrages mettent en lumière le courage de ces femmes. Au travers ce type de rendez-vous, nous pouvons « rendre plus autochtones les écrans. Nous avons besoin de soutien pour dénoncer ce génocide légiféré qui touche tout le monde, car si les indigènes meurent, la terre meurt. Et si elle ne meurt pas d’un conflit de territoires, elle mourra d’intoxication alimentaire. », défend Célia Xakriabá, militante et représentante de l’APIB (Articulation des Peuples Indigènes au Brésil).

Mises en relief samedi 28, les luttes LGTBQI+ se rencontrent autour des films Indianara de Aude Chevalier-Beaumel et Marcelo Barbosa, et Sair do Armario de Marina Pontes. Enfin dimanche, posée au centre, la question « D’où va le Brésil ? », propose un éclairage sur le Brésil depuis l’élection de Jair Bolsonaro, mettant en perspective les atteintes à la démocratie et la montée des résistances.

Au cinéma les 7 Parnassiens à Paris, le festival Brésil en Mouvements organisé par l’association Autres Brésils, choisit d’occuper les écrans pour soutenir la résistance des mouvements sociaux brésiliens à travers une programmation cinématographique plurielle et émancipatrice.

Cécile GATINEAU

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